
Superman Infinite Tome 2 : Superman & The Authority – Urban Comics – 18€
- Scénario : Grant Morrison, Phillip Kennedy Johnson
- Dessin : Mikel Janin, collectif
A la fin du premier tome de Superman Infinite, l’homme d’acier décidait d’assembler une équipe pour l’accompagner dans sa mission de libération de Warworld. Si on la découvrait déjà composée sur la dernière page, ce second tome revient sur sa formation et ses premières missions avant le grand départ. Pour cela, Phillip Kennedy Johnson laisse sa place à l’illustre Grant Morrison.
Le rêve perdu
C’est un tome un peu particulier que nous découvrons ici puisqu’en réalité, il ne s’agit pas de la suite du récit écrit par Phillip Kennedy Johnson. En effet, ce second opus compile en réalité Superman & the Authority, une mini-série signée Morrison et publiée en parallèle du titre principal. Nommée ainsi en référence à l’équipe éponyme créée par Warren Ellis et Bryan Hitch en 1999, on en retrouve deux membres clés avec les amants Midnighter et Apollo, auxquels s’ajoutent d’autres personnages plus ou moins connus. Ne vous inquiétez pas, il n’est heureusement pas requis d’avoir lu quoi que ce soit de cette équipe pour comprendre le récit déroulé ici par Morrison.

Le postulat du récit est simple : les super-héros ont échoué à améliorer le monde et se sont au contraire empêtrés dans des querelles fantaisistes avec des super-vilains. Mourant, Superman constate cet état de fait et décide de mener la mission la plus significative qu’il ait jamais réalisée. S’il a échoué à sauver la Terre, il peut encore sauver Warworld. Le premier numéro est particulièrement intéressant puisqu’il revient aux sources du genre et les promesses qu’il portait alors, celles d’une époque révolue que Superman essaiera de faire revivre en recréant sa propre table ronde constituée de parias. Morrison nous délivre ici un numéro méta-textuellement riche et prometteur.
Promesse non tenue
Malheureusement, le reste de la série ne développera pas bien plus cette promesse. En effet, le but de ce Superman Infinite Tome 2 est davantage d’introduire les différents personnages de cette nouvelle équipe, chacun ayant droit à son petit arc avant d’intégrer les rangs de Superman. Ce n’est pas inintéressant en soi pour peu que l’on adhère aux « délires » de Morrison, mais cela prend bien trop de place dans un récit qui ne compte que 4 numéros et qui promettait davantage.
De plus, jamais on ne nous expliquera vraiment pourquoi le choix se porte sur ces personnages en particulier, ce qui a toutefois le mérite de mettre en avant Superman d’une certaine façon. Comme Phillip Kennedy Johnson le souligne dans son numéro concluant le tome, l’homme d’acier est capable de voir un potentiel de rédemption et d’héroïsme chez les autres, qu’importe leur bord. Son récit permet également d’unifier légèrement cette nouvelle équipe face à une menace qui fera rouler des yeux les détracteurs de Scott Snyder, mais qui peine encore un peu à montrer la pertinence d’une telle composition.

On ressort de cette lecture avec l’impression d’avoir eu affaire à un patchwork tant le récit part dans tous les sens et sans développer son postulat initial. Les liens avec le premier tome sont même assez maigres puisque la dite mission n’est dévoilée qu’au dernier numéro, le récit semblant quelque peu déconnecté du reste. Bien qu’il soit appréciable qu’Urban Comics ait choisi de collecter ces numéros, on ne peut que constater qu’ils ne sont pas indispensables, et même se demander si Morrison n’aurait pas du cultiver son idée dans un récit hors-continuité.
Ce second tome de Superman Infinite plaira sans doute aux fans de Grant Morrison, ici fidèle à lui-même et relativement accessible. Pour ceux qui ne s’intéressent qu’au récit déroulé par Phillip Kennedy Johnson, il sera en revanche plus difficile de trouver son bonheur, mais pas impossible pour autant, notamment grâce à la partie graphique majoritairement signée Mikel Janin/Jordie Bellaire, qui devrait convaincre sans trop de soucis. Mais surtout, on notera la prise de recul sur le parcours de l’homme d’acier, qui est tout à fait appréciable et renforce les enjeux de la saga.