Wonder Woman Infinite tome 1 – Urban Comics – 23€
- Scénario : Becky Cloonan, Michael W. Conrad
- Dessins : Travis Moore, Andy MacDonald, Jill Thompson, Emanuela Lupacchino
Dans les premières sorties Infinite Frontier, Wonder Woman Infinite est un cas un peu à part puisque connaître la fin de Death Metal est utile pour le contexte du point de départ. Néanmoins, le reste du récit va se dérouler sans problème avec quelques grandes qualités, comme nous allons le voir.
Wonder Woman v Thor
Notre Amazone va effectivement se réveiller sans aucun souvenir dans le monde de la mythologie nordique, aux côtés d’une version DC de Thor, Odin et notamment Siegfried pour combattre sans cesse dans le Valhalla. Ce simple changement d’environnement amène un certain plaisir de lecture, mélangeant l’exploration d’Asgard au mystère entourant sa place ici et sa perte de mémoire. Cette découverte est encore plus grisante grâce aux dessins de Travis Moore, que ce soit dans le trait, la construction de la narration et les designs, aidé par une colorisation onirique soignée de la part de Tamra Bonvillain.
Les dialogues sont aussi percutants et on retrouve une Diana héroïque, charismatique et nuancée. La romance qui nous est proposée se fait également plutôt naturellement. Ce voyage dans des terres inconnues aura en tout cas permis à Wonder Woman de se retrouver et comprendre ce qu’elle désire.
Road trip dimensionnel
Ce petit parcours dans le lore des Dieux nordiques n’est cependant que la première partie de l’histoire. La seconde est la poursuite de l’antagoniste principale à travers le multivers et les dimensions parallèles, opportunité pour un changement d’artiste pour certains numéros. On notera surtout Jill Thompson et la coloriste Jordie Bellaire dans un monde au panthéon celtique.
Changer d’univers une à deux fois à chaque numéro offre un côté ludique au récit, mais il faut avouer que c’est aussi superficiel, il n’y a pas de message apporté par chacune des étapes. On est là pour divertir, et on laisse le temps à Travis Moore de finir tranquillement les derniers numéros. C’est dans ceux-là qu’on apprend réellement à comprendre la super-vilaine Janus et son jumeau opposé.
C’est une antagoniste efficace dans le sens où son objectif est plus que louable, mais qu’elle ne le saisit pas complètement, laissant à Diana le rôle de nous offrir le message de ce premier tome sur un joli plateau. Si vous connaissez le mythe de Janus, vous aurez deviné qu’il y a une grosse opposition entre vivre dans le passé et dans le futur, et ici nous avons donc un désir de détruire l’un ou l’autre, entrelacé avec le thème du destin opposé au libre arbitre.
Pour la première fois depuis un long moment, une équipe créative arrive à raconter une histoire sur Wonder Woman de haute volée. Il a fallu déplacer l’Amazone vers un autre panthéon pour se faire, mais ce que proposent les différents scénaristes et dessinateurs de ce premier tome, qui se suffit à lui-même, est d’une belle richesse narrative. Les dessins de certains chapitres sont somptueux et l’aventure de Diana à travers le monde d’Asgard, puis le reste du Multivers est prenant quasiment de bout en bout (avec une partie plus superficielle, mais toujours fun). Elle finit par un affrontement contre une menace qui apporte un discours intéressant et auquel notre héroïne répond parfaitement.