Review VF – Batman : Les adaptations animées

Batman les adaptation animées – Urban Comics – 10€

• Scénario : Kelley Puckett
• Dessins : Mike Parobeck, Joe Statonacchino

Qui ne connait pas Batman ? Ou plutôt, qui ne connait pas la série animée Batman de 1992 ? Voilà une question qui doit être posée avant de lire ce tome Batman: Les adaptations animées. Si vous êtes en 2022 quelqu’un autour de la trentaine, vous avez probablement entendu parler du film Batman : Mask of the Phantasm (1993) et/ou de, dans la moindre mesure, Batman & Mr. Freeze: Subzero (1998). Il se peut même que vous ayez lu ces adaptations en bande dessinées dans les kiosques en parallèle de la sortie des épisodes de la série. Après avoir republié ces dernières années l’intégralité des aventures du Chevalier Noir, Urban Comics décide de s’attaquer aux adaptations de ces deux films dans ce volume relié.

L’ANGE DE LA VENGEANCE VS L’ANGE DE LA MORT

Comme le rappelle également l’éditeur, Batman: Les adaptations animées s’adresse aussi bien aux nostalgiques qu’aux jeunes lecteurs car il s’agit de (re)découvrir la grande époque de Batman du petit écran. La première partie concerne l’histoire du fantôme masqué, un mystérieux individu qui apparait à Gotham et se met à éliminer des parrains de la pègre. De par son apparence et le choix de ses cibles, certains représentants de la ville n’hésitent pas bien longtemps à mettre Batman dans le collimateur. En parallèle, une connaissance de jeunesse de Bruce revient en ville pour régler une vieille affaire familiale. Et c’est en avançant dans son enquête que le justicier constate que ces deux évènements ne sont peut être pas le fruit du hasard, mais pourraient avoir un lien avec son passé.

Sorti à l’époque en parallèle de Batman: Mask of the Phantasm, l’histoire reprend la même trame que le film. Côté positif, il y a une grande fidélité dans la retranscription des scènes, des personnages et des dialogues. Les dessins de Mike Parobeck sont de bonne facture, à l’image de son travail que l’on a pu constater dans les tomes Batman Adventures. Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, elle transporte le lecteur dans le passé d’un Bruce Wayne jeune, qui n’a pas encore complètement plongé dans son serment de justicier vengeur. On peut voir ses failles dans ses choix, mais aussi ses doutes dans la possibilité de s’accorder du bonheur. En soi, Mask of the Phantasm peut être considéré comme les origines de Batman, et donne ainsi un double sens quant au titre de l’œuvre.

Côté négatif, il faut bien l’avouer, le support papier est moins impactant que le film en termes d’émotions car la musique manque tout simplement. En effet, la bande sonore produite par Shirley Walker parvenait à nous immerger entièrement dans les scènes, ce qui contribuait grandement au caractère très cinématographique de l’œuvre (ex: la scène d’ouverture du film entre les grattes ciels, la poursuite de la police, la découverte de la batcave etc…) Puis, parmi les défauts, on peut citer le découpage important des scènes. A croire qu’une case décrit presque une action, on a du mal à voir les transitions, et c’est encore pire lors des scènes d’action (surtout lors du dernier acte). Car malheureusement, il ne vous faudra que quelques dizaines de minutes pour arriver au bout de cette histoire. Nulle doute qu’à l’époque, il devait y avoir des impératifs de calendrier et moins d’exigence pour l’œuvre en elle-même. Loin d’être une mauvaise adaptation, l’ensemble aurait pu être mieux, beaucoup mieux.

LA CHAINE DU FROID EST BRISÉE

A contrario de la première partie qui pouvait se lire avant ou pendant les numéros de Batman Adventures, la seconde peut être considérée comme une conclusion à l’œuvre de Bruce Timm et Paul Dini sur la série de 1992. Initialement commandée pour sortir en même temps que le film de Joel Schumacher, Batman & Robin (1997), sa sortie fut repoussé à 1998. Ce qui lui a permis de ne pas souffrir de la comparaison avec le film. Toutefois, ce décalage pose un problème de continuité avec la nouvelle série Batman, The New Batman Adventures sortie plus tôt, et son épisode intitulé Coup de Froid. Outre ses graphismes, il montre une évolution radicale de Mr Freeze et qui ne peut prendre place qu’après Subzero.

Pour ce qui est de l’histoire, on est encore sur du très bon. Vivant loin de la civilisation, Victor Fries, alias Mr. Freeze, s’est retiré des affaires criminelles pour veiller sur sa femme, Nora. Mais lorsque les circonstances mettent en danger sans état de santé si elle ne reçoit pas rapidement une greffe d’organe, Mr Freeze n’a d’autre choix que de revêtir son armure. Il découvre en faisant des recherches que le donneur idéal est Barbara Gordon, et s’empresse de la kidnapper. Bien sûr, Batman et Robin font rapidement le lien, et se lancent à sa poursuite.

Comme traité maintes fois dans les épisodes TV ou papier, l’histoire reprend le schéma de la rédemption qui échoue. Pourtant, la situation commençait bien pour Victor Fries. On pouvait le voir sans son armure, ce qui renforçait son aspect humain, et l’on nous montrait quelques scènes de son quotidien. Puis le long métrage bascule dans le thriller avec les thématiques du don d’organes et du meurtre passionnel. Encore une fois, Mr Freeze parvient à être émouvant, ce qui donne, prêt à perdre son humanité pour restaurer celui de sa femme.

Tout comme l’adaptation précédente, celle-ci comporte les mêmes défauts et qualités. L’histoire remplit ses objectifs, mais la lecture est très courte. Toutefois, il est intéressant de voir que la caractérisation de Batman est plus mise en retrait, pour le réduire au simple justicier, et met plus l’accent sur d’autres personnages tels que Freeze, le Dr. Gregory ou bien le début de relation entre Dick Grayson et Barbara.

Batman: Les adaptations animées est un petit bijou de lecture qui approfondit avec brio les personnages de la série animée développée par Bruce Timm et Paul Dini. Le scénariste Kelley Puckett, ainsi que les dessinateurs Mike Parobeck et Joe Staton, ont tenu à bien retranscrire la force des films, et ce malgré les limites du support. Des thématiques intéressantes, des séquences fortes et des personnages vivants au- délà de leur nature de dessin animé. Que demander de plus ?