Review VF – Batman Infinite Tome 1 : Lâches par essence

C’est parti pour le début de l’ère DC Inifinite (ou Infinite Frontier pour les lecteurs VO). Urban Comics nous étaye d’une nouvelle numérotation de son catalogue de titres. Aujourd’hui et sans plus attendre, voici le premier tome de Batman Infinite, écrit par James Tynion IV, et dessiné intégralement par Jorge Jimenez. L’intrigue prend place dans une Gotham qui tente de sortir la tête de l’eau suite aux évènements de Batman Joker War qui était aussi écrit par le même auteur. Au programme de la lecture: l’application d’une chasse aux héros masqués et le retour de l’Épouvantail.

REBOOT OU RELAUNCH ? COMMENT SITUER BATMAN INFINITE?

Si vous vous référez au lexique du site DCPlanet, reboot et relaunch sont des termes qui peuvent chacun justifier la numérotation à partir d’un tome 1. De plus, grâce aux informations collectées et synthétisées dans l’article « Qu’est-ce que Infinite Frontier (DC Infinite)? » , on apprend que DC Infinite n’est pas un reboot de Batman car on ne s’affranchit pas des évènements passés. D’ailleurs, le volume contient les numéros #106 à 111, ce qui fait que, techniquement, Batman Infinite est dans la continuité directe de Batman Rebirth, de Batman Joker War, mais également de Batman Detective.

Cependant, il est tout à fait possible de débuter avec ce premier tome pour peu qu’on lise la préface et qu’on accepte le statu quo des personnages. Oui, vous risquez de vous faire spoiler, mais comme on le dit, il faut bien se lancer un jour quelque part.

BIENVENUE À NEO-GOTHAM

Comme cité ci-dessus, l’intrigue hérite des conséquences des séries précédentes. Les autorités de la ville ont perdu confiance en Batman, et l’élection du nouveau maire n’a rien arrangé car il a entrepris une politique contre tous les justiciers masqués. L’ambiance de départ est intéressante car elle change le statu quo de Batman en le limitant dans ses moyens et ses relations. Terminé les gadgets derniers cris, les équipements avec options intégrales, et les enquêtes auprès de la police. Le Chevalier Noir doit mettre à jour sa manière d’enquêter et d’agir.

Gotham semble aussi avoir beaucoup changé de par son ambiance et son esthétique. En effet, à l’image de la nouvelle équipe créative, la ville se veut plus moderne que jamais et n’hésite pas à tendre dans le registre cyber punk. Le transhumanisme, l’hybridation génétique et l’avancé technologique se croiseront tout au long de la lecture du tome. D’ailleurs le scénario s’inspire beaucoup de celui du premier film Robocop réalisé par Paul Verhoeven avec cette façon d’explorer la réalité et la société contemporaine.

La colorisation joue également un rôle non négligeable pour se rapprocher de la représentation futuriste de la ville de Tokyo vue dans le manga, les animés, films ou jeux vidéos. Overdose de lumière et de néons, transport aérien ou drone de surveillance, une fois de plus Batman Infinite montre qu’il s’éloigne du style néogothique ou urbain mis en avant respectivement dans les anciens runs par Scott Snyder (Batman DC Renaissance) et Tom King (Batman Rebirth).

LE NOUVEAU VISAGE DE LA BATFAMILY

Batman n’a pas perdu que sa fortune et son foyer, mais également son Robin. Damian Wayne ayant pris de la distance, c’est sur le support de Ghost Maker et de Harley Quinn qu’il faut désormais compter. Si le premier manque clairement d’empathie et de contact social, il compense ceci par sa grande dextérité et ses techniques de combat. La compétence au profit de la compassion en somme. Quant à Harley Quinn, on ne la présente plus après ses nombreuses apparitions. L’ex-psychiatre est ici le visage de la décomplexité et de l’optimisme. C’est une équipe dont les membres sont très différents entre eux, mais le mélange semble fonctionner pour l’instant. On attend de voir comment cela va évoluer.

Enfin, quelques petits mots consacrés aux antagonistes. Tout d’abord l’Epouvantail et son nouveau look qui fait très jeux-vidéo. Annoncé comme le vilain principal, il brille plus par son aura déshumanisée que sa présence, telle une épée de Damoclès s’apprêtant à frapper Gotham. On y croisera également la route d’anarchistes et d’un corporatiste souhaitant développer (et surement vendre) son armée privée de pacificateurs. L’arc narratif étant en deux tomes, il sera plus question dans ce premier tome d’exposition et de présentation des motivations de chaque camp. Mais le scénariste James Tynion IV semble avoir une idée bien préparée en tête, et donne envie de lire la suite.

James Tynion IV signe avec ce Batman Infinite une nouvelle porte d’entrée pour le Chevalier Noir dans un univers aux multiples possibilités. Il fait table rase des évènements passés, mais ne les oublie pas pour autant. De plus, ce tome est entièrement dessiné par Jorge Jimenez, tout comme le seront les prochains numéros. Ce qui donne un style très dynamique, très esthétique, pour un rendu final de très bonne qualité. Dans l’ensemble le tome ne révolutionne rien pour l’instant, mais il réussit à être suffisamment divertissant pour nous donner l’envie de lire la suite.