Review VF – Future State : Batman tomes 1 et 2

Après Superman et Justice League, il est temps de se pencher sur les deux tomes de Future State : Batman, qui ont l’avantage d’avoir des numéros qui se déroulent tous dans le même futur alternatif de 2025 (sauf Dark Detective, qui se passe quelques années plus tard) où l’organisation anti-justicier nommée le Magistrat impose un règne de terreur à Gotham. À 35€ le tome, voyons si cette lecture vaut le coup ou sert au moins pour la suite.

Future State : The Next Batman

La partie qui attirera le plus l’attention est l’introduction de ce nouveau porteur du costume de Batman, alors que Bruce Wayne est déclaré mort par le Magistrat. On découvre un héros plus faillible mais aussi plus humain que son prédécesseur. Le scénariste John Ridley en fait un Batman plus sensible aux problèmes sociaux, avec moins de ressources et qui doute beaucoup plus. Il n’a pas l’entraînement de Bruce, mais il n’a pas le même traumatisme non plus.

C’est aussi la série qui sert à nous présenter la Gotham futuriste qui est devenu très cyber punk en quatre ans. Ridley place des pions qui serviront à James Tynion IV et son titre Batman à la suite de Joker War. On nous apprend à redouter la milice du Magistrat et son leader Peacekeeper-01, on nous montre qu’il existe une résistance et que la famille Fox reste importante depuis que Lucius a reçu la fortune des Wayne. Bref, une partie intéressante pour la découverte du Next Batman et du Magistrat, qui n’a malheureusement pas son artiste star Nick Derington tout du long.

Le reste du tome est plutôt mitigé. On a une aventure entre Batman et Superman très bien dessinée par Ben Oliver et plutôt divertissante, le scénariste Gene Luen Yang étant doué quand il s’agit d’écrire un bon Superman. La Harley Quinn de Stephanie Phillips est moins clownesque et plus profonde que ce qu’a pu être le personnage il y a encore quelques années sous Amanda Conner et Jimmy Palmiotti. Le récit Robin Eternal autour de Tim Drake est par contre médiocre, avec un travail bâclé de la part du dessinateur Eddy Barrows, capable de beaucoup mieux.

Dark Detective

Le second tome reprend le même schéma. Deux courtes histoires, l’une sur la nouvelle Arkham Knight et l’autre sur Grifter, sont très anecdotiques. Encore une fois, il s’agit juste de placer quelques idées pour de futurs récits, mais rien de nécessaire à leur compréhension. La partie Red Hood se démarque déjà plus avec un style graphique bien à part. Giannis Milonogiannis se rapproche du manga avec un dynamisme particulier dans le découpage pour suivre ce personnage qui a un avenir inattendu. Ce chapitre est très simple, mais intrigant, sachant qu’il amènera à l’une des seules vraies suites de cet univers dans son propre titre, dont Urban n’a pas encore annoncé la publication en VF.

Les fans de Nightwing seront peut-être satisfaits de la partie le concernant. Le récit est plutôt divertissant avec la rencontre entre Dick et le nouveau Batman pour une version originale du Dynamic Duo. C’est aussi l’occasion de mettre en avant la résistance au Magistrat et ce que deviennent les autres héros de Gotham sous ce régime despotique.

Catwoman a aussi droit à ses deux chapitres, écrits par Ram V comme sur l’excellente série principale de Selina, et dessinés par Otto Schmidt (Green Arrow). On y voit le casse d’un train de haute volée, les dessins sont très bons et la narration est captivante, il s’agit là d’une des grandes réussites de ce Future State. En plus, elle va de paire avec le gros morceau de ce deuxième tome, la partie Dark Detective.

Dan Mora est un artiste bourré de talent, et il signe ici la meilleure partie graphique de ces deux tomes. Ses pages sont très dynamiques et les couleurs de Jordie Bellaire ajoutent cet aspect futriste cyber punk aux décors de Gotham que l’on a l’habitude de voir. Mariko Tamaki se charge du scénario où on suit Bruce Wayne, tentant de réchapper à ses poursuivants. On suit avec plaisir notre héros préféré livré à lui-même, obligé de se débrouiller avec les moyens du bord pour échapper à une milice omniprésente grâce à leur technologie de surveillance de pointe. De plus, il y a une vraie opposition avec Peacekeeper-01, le bras armé du Magistrat, qui possède un charisme immédiat et donne envie d’en voir plus.

Ce Future State : Batman souffre de l’inégalité de ses chapitres, passant de la belle découverte au très anecdotique trop rapidement. Mis à part l’exercice qui attire la curiosité, le tout sert surtout à vous chauffer pour la suite du run de James Tynion IV sur Batman, qui touchera vite les autres (et nombreuses) séries du Batverse. Vous pourrez lire Infinite Frontier avec quelques acquis d’avance, mais rien d’indispensable pour vous y plonger. C’est une autre histoire si Urban se décide à publier la suite de l’histoire du nouveau Batman ou de Red Hood, qui restent dans la continuité de Future State et non la principale. Pour 35€, ça fait donc un peu cher le tome où une maigre moitié vous marquera.