Il y a peu, DC Comics a créé DC Horror, son label spécialisé dans les œuvres horrifiques. Mais c’est loin d’être la première fois que l’éditeur publie des histoires d’épouvante. Alors que la nuit tombe et que les ombres commencent à grandir, en ce 31 octobre, jour d’Halloween, il est temps d’évoquer ces récits qui nous ont fait frissonner autant que vibrer. Que ce soient des œuvres classiques ou d’autres beaucoup plus méconnues, entrez avec nous dans le monde merveilleux de l’effroi…
The Swamp Thing de Alan Moore et Steve Bissette
Le Swamp Thing d’Alan Moore est beaucoup de choses, mais une chose est claire, la première partie de son run est une perle horrifique. Qu’y a-t-il de plus terrifiant que de découvrir que sa propre identité n’est qu’un mensonge ? Que celui qu’on aime n’est plus lui-même ?
Swamp Thing ce sont tous ces thèmes, mais c’est aussi une ambiance incroyable créée par les dessins de Steve Bissette. Swamp Thing c’est de l’horreur intelligente, mais pas que. Et c’est sans aucun doute la raison pour laquelle ce run est toujours aussi passionnant.
Lisez Swamp Thing.
Claygan
Deadman: Dark Mansion of Forbidden Love de Sarah Vaughn et Lan Medina
Tel un Superman du monde des morts, Deadman se voit attiré par un cri de détresse provenant du manoir de Glencourt. Il en devient prisonnier et y fait la rencontre d’une jeune femme assassinée il y a des siècles et piégée elle-aussi, ainsi que de Berenice, l’autre protagoniste avec qui il partage la narration et qui a le don de voir les fantômes. Ensemble, ils tenteront de percer le mystère ténébreux qui plane sur le domaine et empêche les morts de s’en échapper. Nul besoin de connaître Deadman pour savourer cette mini-série en trois numéros, l’essentiel est évoqué et, tel un récit de détective, il ne s’agit pas de son histoire. Celle-ci le mènera tout de même à l’introspection et au questionnement de sa nature. Le récit est certes classique et ne réinvente pas le genre, mais il se suit avec plaisir grâce à son style gothique et son visuel envoutant.
Mocassin
Face de Peter Milligan et Duncan Fegredo
En 1995, le label Vertigo était encore assez jeune, malgré des prémices glorieuses dans toute la nébuleuse éditée Karen Berger, ce temps glorieux où la mention « Suggested for mature readers » était suffisante pour savoir que nous aurions sous les mains un récit sublime, souvent d’inspiration littéraire, aux accents régulièrement horrifiques. En 1995, Vertigo lance un ensemble de one-shots en creator-owned, écrits par leurs auteurs phares (comme Grant Morrison ou Jamie Delano). C’est dans ce cadre que Face voit le jour, porté par le duo britannique Peter Milligan et Duncan Fegredo, tandem qui a porté deux ans plus tôt l’excellent Enigma aux tout début de Vertigo (que vous avez l’obligation de lire si vous voulez mon respect — non, je rigole… peut-être).
De quoi ça parle ? D’un jeune chirurgien plastique ambitieux qui rêve de gloire, et risque bien de l’obtenir en se voyant confié le ravalement de façade de l’un des plus grands artistes du 20è siècle, reclus depuis des décennies. Ici, pas d’éléments fantastiques ou surnaturels. Mais le sentiment horrifique reste partout dans cette histoire macabre, où dès la première page, le sang gicle sur fond de visage arraché. Plus largement, le récit se construit comme une descente aux enfers psychologique et physique, parfois répulsive et dérangeante. Animé par une réflexion sur l’art, la post-modernité, les faux-semblants et un référentiel appuyé, Face est typique de ces récits fantastiques du début des années 90 où le style horrifique se donnait l’ambition de tutoyer l’Art avec un grand A pour tenter de créer du grandiose. Bien que Face n’y parvienne pas tout à fait, il reste un superbe récit horrifique méconnu, de grande qualité.
Myplasticbus
Batman – Le Culte de Jim Starlin et Bernie Wrightson
Jim Starlin, Bernie Wrightson. Un scénariste au top de sa forme accompagné par l’un des plus grands artistes horrifiques des comics, et pour éviter son évident Swamp Thing, voilà un récit qui plaira à ceux qui aiment l’horreur psychologique, les histoires de cultes religieux et bien sûr les histoires de Batman.
Deacon Blackfire est un prétendu shaman qui a formé une secte remplie de renégats et de sans-abris à Gotham. Il chasse les criminels de bas étage des rues de la ville pour les exécuter ou s’en faire des adeptes en leur lavant le cerveau de ses sermons. Batman finit par se faire capturer par Blackfire et tente alors de lutter contre la folie de ce culte et les visions d’horreur qu’il imagine. Plongeant dans les coins les plus tordus de l’esprit de Batman, ce récit troublant possède une ambiance inégalée en plus d’une histoire sordide très prenante. Un grand classique du Chevalier Noir un peu trop souvent mis de côté.
Sledgy7
Deadman de Doug Moench et Kelley Jones
C’est le comics d’Halloween par excellence. Deadman profite d’un univers macabre et onirique, jusqu’ici trop souvent influencé par le monde super-héroique. Les deux auteurs phares des 90s se sont attaqués à une réinterprétation du personnage. Deadman est mort, et il doit en subir l’état physique. Squelettique, rachitique et sous le joug du style caricatural de Kelley Jones, Deadman subit une transformation marquante. Il passe du héros fantomatique au cauchemar invisible. Sous cette forme ignoble que seul Kelley Jones peut réussir à dessiner, Doug Moench propose une histoire d’amour. Comment l’amour peut-il dépasser notre condition physique ? Comment peut-on aimer ce monstre romantique ? Je vous laisse le découvrir…
Watchful
The Low, Low Woods de Carmen Maria Machado et Dani
Imaginez une ville paisible, perdue dans les bois de l’Amérique profonde. Une ville où les habitant vivent tout à fait normalement, paisiblement. Mais au fur et à mesure qu’on assiste à ces scènes de vie, on comprend que quelque chose ne va pas, que chaque habitant de Shudder-To-Think cache au fond de lui un lourd fardeau, un horrible secret. The Low, Low Woods c’est l’histoire de deux jeunes amies confrontées à la vie, qui vont tenter de comprendre les mystères qui entourent leur ville et qui vont être confrontées à cette réalité, si horrible qu’elle ne peut sembler que fantastique.
Carmen Maria Machado écrit ici une histoire passionnante. Le message de fond est poignant, les dialogues sont percutants et tout dans la narration est important. A travers cette histoire, elle nous fait voir une réalité violente. Un monde intolérant, oppressant, où les tabous sont omniprésents.
The Low, Low Woods raconte aussi une amitié profonde, une quête de vérité et d’espoir dans un monde fantastique, peuplé de créatures aussi inquiétantes que fascinantes. C’est un comics qui m’a marqué plus que n’importe quel autre et qui restera dans ma mémoire pour toujours.
Justafrogg
Nous espérons que cette sélection vous plaira et vous fera frissonner… N’hésitez pas à partager vous aussi, dans les commentaires, vos récits horrifiques préférés.
Joyeux Halloween à tous !