Alors que s’est conclue il y a quelques mois l’ère Rebirth de DC Comics, il est temps de faire le bilan. Initié en 2016 avec le one-shot DC Universe Rebirth de Geoff Johns, ce relaunch avait pour but de revenir aux valeurs essentielles de l’éditeur et de ramener le lectorat qui avait fui les New 52. Si l’importance du plan scénaristique de Johns se perdit au fil du temps, la mission qu’il avait initiée suivit son cours à travers l’œuvre de Scott Snyder, dont l’évènement Death Metal marqua la fin définitive de cette période Rebirth pour laisser la place à Infinite Frontier.
Concrètement, que faut-il retenir de Rebirth ? C’est cette question à laquelle l’équipe de DC Planet a tenté de répondre en sélectionnant ses titres favoris publiés entre mai 2016 (DC Universe Rebirth #1) et janvier 2021 (Death Metal #7) et s’inscrivant dans la continuité (les titres du Black Label sont donc inéligibles). En sont ressortis 11 titres que nous ne saurons que vous conseiller. Les voici !
Superman’s Pal Jimmy Olsen
Scénario : Matt Fraction
Dessins : Steve Lieber
Si le travail de Brian Bendis chez DC Comics n’a pas vraiment convaincu, on peut au moins lui être reconnaissant d’avoir apporté dans ses valises un certain Matt Fraction. Déjà connu notamment pour avoir fait des merveilles avec Hawkeye, l’auteur s’attaque ici à… Jimmy Olsen. Au cours de cette maxi-série de 12 numéros, on suit l’éternel jeune reporter dans une enquête sur son propre meurtre, ce qui n’est au final qu’un prétexte pour lui faire vivre un nombre incroyable de péripéties. Fraction parvient ici à concilier toutes les facettes du héros à travers un récit ingénieusement structuré, délicieusement absurde et incroyablement riche. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à le penser puisque que le titre a été élu meilleure série limitée et meilleure publication humoristique aux Eisner Awards !
Doom Patrol
Contient : Doom Patrol #1-12 + Weight of the Worlds #1-7
Scénario : Gerard Way, Jeremy Lambert
Dessins : Nick Derington, Becky Cloonan, James Harvey
C’est en 2016 qu’est arrivé le label Young Animal et son lot de titres expérimentaux, supervisé par l’artiste pluridisciplinaire Gerard Way, chanteur du groupe My Chemical Romance et scénariste du renommé The Umbrella Academy entre autres. On y retrouve donc le titre Doom Patrol, scénarisé par Way et dessiné par le talentueux Nick Derington.
On y fait la connaissance de Casey Brinke, personnage original du run, qui essaye de mener une vie normale dans un monde qui semble enclin à mettre beaucoup d’obstacles sur sa route. Et la première chose à dire, c’est que les idées de l’auteur ne s’épuisent jamais. En piochant à la fois dans son imaginaire et dans l’Histoire de l’équipe, il réinvente les personnages principaux de la Doom Patrol en leur donnant une aura psychédélique et mystique très forte.
Très loin des comics auxquels nous somme habitués, Doom Patrol ne prend jamais le lecteur par la main pour expliquer ses tenants et ses aboutissants. On se retrouve plongé, immergé dans un monde que l’on ne comprend pas. Un monde abstrait où tout est possible. Comme Casey, on se perd dans ces pages où tout peut arriver. Et pourtant, si on prend la peine de lâcher prise, si on se laisse happer par cette atmosphère mystérieuse, haute en couleur, chaque élément fait sens. Et plus encore, chaque élément porte un message sur notre vie à tous. Le changement, le passage à l’âge adulte, les croyances, la société de consommation… Gerard Way nous livre ici un concentré de vie pétillante, explosive, faîtes de tous petits riens aux conséquences cataclysmiques.
Doom Patrol est un chef d’œuvre qu’on ne peut oublier. C’est un rêve où toute la banalité du quotidien peut devenir extraordinaire. Laissez-vous emporter.
Justafrogg
Detective Comics par James Tynion IV
Contient : Detective Comics #934-981 + Annual #1
Scénario : James Tynion IV
Dessins : Eddy Barrows, Alvaro Martinez
Reviews : Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6
Pour la reprise du titre historique Detective Comics, c’est un disciple de Scott Snyder qui se voit confier les rênes : James Tynion IV. Si cette annonce est loin d’emballer les fans, l’auteur renverse très rapidement la tendance. La raison ? Sous sa plume, Detective Comics n’est pas un simple second titre Batman, mais un récit d’équipe où le Chevalier Noir ne joue que le rôle de mentor. Au sein de l’équipe on retrouve des alliés tels que Stephanie Brown, Cassandra Cain, Kate Kane, Tim Drake, Luke Fox, Jean-Paul Valley ou encore Basil Karlo. Un casting diversifié où personne ne fait figuration : chaque membre a droit à son propre développement construit en synergie avec le reste de l’équipe. La Bat-Family signe ici un retour fracassant tant elle a rarement été aussi bien mise en valeur, et fait de Tynion IV une nouvelle référence chez l’éditeur.
The Green Lantern
Contient : Season One #1-12 + Season Two #1-12
Scénario : Grant Morrison
Dessins : Liam Sharp
Quand Grant Morrison arrive avec Liam Sharp sur Green Lantern, tout le monde a crié au génie avant que le premier numéro soit sorti, et on avait raison. Dans ces deux maxi-séries et une mini, vous suivrez Hal Jordan dans des aventures à la fois procédurales et ésotériques, les confins de l’espace étant remplis de concepts dont Morrison a le secret. Les histoires ne se suivent pas de prime abord et vous perdent même, mais Morrison finit par créer quelque chose de plus grand, en parlant de divers sujets de société, taclant même ses collègues de Death Metal et toujours accompagné d’un Liam Sharp grandiose, arrivant à capter et adapter l’imaginaire de son scénariste au sien. Une petite merveille.
Sledgy
Wonder Woman par Greg Rucka
Contient : Wonder Woman #1-25 + Annual #1
Scénario : Greg Rucka
Dessins : Liam Sharp, Nicolas Scott
Reviews : Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4
Quand DC annonce que Greg Rucka reviendra écrire sur Wonder Woman, c’est l’euphorie parmi les fans. Mieux encore, ce n’est pas un seul récit que l’auteur nous propose mais deux où s’entremêlent le présent et le passé, qui met en avant une nouvelle version des débuts de l’héroïne. Le titre se démarque également de par son postulat : et si la période New 52 du personnage était un mensonge ? Après une version très guerrière, l’auteur entreprend ainsi un retour aux valeurs primordiales de Diana : l’Amour et la Vérité, et prouve qu’il n’a rien perdu de son talent. Accompagné de dessinateur.rice.s aussi talentueux et différents que Liam Sharp et Nicola Scott, il nous livre un run s’imposant très rapidement comme un nouveau classique.
Mister Miracle
Scénario : Tom King
Dessins : Mitch Gerads
Que pouvons-nous encore dire sur Mister Miracle qui n’a pas déjà été dit ? Son palmarès parle déjà de lui-même : meilleur dessinateur, meilleur scénariste et meilleure mini-série aux Eisner Awards 2019, accompagné d’un succès critique considérable et d’un vaste public. À travers ses 12 numéros, la série s’approprie l’héritage de Jack Kirby tout en l’emmenant dans une direction différente, profondément personnelle et psychologique.
Tom King et Mitch Gerads montrent un être face à l’abime, prêt à s’échapper d’une réalité faite de démons omniprésents. Darkseid is, nous le savons désormais bien. Battu, à terre, le héros apprend à se relever encore et encore, porté par son sens du devoir et l’amour des siens. Derrière le décorum du Quatrième monde, Mister Miracle se révèle comme un récit de guérison, qui a su parler au cœur de toutes celles et tout ceux qui sont un jour passé par l’épreuve profonde de l’ébranlement intérieur. L’équipe créative est parvenu à travers une simple mini-série à retranscrire l’angoisse d’une époque de manière très authentique, entre l’épique à la King Jack et le terre-à-terre du quotidien. Un joli coup de maître.
Myplasticbus
Super Sons
Contient : Super Sons #1-16 + Annual #1
Scénario : Peter J. Tomasi
Dessins : Jorge Jiménez, Carlo Barberi
Reviews : Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4
Plus de titre Batman/Superman pour cette période Rebirth, mais à la place un titre se concentrant sur leur progéniture respective : Super Sons. Introduit dans les pages de Superman, le titre se voit tout logiquement écrit par le même auteur, Peter Tomasi, qui connaît Jon Kent et Damian Wayne comme ses propres fils.
Si à ses côtés on retrouve plusieurs dessinateurs, c’est surtout la performance de Jorge Jiménez qui retiendra tant il se prête idéalement à la tonalité du récit : fun, dynamique et feel-good. Voir l’innocent Superboy et l’arrogant Robin se retrouver à devoir travailler ensemble est aussi drôle que touchant, l’amitié qu’ils forgent au fil des numéros n’en étant que plus sincère et mémorable. Si le run a du prendre fin au bout de seize numéros, Tomasi n’a néanmoins pas lâché l’affaire puisqu’il a par la suite proposé deux autres maxi-séries les mettant en scène : Adventures of the Super Sons et Challenge of the Super Sons.
Batman par Tom King
Contient : Batman #1-85 + Annual #1-4
Scénario : Tom King
Dessins : David Finch, Mikel Janin, Tony S. Daniel, Lee Weeks, Joëlle Jones, Mitch Gerads…
Reviews : Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6, Tome 7, Tome 8, Tome 9, Tome 10, Tome 11, Tome 12, A la vie à la mort
Succédant au run décrié de Scott Snyder, Tom King prit le titre de Batman au numéro #1 en 2016 pour nous offrir l’un des run les plus longs du Rebirth mais aussi sur le Chevalier Noir. En France, la série proposée par Urban Comics s’est déclinée sur près de 13 tomes. Introduisant de nouveaux personnages durables et développant la mise en chantier du mariage avec Catwoman, King nous aura fait passer par toutes les émotions jusqu’à sa fatidique conclusion. Épique, émouvant, le titre réussit à conserver un grand degré de qualité malgré quelques égarements scénaristiques.
De plus, il est impossible de ne pas évoquer le travail des artistes qui se sont succédés pour fournir régulièrement deux chapitres par mois et ce, pendant près de 4 ans. Que ce soit David Fynch, Tony S. Daniel, Joëlle Jones, Lee Weeks, Mitch Gerads, Jorge Fornes, Clay Mann ou encore la grande révélation de Mikel Janin, le mélange des styles n’a jamais perturbé la cohérence du scénario. Bravo à Tom King pour nous avoir offert une lecture qui a rarement laissé indifférent.
Fishtalker
Aquaman par Dan Abnett
Contient : Aquaman #1-38 + Mera: Queen of Atlantis #1-6
Scénario : Dan Abnett
Dessins : Brad Walker, Phillipe Briones, Stjepan Sejic, Riccardo Federici
Reviews : Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4
Pas de grand changement pour Aquaman puisque c’est Dan Abnett, déjà sur le titre depuis quelques numéros, qui continue d’assurer le scénario. Sous sa plume, c’est un tournant très géopolitique que prend le titre puisqu’il choisit d’explorer les liens difficiles existant entre la Surface et Atlantis. Alors qu’Arthur tente de son mieux de créer un pont entre ses deux mondes, il doit faire face à de nombreux obstacles rendant intelligemment compte de la complexité du monde dans lequel il évolue. Abnett n’en oublie pas pour autant l’action que mérite un tel héros, ainsi que sa partenaire Mera qui tient ici un rôle tout aussi important, au point d’avoir droit à sa propre mini-série. On tient ici l’un des meilleurs run jamais écrit sur le titre.
Deathstroke
Contient : Deathstroke #1-50 + Annual #1
Scénario : Christopher Priest
Dessins : Carlo Pagulayan, Joe Bennett, Diogenes Neves
Reviews : Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6
Après une mission ayant remis en question sa manière de travailler, Deathstroke voit son monde s’écrouler. Il n’est plus question de contrat. Slade voit se mélanger sa vie professionnelle et sa famille. Ayant sacrifié l’une pour l’autre, Slade verrait-il en lui s’éveiller soudainement un cas de conscience ? Le monstre au cœur froid peut-il ressentir des regrets quand tous ceux à qui il a tourné le dos font de même aujourd’hui ? A travers un éventail d’intrigues, Christopher Priest (Black Panther, Justice League) livre le meilleur titre solo de Deathstroke, révélant par ailleurs tout le talent du dessinateur Carlo Pagulayan.
Watchful
Superman par Peter Tomasi
Contient : Superman #1-45 + Annual #1
Scénario : Peter J. Tomasi
Dessins : Patrick Gleason
Reviews : Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6
Pour le redémarrage du titre Superman, DC remercie la version New 52 du personnage et le remplace par son prédécesseur, ramené par l’auteur Dan Jurgens dans la mini-série Lois & Clark. Désormais parents d’un jeune garçon nommé Jon, c’est à Peter Tomasi et Patrick Gleason qu’on fait appel pour développer cette nouvelle dynamique familiale, eux qui ont déjà fait des merveilles sur Batman & Robin lors des New 52. En résulte un titre ultra feel-good où l’on retrouve un Superman plus classique mais faisant face à un nouveau défi, celui de la paternité. L’occasion de remettre en avant les valeurs fondamentales du couple iconique et d’écrire l’avenir d’un DCU positif et lumineux.
Si nous n’avons mis ici en avant « que » onze titres, qui se sont montrés les plus cités au sein de notre équipe, la période Rebirth regorge de bien plus de récits qui méritent qu’on s’y intéresse. Maintenant, c’est à votre tour de partager vos titres préférés en commentaire !
Pour le principe, j’aurais mis aussi Doomsday Clock, pierre angulaire de tout rebirth.
Si ça ne tenait qu’à moi, il aurait facilement figuré dans la liste ^^
[…] chez Marvel, celui-ci crée alors une impulsion qui permettra aux “seconds-rôles” comme Jimmy Olsen ou Loïs Lane de devenir les stars de leur propre maxi-série. Greg Rucka et Mike Perkins se […]