Bienvenue pour les Highlights revenant sur les sorties VO de DC du 31 août. Puisqu’il s’agit d’une cinquième semaine, nous avons les annuals habituels par exemple, quelques numéros en retard, mais aussi le premier one-shot de l’event Fear State qui touchera tout l’univers de Batman.
LES COUPS DE CŒUR
Batman/Superman Annual 2021 #1
Scénario : Gene Luen Yang
Dessins : Francesco Francavilla, Paul Pelletier
Grâce à cet annual, nous avons droit à une nouvelle histoire autour des personnages de l’Archive d’Observer.io, ce Batman et Superman que nous suivons depuis le début du run de Gene Luen Yang. Et encore une fois, c’est formidable. J’aimerais une série régulière autour de ces deux personnages et leur collaboration, tant la réinvention des univers est exceptionnelle sous la plume de Gene Luen Yang. Malheureusement, nous n’aurons pas le droit d’avoir cette série, vu que DC a décidé d’annuler Batman/Superman, à notre plus grand regret.
Les deux dessinateurs font un travail formidable et complémentaire, entre un Francavilla parfait sur l’histoire de Superman et Pelletier sur celle de Batman. Le décalage entre sombre et lumineux fonctionne ici très bien, sortant les deux héros de leurs environnements classiques pour mieux les mettre en valeurs dans ce qu’ils représentent. Luen Yang utilise une approche légèrement caricaturale sur les héros, mais jamais gênante au vu du contexte qu’il met en place, très inspiré par l’esprit Silver age qu’il a mis en place sur cet univers.
Les deux histoires parallèles de cet annual sont fantastiques, divertissantes, touchantes, remplies d’action et de juvénilité, et elles raviront notamment un jeune public. Cet univers pourrait tout à fait être décliné en série animée. On regrettera amèrement l’arrêt de la série après le #22, et Gene Luen Yang nous manquera…
– myplasticbus
LES VALEURS SURES
Infinite Frontier #5
Scénario : Joshua Williamson
Dessins : Paul Pelletier, Jesus Merino, Tom Derenick
Alors qu’on s’approche de la conclusion, l’event estival de DC passe la cinquième pour accélérer le rythme, l’intensité de l’action et la dimension épique de son récit. On reste séduit par l’univers mis en place par Williamson, qui retombe néanmoins dans les travers d’écriture qu’on lui connaît et dont il semblait débarrassé : beaucoup d’exposition, une écriture floue dans l’action, un rythme qui s’emballe et des personnages qui perdent une part de leur personnalité et de leur substance.
Néanmoins, l’épisode reste rempli de qualités, malgré l’écriture de Williamson. En premier lieu, les jeux de références à l’histoire de DC, que les néophytes ne comprendront peut-être pas toujours, mais qui feront plaisir à ceux qui ont suivi les différentes Crisis de l’éditeur (notamment la pique de Power Girl à Psycho Pirate, qui ravit le fan d’Infinite Crisis que je suis). Le numéro contient également quelques très beaux moments d’émotion, surtout autour de Roy Harper, dont la caractérisation et le destin sont très touchants. Au niveau du dessin, les styles des dessinateurs se marient plus ou moins bien, même si certaines planches sont clairement en-deçà de ce qu’on pourrait attendre. Rien qui ne choque aux yeux et dérange foncièrement, cependant.
À la lecture de ce numéro, je me suis fais la réflexion que Williamson se rêvait sans doute un peu en nouveau Geoff Johns pour DC. Un peu de la même manière que Snyder essayait de singer Morrison sur Metal premier du nom ou Justice League, on a l’impression que Williamson essaie d’incarner le même type d’écriture que le scénariste de Detroit, remplie d’hommages à la continuité de l’éditeur et de personnages forts, portée par de gros enjeux à la fois épiques et humains. Lorsque Williamson donne le meilleur de lui-même et se discipline, il s’approche du maître. Ici, malheureusement, il retombe dans ses travers et passe en dessous. Mais espérons le meilleur pour la conclusion et la suite de cette saga !
– myplasticbus
Batman : Fear State Alpha #1
Scénario : James Tynion IV
Dessins : Riccardo Federici
Pour cette introduction à Fear State, je m’attendais à un numéro-catalogue un peu neuneu et vide. Et si c’est bien un numéro-catalogue, qui introduit un lecteur qui ne serait pas au fait des intrigues en cours à ce qu’il se passe, c’est beaucoup moins bête qu’espéré. J’en suis à la fois agréablement surpris et presque un peu déçu de l’avoir finalement apprécié plus que je ne l’imaginais initialement.
Je ne suis pas en train de dire que Fear State s’annonce comme un événement absolument génial et immanquable. Sur à peu près tous les points, ce qui caractérise Fear State, c’est son côté absolument classique, rappelant les événements Batman très 90’s (avec lesquels Tynion IV a sans doute grandi), où Gotham était en permanence au bord de l’explosion. Néanmoins, il parvient à y insuffler une vibe contemporaine, en introduisant la méfiance vis-à-vis du réel ou une réflexion légère sur les projets dystopiques de changement sociétal radical porté par des tech-gurus à la Simon Saint, qui rappelle un peu trop ceux qu’on connaît aussi de ce côté de la réalité. La réflexion est minimale, mais elle est là, c’est déjà ça. Aussi, la colorisation est somptueuse, signée par Chris Sotomayor, qui parvient très bien à transcender le dessin de Federici, en offrant un aspect presque onirique et fantomatique à certaines planches.
Le tout reste néanmoins très statique, pour l’instant. A la fois les dessins de Federici, qui sont de bonne qualité, mais très figés et peu dynamiques. Certains visages sont vraiment étranges, sans être pour autant disgracieux. Cette impression de figé est aussi sur l’intrigue elle-même, là encore très statique, introductive. C’est là l’esprit catalogue du numéro : passer de scène en scène, introduire les personnages, les enjeux, teaser ce qu’il va se passer dans les autres séries du crossover. C’est très didactique et rempli de dialogues explicatifs bourrés d’exposition. Donc : rien de parfait, mais quelques belles choses néanmoins. Si seulement tout n’était pas aussi prévisible… mais peut-être serons-nous surpris ?
– myplasticbus
Teen Titans Academy #6
Scénario : Tim Sheridan
Dessins : Rafa Sandoval
Rares sont les comics mainstream à me surprendre à chaque numéro. Teen Titans Academy en fait partie. On se retrouve cette semaine, vacances obligent, avec une pause estivale plus que rafraîchissante. Oublions les histoires de Red X, mettons de côté les problèmes académiques, et profitons de ce séjour dépaysant, plus que nécessaire en cette période. On suit donc cinq élèves de l’école dans une enquête digne des meilleurs épisodes de Scooby-Doo. Le personnage de Stitch est une pépite de pop culture et de référence à foison, brisant le quatrième mur de manière régulière pour encore mieux souligner le second niveau de lecture du titre : un hommage évident aux films et séries de genre des années 1980 à 2000.
L’humour est, comme à l’accoutumé, omniprésent et efficace, ne prenant cependant pas le pas sur l’intrigue qui, bien que classique, nous embarque toujours autant et ne se prive pas de parler de sujets d’ampleur (racisme, sexualité…). Et si cela ne suffisait pas, les dessins de Rafa Sandoval sont sublimes. Les décors sont époustouflants, la composition est toujours bien pensée et les planches sont remplies avec un talent rare. Toujours un sans-faute pour le titre de Tim Sheridan.
– Justafrogg
LES DÉCEPTIONS
Aquaman 80th Anniversary #1
Scénario : Collectif
Dessins : Collectif
De tous les numéros anniversaire de DC, et il commence à en avoir un paquet maintenant, celui d’Aquaman n’est pas vraiment dans le haut du panier. Les histoires sont bon enfant, mais très peu osent agir pleinement sur le personnage.
On gardera en mémoire les deux récits qui lancent les titres à venir, et puis celui de Geoff Johns qui apporte quelque chose à Jackson et Black Manta. Niveau dessins, c’est assez basique, Evan Shaner est toujours au top sur le récit d’ouverture, Valentine De Landro propose un style plutôt sympa également et qui donne envie de s’intéresser au titre Black Manta à venir (oui, c’est rarement Arthur Curry lui-même qui m’a marqué dans ces histoires).
– Sledgy7
Wonder Girl #3
Scénario : Joelle Jones
Dessins : Joelle Jones, Adriana Melo
Une fois passé la magie du premier numéro, Wonder girl ne convainc plus autant, et continue de le prouver. Malgré tout l’amour que je continue de porter à Yara Flor et les qualités évidentes de la série, je suis encore malheureusement assez sceptique sur ce titre. Sans pour autant en faire une déception complète, je ne peux m’empêcher d’être déçu.
Au premier rang, on regrettera le peu de Wonder Girl que nous pouvons lire ici : Yara Flor ne semble pas être l’héroïne réelle de son propre titre, tant l’intrigue est divisée en de multiples endroits, notamment avec Cassie et Artemis. Une intrigue qui s’étend un peu trop à travers le numéro et ne semble pas couler de source, de manière naturelle, dans la narration. Malheureusement, cela n’aide pas à nous faire comprendre et apprécier Yara, avec qui nous aimerions passer plus de temps.
Au deuxième plan, on trouvera également une intrigue pour l’instant assez chaotique, même si elle reste suffisamment intrigante pour nous faire revenir tous les mois. On a du mal à saisir exactement quels sont les enjeux autour de Yara, que tout le monde regarde avec crainte et tremblement en la recherchant avidement… sans qu’on ne comprenne vraiment trop le comment ou le pourquoi. Cela donne le sentiment d’avoir beaucoup d’exposition et d’avancer dans le vide. Peut-être que le prochain numéro, au vu du final, nous éclairera là-dessus.
Enfin, dernier point d’achoppement : les dessins de Joelle Jones et Adriana Melo ne sont plus toujours à la hauteur. Si certaines planches sont magnifiques, on sent que d’autres sont rushées, notamment sur la fin du numéro. Plus on avance, plus les environnements ressemblent soit à des croquis, soit sont carrément vides. Sur quelques planches de Melo, même certains personnages ressemblent encore à des silhouettes à peine croquées. Jordie Bellaire essaie de rattraper le coup avec beaucoup de brushs et de textures sur les fonds, mais ça ne suffit pas toujours pour cacher le vide massif sur le dessin. C’est dommage, car cela ne fait que renforcer la déception face à cet épisode. Espérons maintenant que le retard dû aux pénuries de papier soit bénéfique pour Jones afin de reprendre son histoire et son dessin en main.
– myplasticbus
Harley Quinn Annual 2021 #1
Scénario : Stephanie Phillips
Dessins : David Lafuente, Marco Failla, Jon Sommariva
On s’ennuie. Absolument tout dans ce numéro spécial (qui n’est pas si spécial et reprend simplement la suite des aventures de Harley Quinn dans son titre principal) est fait pour que le lecteur s’ennuie. Prenez le titre Harley Quinn, enlevez Harley Quinn, et on se retrouve avec une pseudo-enquête menée par Kevin et Solomon Grundy, les personnages les moins charismatiques que l’on puisse trouver dans l’univers DC. Mais ce n’est pas terminé, ils sont à la recherche de Keepsake, le vilain le moins captivant de ce même univers. Pour cela ils vont aller voir de multiples antagonistes du Chevalier Noir pour délivrer la princesse du grand méchant pas peau.
C’est mal écrit, les personnages sont imbéciles, les dialogues sont vides. Rien ne va. A part peut-être le design de la tenue de Haley Quinn (et le reste des dessins, très cartoon, qui sont plutôt réussis, même si le titre se cherche artistiquement depuis le départ de Riley Rossmo). On a donc cette semaine un annual médiocre pour la clown nouvellement justicière. Espérons que ça ne déteigne pas sur le titre principal.
– Justafrogg