Après plusieurs mois d’attente, et presque autant avant la publication de cette review sur Catwoman, il est temps d’aborder les deux derniers tomes de cette série parue en librairie chez Urban Comics. Courte certes, mais non moins déplaisante à suivre au final. Située en parallèle des évènements après le tome 8 de Batman Rebirth, on suit les péripéties de Catwoman dans l’ironique Villa Hermosa. Toujours gangrénée par la pègre et sur le point de basculer à cause des machinations de Mrs. Creel, Selina devra lutter entre son envie de rester ou de fuir à nouveau.
LES AVENTURIERS DE LA RELIQUE PERDUE
Après avoir fait connaissance avec la fosse locale, Selina s’est confronté à l’empire de Mrs. Creel, pour qui sa présence en ville compromettait le système en place. De plus, ayant retrouvé sa « sœur » dans le précédent tome, ses priorités sont toute autre pour lui ramener sa lucidité. C’est dans ce contexte que débute l’histoire du deuxième tome. Il est question ici d’une chasse au MacGuffin, c’est à dire la quête d’un objet ou évènement servant de prétexte au développement du scénario. Ici, il s’agira d’une relique qui, pour rester simple, a des propriétés de guérison et revigoration pour le corps. Et le hasard fait bien les choses car Selina et Mrs. Creel, antagoniste du premier tome, sont à sa recherche pour des motifs bien distincts. Malgré un scénario simple dans sa construction, le développement reste assez linéaire. Les personnages restent très fidèles à eux-mêmes et n’évoluent que très peu. Seule Mrs. Creel, à l’image de son apparence, semble plonger complètement dans l’excès de sa folie. Une folie qu’on aurait davantage apprécié visuellement parlant, vu comment elle prend sa tournure.
Quant à Selina, ses motivations sont beaucoup plus altruistes qu’égoïstes, mais n’échappent malheureusement pas aux conséquences. Et oui, tout le monde ne peut pas être satisfait. On peut ajouter que le personnage a droit à des séquences qui mettent en avant son côté glamour mais aussi joueuse pour parvenir à ses fins. Les séries Selina Kyle – Catwoman et Batman Rebirth se déroulant en même temps, c’est toujours appréciable de lire les petites références disséminées par-ci par-là. La scénariste Joëlle Jones reste cohérente avec la caractérisation que Tom King a fait du personnage dans son run. Cependant, on sent qu’elle se retient d’explorer en profondeur le passé ou la psychologie de son héroïne, sûrement dans le but de respecter cette cohérence. Enfin, ponctué d’un très court arc narratif histoire de faire du remplissage, ce deuxième tome s’avère bien plus maigre que le premier. Les deux camps préparent leurs pions pour un affrontement qui prendra toute son ampleur dans le troisième et dernier tome.
LA JUSTICIÈRE DE VILLA HERMOSA
Avant de replonger dans l’intrigue principale, le troisième tome nous resitue un peu dans la chronologie avec l’event Year of the Villain (Cf Justice League – Doom War). En effet, Lex Luthor apparaît devant Selina pour lui offrir l’opportunité de narguer et de profiter des personnes qui contrôlent et altèrent réellement la vie de Villa Hermosa. Après cela, il est temps pour Selina de reprendre ses affaires en main face à Mrs. Creel. On apprend que cette dernière a découvert l’emplacement d’un puits de Lazare dont elle compte bien profiter. Et c’est à partir de ce point qu’il est difficile d’aller plus loin sans spoiler mais disons que la tournure des évènements prend la direction d’un genre de film bien connu. Et c’est surprenant, voir original, que cela soit appliqué dans une série Catwoman.
Quant aux personnages, l’accent est mis sur Selina, et de loin. La belle apparaît dans pratiquement toutes les scènes majeures du récit. Les autres personnages sont tous secondaires, alliés comme ennemis. On pourra l’admirer, lors de scènes de souvenirs, dans ses costumes emblématiques à travers les âges et les années du personnages, l’accent étant mis sur son costume dessiné par Jim Balent en 1993 ou bien celui par Darwyn Cooke en 2002, très populaire également. Ce tome est plus frontal et travaille plus son personnage principal que son scénario. Joëlle Jones nous rappelle qu’au delà de son aspect de voleuse-joueuse ou de love interest à Batman, c’est surtout un personnage avec des idéaux et des convictions fortes. La scénariste ne se prive pas de la montrer à terre, en détresse par rapport à ses proches ou en situation d’incommodité. Catwoman reste une héroïne de la rue malgré ses goûts pour le luxe. Elle ne s’implique pas dans de grandes machinations car elle connait ses limites, et elle n’hésite pas se remettre en question lorsqu’il faut faire ce qui est le plus juste.
Cette conclusion concerne la série VF avec ses 3 volumes car on y retrouve les même points notables. Si vous êtes lecteurs de Batman Rebirth, alors cette série fait office d’un spin-off plus qu’honorable. Mais il n’est pas handicapant si vous n’avez pas lu la série de Tom King, Urban Comics vous mâche très bien le travail avec ses préfaces de rappel, et Joëlle Jones n’abuse pas des références dans les chapitres. Dans l’ensemble, Selina Kyle – Catwoman est une bonne série. La scénariste connait le personnage, et sait comment la caractériser sans défroisser son identité. De plus, grâce aux nouveaux personnages, bien loin de l’aura de Gotham, cela renforce l’attachement à l’héroïne, et démêle l’appréhension entre le côté criminel et le côté humain. Bref, c’est une série qui mériterait votre curiosité, d’autant plus qu’elle est courte et facile d’accès.