Highlights de la semaine #136 (Green Arrow, Wonder Girl, Nice House on the Lake,…)

Pour cette semaine de Highlights, nous allons revenir sur les sorties VO de DC Comics du 6 juillet, mais aussi du 29 juin pour le peu de titres qui étaient sortis à ce moment. Il y en a un peu pour tous les goûts, mais malheureusement pas tellement de choses marquantes.

LES COUPS DE CŒUR

The Nice House on the Lake #2

Scénario : James Tynion IV

Dessins : Alvaro Martinez Bueno

Pour ce deuxième numéro, Tynion IV et Martinez continuent de confirmer la qualité de leur nouvelle série horrifique en se posant dans leurs fauteuils pour digérer la conclusion de l’épisode précédent. C’est un numéro plus posé, qui nous fait ressentir les conséquences de l’Apocalypse générale dans les vies des différentes personnes présentes dans cette maison en apparence si sympathique. Pour certains, c’est l’acceptation, pour d’autres, le déni. À nouveau, le rythme est bien géré, la narration visuelle est formidablement maîtrisée, et nous découvrons avec un sentiment claustrophobique les événements qui se déroulent sous nos yeux. Le seul reproche que je pourrais faire, c’est la confusion qui règne parfois entre les différents personnages, pour l’instant encore un peu flous et difficiles à distinguer.

En outre, cet épisode regorge d’hommages visuels à la culture comics, particulièrement chez DC. Tynion IV se place dans les traces de grandes séries Vertigo, citées explicitement ou implicitement à travers le numéro, jouant sur la métatextualité. On le sent même dans la forme elle-même du numéro, où le lecteur est placé dans la figure de l’observateur, lisant une transcription des dialogues par voie écrite accompagné par des captures de vidéo-surveillance de la maison. Cela nous donne l’impression que nous avons placé ces personnes dans une expérience humaine, et que nous en observons les effets. Qui est Walter ? C’est nous : le fan de comics indépendant, parfois esseulé, mais passionné. Ou bien Tynion IV lui-même. Mais quoi qu’il en soit, The Nice House on the Lake continue d’être très prometteuse.

– myplasticbus

Catwoman Annual 2021

Scénario : Ram V

Dessins : Fernando Blanco, Juan Ferreyra, Kyle Hotz

Pour sûr, ceux qui aimeraient lire un Annual 100% consacré à Catwoman seront déçus. Et pourtant, une fois de plus, Ram V frappe extrêmement bien avec ce numéro de Catwoman, qui revient sur les origines de Father Valley, qui prend ici la place centrale. Le scénariste livre une histoire méticuleuse et complexe, très bien rythmée et efficace au possible (comme à son habitude). Il caractérise merveilleusement bien ses personnages, en leur offrant toujours une humanité profonde, riche et nuancée, de Ludovic à Father Valley. Il parvient toujours à enrichir son intrigue par un univers crédible, en utilisant notamment celui de l’Ordre de St Dumas, pour aborder les questions de fanatisme, de repentance et de rédemption, une fois de plus avec une grande maîtrise. 

Il est accompagné ici par trois dessinateurs, Fernando Blanco, Juan Ferreyra et Kyle Hotz, qui offrent chacun un merveilleux travail également. Les pages avec Father Valley dans l’église désaffectée sont incroyables, particulièrement cette scène devant le vitrail du Christ portant sa croix, où la lumière et la colorisation sont époustouflantes, tout comme la scène où Selina va voir Leo à l’hôpital, où Blanco nous fait ressentir toute l’intensité du moment. Cet Annual continue de confirmer non seulement la qualité de la série Catwoman, mais aussi les incroyables qualités de Ram V en tant que scénariste. Il continue de se placer comme l’un des meilleurs artisans chez DC à l’heure actuelle, et on en regretterait presque qu’il n’ait pas l’occasion d’avoir plus de place. Ah, j’imagine parfois combien la vie est belle sur Terre-2, où Simon Spurrier, Gene Luen Yang et Ram V sont les architectes de DC…

– myplasticbus

LES VALEURS SURES

Green Arrow 80th Anniversary 100-Page Super Spectacular #1

Scénario : Collectif

Dessins : Collectif

Ce numéro anniversaire fait partie des plus intéressants, déjà parce que Green Arrow n’a pas de titre principal depuis un moment, mais il s’agit d’un bien bel hommage. La plupart des artistes font un excellent travail, surtout pour reconstituer l’ambiance d’une certaine époque, de même pour les scénaristes. Mariko Tamaki et Javier Rodriguez ouvrent le bal avec une pastiche du Golden Age bien cool et Stephanie Phillips et Chris Mooneyham nous resservent du Green Arrow aigri et mal-aimé de la Justice League du Bronze Age. Mike Grell reprend l’époque de son moment de gloire pour peut-être teaser une suite par dessus le marché, mais c’est bien moins beau et pas très intéressant à vrai dire.

D’autres reprennent un élément culte de cet univers pour raconter une courte histoire, comme Tom Taylor, qui retrouve Nicola Scott pour expliquer la flèche gant de boxe, ou quelques récits sur Connor Hawke ou Roy Harper. Enfin, ça fait plaisir de voir Ben Percy et Otto Schmidt ou Jeff Lemire et Andrea Sorrentino de retour l’archer, toujours avec quelque chose à raconter.

Mise à part la partie de Grell (ce qui est un comble), c’est toujours intéressant et joli, avec quelques parties humoristiques sur Oliver, et un hommage muet à Dennis O’Neil par son fils Larry et Jorge Fornés. C’est avec la gorge serrée que je termine ce numéro de 100 pages qui mérite le coup d’œil.

– Sledgy7

Teen Titans Yearbook 2021

Scénario : Tim Sheridan

Dessins : Collectif

Pour son premier annual, Teen Titans prend la forme d’une anthologie où s’enchaînent les récits (tous écrits par Sheridan) mettant en avant différents personnages du titre et les pages. Un format idéal pour mieux apprendre à connaître les étudiants de l’Académie individuellement plutôt qu’en tant que groupe uniforme. 

Le premier récit met alors en scène un.e Stitch se sentant différente du reste de ses camarades, et pour cause : Sheridan nous révèle qu’il s’agit d’une poupée de chiffons rendue vivante par magie ! Classique mais assez efficace, on retiendra surtout la révélation finale, forcément intrigante.

Deuxième élève à être développé ici : le mystérieux et solitaire Matt, un Superboy-like qui se dévoile également un peu plus alors qu’il vient en aide à la famille d’un camarade. Le récit, simple et gentillet, fait plaisir à lire et permet de tisser de nouveaux liens entre les personnages.

Les Titans originaux ne sont pas oubliés pour autant puisqu’un très court récit se concentre sur le couple Beast Boy/Raven qui partagent ici un petit dîner improvisé. La vulnérabilité de la première et la bonne volonté du second sont assez touchantes. Finalement, c’est l’antagoniste Red X qui se dévoile à travers une histoire bourrée d’action comme on l’aime. Encore bien énigmatique, le personnage interpelle autant par ses méthodes que ses motivations, et promet un beau challenge pour la Teen Titans Academy.

– Mocassin

Wonder Girl #2

Scénario : Joëlle Jones

Dessins : Joëlle Jones, Adriana Melo

Ce deuxième épisode de Wonder Girl ne parvient pas à confirmer entièrement le triomphe du premier numéro, même s’il reste bien convainquant. La narration est plus confuse, le rythme est plus hésitant, et on regrette que l’intrigue soit si légère. Bien plus encore, on dirait presque que Jones ne sait déjà pas trop quoi faire de l’héroïne qu’elle a créé, peinant à la caractériser. Si l’on se tient simplement à ce numéro, Yara n’existe que par le mystère qui l’entoure, et n’est pas développée comme on pourrait l’attendre. Cela donne une petite impression de coquille vide, ce qui est assez frustrant lorsqu’on sait que nous avons déjà vu des choses très prometteuses dans Future State. 

Le numéro peine également parfois au dessin. Lorsque Jones est aux crayons (principalement avec l’intrigue autour de Yara), cela reste somptueux et bien construit. Nous ressentons davantage la personnalité de Yara Flor dans ses expressions et dans sa gestuelle que dans l’écriture de la scénariste. On sent que le métier premier de Jones reste le dessin, où elle brille incroyablement. Par contre, ce sont les planches d’Adriana Melo qui ne sont souvent pas à la hauteur. Certains visages sont franchement laids, donnant une impression de travail précipité et mal exécuté. Néanmoins, à défaut d’avoir des personnages correctement caractérisés, nous restons intrigués par la trame de fond, face à la place de cette nouvelle Wonder Girl en devenir. J’espère que Joelle Jones saura redonner du rythme et de la consistance pour que cette série garde le statut qu’elle mérite.

– myplasticbus

Batman/Fortnite : Zero Point #6

Scénario : Christos Cage

Dessins : Reilly Brown

Bon, finalement le tout se conclut d’une meilleure manière que le précédent numéro avait pu laisser présager. Si vous en êtes toujours à lire cette série, c’est qu’elle a su, en dépit de quelques erreurs de parcours, vous séduire. Ainsi, pour ceux étant restés jusqu’à la fin, Christos Cage se charge de délivrer une conclusion satisfaisante. Un peu d’émotions, un peu de Fortnite, et pas mal de nuances de violet sont donc au rendez-vous ici.

Les personnages restent correctement caractérisés, et quelques designs sont assez bien trouvés, comme cette Selina 2.0 ressemblant plus à une version féminine de Black Panther qu’autre chose. Fin ouverte appelant une suite, il est plus que probable que cette dernière arrive plus tôt que prévu, au vu de l’argent déployé par Epic Games et des royalties engendrées. Loin d’être phénoménale, cette aventure réussit cependant à sortir du classique schéma traditionnel des scénarios de crossovers.

– Blue

Suicide Squad #5

Scénario : Robbie Thompson

Dessins : Eduardo Pansica, Dexter Soy

Pour ce nouveau numéro, Thompson nous fait suivre un membre de la Suicide Squad qui va très vite gagner en popularité ce mois-ci, Bloodsport. Sa mission spéciale est de recruter des équivalents de la Justice League dans d’autres mondes du Multivers, un concept qui peut permettre de bonnes aventures originales.

Bon, le fun est là, d’autant que j’apprécie toujours de voir Dexter Soy aux dessins, mais l’originalité va pas très loin, déjà parce que les simili-Justice League, c’est trop vu, et puis le personnage ne va pas plus loin que Terre-3. À côté, on a le prélude du crossover avec Swamp Thing, mais c’est globalement divertissant, sans trop se poser de questions, ce qui est déjà une chose que la grande majorité des runs sur la Suicide Squad rate.

– Sledgy7

Justice League Infinity #1

Scénario : J.M. DeMatteis, James Tucker

Dessins : Ethen Beavers

À l’instar de Batman : The Adventures Continue, la nostalgie va sûrement parler un minimum. C’est un plaisir de retrouver le style de Bruce Timm que Beavers reproduit très bien dans le trait, les ambiances et les poses. C’est tout aussi agréable de retrouver les dynamiques de la série animée dans cette suite.

Cette série va permettre d’y ajouter des concepts encore inédits dans l’univers du DCAU, et comme le Multivers est à la mode, vous vous doutez de la direction que ça va prendre. Le numéro a tout de même du mal à en venir au but, prenant plutôt le temps de souligner la psychologie de Martian Manhunter à la fin de la série, ce qui n’est pas une mauvaise chose. On espère tout de même un peu plus de folie pour la prochaine fois.

– Sledgy7

LES DÉCEPTIONS

Batman #110

Scénario : James Tynion IV

Dessins : Jorge Jimenez, Ricardo Ortiz

Le plus gros blockbuster actuel de DC est de retour cette semaine, et nous offre un menu bien gras et plutôt indigeste. On perd de plus en plus l’aspect frais et nouveau du Batman de Tynion IV pour retomber dans la redite générique qui caractérisait les débuts du run de l’ami James dans la période pré-Future State. On se paie un numéro assez bourrin, centré sur l’action et un fight entre Peacemaker et Batman. Si la représentation visuelle par Jimenez reste très à la hauteur, avec un lettrage parfait de Cowles, sur le fond, le numéro est vide. On a déjà vu un affrontement de ce type représenté par Mora et Tamaki durant Future State, en mieux maîtrisé. Ici, en dehors des visuels spectaculaires, le combat ne fonctionne pas.

Car c’est peut-être là que le bât blesse : les choses ne sont pas crédibles, et Batman passe ici pour un gros demeuré. Pourquoi le Peacemaker a l’ascendant sur Batou ? Tout simplement parce que c’est là que Tynion IV veut emmener Batman. Nous avons déjà vu notre héros se sortir de situations bien plus rudes que celle-ci. Et pourtant, le chevalier noir semble perdu, défait, paumé. Cela ne semble pas cohérent. Sans parler du fait que Peacemaker est un vilain très bavard qui balance beaucoup de choses, sans que dum-dum-batou ne s’en rende compte.

Plus le temps passe, plus le run de Tynion IV ressemble à un plagiat de Batman : Prey, publié en 1990 par Moench, Gulacy et Austin : le maire de Gotham s’allie à un vilain pour lutter contre Batman, notamment avec l’aide d’un flic corrompu et violent. Comme nous l’avons dit : un réchauffé générique et déjà-vu. Sur le dessin, c’est formidable. Sur le fond : circulez, rien à voir.

– Sledgy7

Batman Secret Files : The Signal #1

Scénario : Tony Patrick

Dessins : Christian Duce

DC débute cette série de one-shots, qui semble servir de vitrine pour les titres à apparaître dans Urban Legends, avec The Signal. S’il n’a pas créé le personnage, c’est bien Tony Patrick qui s’en occupe la plupart du temps et tente encore une fois de le rendre intéressant.

Il remet en avant son idée d’en faire le justicier de Gotham de la journée, en profite pour le booster un peu et essaie de le légitimiser à grands coups de discours de Batman lui-même. On y croit pas une seconde, mais l’auteur sauve les meubles avec quelques moments de doute sur le combat de Duke et sur la participation d’un casting secondaire qui lui est propre. Mais encore une fois, on a pas envie d’y croire, ce n’est pas la peine de forcer avec The Signal. Et niveau dessins, Duce nous a déjà proposé bien mieux que ce numéro, c’est assez fade.

– Sledgy7

Green Lantern #4

Scénario : Geoffrey Thorne

Dessins : Tom Raney, Marco Santucci

Après un numéro #3 plutôt décevant, Thorne continue de plonger ici. Alors que le titre portait une ambition politique appréciable dans ses débuts, il est maintenant bien plus quelconque. De son côté, John Stewart vit une aventure pleine d’action en territoire inconnu, ce qui peine largement à convaincre tant on l’attendait dans un autre rôle, et d’autant plus avec cette partie graphique assez moyenne de Tom Raney.

De l’autre côté de l’univers, Joe Mullein continue de mener l’enquête sur la destruction de la Lanterne centrale mais ne progresse que très peu. C’est d’autant plus dommage que l’on sent un certain potentiel pour sa dynamique avec Teen Lantern, mais pas encore exploité. Bref, depuis que Green Lantern s’est divisé en deux, sa qualité aussi s’est réduite de moitié.

– Mocassin

Crush & Lobo #2

Scénario : Mariko Tamaki

Dessins : Amancay Nahuelpan

C’est une petite déception pour ce deuxième numéro, peut-être parce que je ne suis pas le public dirons-nous. L’autrice coupe soudainement son aventure spatiale par des flashbacks sur l’ancienne relation de Crush, ce qui aurait pu être mieux amené. Elle cherche clairement à parler de la déprime post-rupture, mais on ne voit pas assez Lobo, qui partage pourtant le titre de la série.

À voir comment tout ça continue, les dessins sont corrects et les dialogues sont pas trop mal, il y a de l’espoir.

– Sledgy7