Highlights de la semaine #135 (Infinite Frontier, Batman : Reptilian, Checkmate,…)

Nouvelle semaine, nouvelles Highlights des sorties VO de DC Comics, celles du 22 juin donc, et on a de quoi faire. C’est le début attendu de la mini-série Infinite Frontier qui fait avancer le fil rouge de cette nouvelle phase du DCU, mais aussi de la toute aussi attendue série Batman : Reptilian, de Garth Ennis et Liam Sharp, une équipe créative qui fait rêver. Bendis revient en sortant enfin son titre Checkmate.

LES COUPS DE CŒUR

Batman : Reptilian #1

Scénario : Garth Ennis

Dessins : Liam Sharp

Vous aimez le style Batman sombre, des années 90’s, alors Batman Reptilian est fait pour vous. Inspiré d’ambiances telles que Arkham Asylum par Dave McKean, Liam Sharp change complètement de façon de travailler ses planches, pour évoluer vers des planches en peintures bien plus sombres que d’ordinaires. On se croirait revenu au début des années 90’s mêlant noir et cartoon, caricature et détail de fond. Garth Ennis qui livre le récit appuie sur cette idée avec un Batman très violent, très sombre, bestial. Il parvient à capturer l’attention du lecteur avec cette colère, et cette ambiance de mafia mystère qui plane tout au long des pages. 

Ce duo plutôt atypique nous livre au final un numéro très intéressant. Les deux s’accordent bien, et je dois dire que j’ai hâte de retrouver le prochain numéro pour découvrir de nouvelles planches totalement folles de Liam Sharp. Si en début de numéro on retrouve une dédicace à Steve Dillon, on comprend aisément l’hommage qui lui est rendu ici.

– Harley

Batman – Superman #19

Scénario : Gene Luen Yang

Dessins : Emanuela Lupacchino, Steve Lieber, Darick Robertson, Kyle Hotz

Cette semaine encore, Gene Luen Yang prouve l’étendue de sa créativité et de son talent avec ce nouvel épisode de Batman/Superman. Accompagné ce coup-ci par plusieurs dessinateurs qui peuvent chacun illustrer un univers à part, il continue de rendre hommage aux classiques 50’s dans un esprit vintage totalement assumé, des comics sci-fi au western, avec une petite pointe vers l’horreur qui sera amenée à être approfondie dans le prochain numéro. Comme d’habitude, il offre à chaque personnage son heure de gloire, sa petite réplique, sans que cela ne paraisse forcé ou poussif.

Le scénariste aime profondément ses personnages, et ça se sent de manière très communicative. Bien sûr, je pense que tout le monde n’accrochera pas avec cet esprit fun, décomplexé et finalement assez léger. Mais dans son genre, il fait partie du haut du panier. Chaque dessinateur parvient également à insuffler son esprit sur son propre segment, malgré, pour certains, quelques maladresses en termes d’expression ou de visage pas toujours au mieux. Cela n’entache en rien la qualité de cette histoire.

On ne peut s’empêcher de considérer l’annulation à venir au #22 comme un gâchis profond, alors que Gene Luen Yang prépare son départ pour la concurrence afin d’écrire Shang Shi… On a l’impression de vivre le syndrome Si Spurrier all-over-again…

– myplasticbus

Teen Titans Academy #4

Scénario : Tim Sheridan

Dessins : Steve Lieber

Teen Titan Academy sort enfin de ce crossover très moyen avec la Suicide Squad. Et on peut dire que ça fait un bien fou. Surtout que Sheridan arrive à se renouveler encore et offre une bouffée de fraîcheur au lecteur avec ce numéro tout en humour et en subtilité.

On y découvre le Bat Pack, composé de trois personnages arrivés de Gotham et qui essayent d’imiter tant bien que mal leur modèle, Batman. Ils se lancent alors dans l’enquête de leur vie : trouver l’identité du mystérieux Red X . Mais évidemment rien ne va. En empruntant tous les codes des œuvres policières de ces dernières années et en les détournant, l’auteur arrive à nous faire rire comme rarement.  L’équipe est délicieusement bancale, chaque membre est clownesque à souhait. Chaque petit détail est prétexte à diriger les trois héros sur des pistes plus farfelues les unes que les autres. Le tout est nourri par une narration en opposition totale avec le déroulé réel des événements, faute à une « Licencia Poética » parfaitement gérée. Cela sert à la fois la narration mais aussi la caractérisation de la bande et de ses protagonistes. Ils croient dur comme fer en ce qu’ils font ce qui les rend touchants malgré le ridicule de chaque situation.

La partie graphique est truffée de détails aussi amusants les uns que les autres, que ce soit dans les décors, dans les scènes de vie en arrière-plan ou tout simplement dans la représentation des émotions des personnages en contraste complet avec la crédibilité qu’ils essayent de se donner.Teen Titans Academy n’a pas fini de nous surprendre (en bien) et je ne peux que vous conseiller cette lecture drôle et intelligemment écrite.

– Justafrogg

LES VALEURS SURES

Infinite Frontier #1

Scénario : Joshua Williamson

Dessins : Xermanico

Peut-être que je vais me faire lyncher pour cette opinion, mais j’ai trouvé ce premier numéro officiel d’Infinite Frontier assez jubilatoire. Nous ne sommes certes pas face à un chef d’œuvre, mais pour autant, voilà longtemps que nous n’avons pas eu une déclaration d’amour à l’histoire de DC aussi attachante, tout en ne manquant pas d’ambition. C’est peut-être l’une des choses que l’on peut reprocher à Williamson : il joue sur beaucoup de terrains à la fois, et ce n’est pas dit qu’il parvienne à développer le tout comme il se doit. Mais en l’état, c’est une parfaite célébration enjouée de beaucoup de choses que j’aime chez DC.

On appréciera le côté terre-à-terre, où nous voyons les répercussions des événements qui se déroulent dans l’univers DC dans la vie du quidam, qui réagit sur les réseaux sociaux et débat dans les cafés. On appréciera aussi un multiverse peut-être un peu démystifié, mais aussi 100% assumé. Nous retrouvons différentes générations de héros DC côte à côte, avec une petite dose de JSA via Alan Scott. L’épisode introductif fourmille d’allusions souvent assez fines à la mythologie DC, notamment à ses Crisis. Et pourtant, malgré ce petit classicisme, le tout semble nouveau, frais, intriguant et intéressant. Xermanico aide beaucoup, avec un trait fin, détaillé et des constructions de planches portées par un talent certain. Il sait toujours comment construire sa page pour provoquer cette petite excitation chez le lecteur, tant et si bien que le récit coule malgré son aspect dense et condensé en étant toujours enthousiasmant. Il amène aussi très bien les personnages, leur offrant expressivité et émotion.

Si le catalogue Infinite Frontier #0 avait attisé ma curiosité, celui-ci provoque carrément mon intérêt, tant ses ambitions réelles se posent sans prétention, mais simplement avec un plaisir authentique et communicatif.

– myplasticbus

Justice League #63

Scénario : Brian M Bendis, Ram V

Dessins : David Marquez, Xermanico

Comme d’habitude, nous avons deux parties dans ce numéro : l’histoire principale de Bendis autour de la Justice League, et un back-up autour de la Justice League Dark par Ram V. Si le second segment mériterait une fois de plus de se retrouver en coup de cœur, la première partie est une déception globale sans nom. 

Sur la Justice League, rendons néanmoins à César ce qui lui appartient : le dessin est prodigieux. David Marquez continue de fournir un excellent travail, profondément dynamique, détaillé et puissant avec des doubles-pages époustouflantes. Les couleurs d’Ivan Plascencia sont somptueuses et c’est un formidable objet à regarder. C’est au niveau de l’écriture de Bendis que ça coince, avec beaucoup trop de dialogues répétitifs à côté de la plaque. Ca ressemble concrètement au travail d’un type qui a préparé son examen oral dans le métro avant de se pointer la fleur au fusil, au culot, en espérant que ça passe. Mais ça ne passe pas. Sans parler du fait que les bulles et les cases de textes sont souvent placées de manière étrange, ce qui ne facilite pas la lecture de ces personnages impersonnels et caricaturaux. Une cruelle déception. 

En face, par contre, Ram V fait lentement mais sûrement avancer son petit récit magique en conservant tout l’aspect post-moderne qui séduit depuis ses débuts. Il introduit de nouvelles pistes, de nouveaux personnages et on ne peut qu’être frustré d’en avoir aussi peu, surtout que Xermanico continue de prouver son talent graphique lui aussi. On continue de regretter que JLD ne soit pas le titre principal, tant Bendis n’a rien à dire là où Ram V fourmille d’idées qui mériteraient développement.

– myplasticbus

Wonder Woman #774

Scénario : Becky Cloonan, Michael W Conrad, Jordie Bellaire

Dessins : Andy McDonald, Paulina Ganucheau

Alors que Wonder Woman s’était placé en haut du podium des meilleures séries Infinite Frontier, ce numéro connaît une petite baisse de régime, notamment à cause d’un changement de dessinateur. Non pas qu’Andy McDonald ne soit pas bon. Il fait tout à fait le travail sur la forme, mais dans une dimension moins créative que Moore. Les environnements helléniques sont plus classiques que ce que développait Moore sur Asgard, les designs des personnages moins inspirés et moins expressifs… et globalement, son style de dessin correspond moins à l’écriture de Conrad et Cloonan, au point que cela provoque un sentiment d’étrangeté sur cet épisode.

Autrement, l’histoire continue de progresser et s’oriente vers une sorte de murder-mystery sur le mont Olympe, assez intriguant, même s’il ne passionne pas autant que l’arc asgardien. On apprécie de voir les personnages évoluer, notamment dans le cas de Ratatosk. Par rapport au numéro précédent, où la caractérisation de Diana était totalement maîtrisée, on ressent une petite gêne sur ce numéro, avec une Wonder Woman plus froide et analytique qui laisse sceptique. Rajoutez-y quelques petites répétitions, et on pourra officiellement dire que ce numéro représente une baisse de régime un peu décevante. Pas suffisamment pour se retrouver en déception, mais un peu dommageable malgré tout.

– myplasticbus

Robin #3

Scénario : Joshua Williamson

Dessins : Gleb Melnikov

Petit moment de répit dans le tournoi auquel participe Damian, ce qui est très agréable. On a quand même le minimum syndical de bagarre en fin de numéro, mais les discussions entre les combattants permettent de développer la façon dont Robin vit ces événements : on se rend compte de l’impact de Batman sur lui et sur les participants, qui s’empressent à raconter leurs meilleurs anecdotes à son propos.

C’est aussi le bon moment d’en apprendre plus sur son grand rival, Hawke, qui partage le fait d’être dans l’ombre d’un grand héros et d’avoir subi un entraînement traumatisant. C’est important de montrer les motivations de tous les personnages, c’est donc un bon début. Le prochain numéro semble aller dans la même direction en développant la relation qu’a Damian avec l’autre côté de sa famille, pour cette fois.

– Sledgy7

Action Comics #1032

Scénario : Phillip Kennedy Johnson

Dessins : Daniel Sampere

Le statut de « valeur sûre » de ce titre tient en réalité à peu de choses ici, mais Action Comics reste plaisant à lire, quand bien même l’intrigue n’avance que bien peu comme c’est le cas dans ce numéro #1032. En effet, la situation des réfugiés n’avance pas du tout, et nous n’en savons pas plus que la semaine dernière à leur sujet. Là où le mystère continue à s’épaissir, c’est quant à l’artefact recueilli par les Atlantes, qui se montrent ici complètement dépassés alors que la pierre crée de gigantesques monstres aquatiques.

La force de ce numéro réside alors surtout dans l’action, spectaculairement représentée par Daniel Sampere, qui même en dehors de cela livre de bien belles pages. Si vous rêviez de voir Superman affronter Godzilla, votre rêve sera plus ou moins réalisé ici. On apprécie aussi de voir cette énigme de Warworld prendre en ampleur au point d’interpeller la Ligue de Justice, sans toutefois perdre le focus sur la Super-family. Bref, ce numéro remplit le job pour du « Action Comics », mais on espère que le prochain sera plus dense.

– Mocassin

LES DÉCEPTIONS

Checkmate #1

Scénario : Brian M Bendis

Dessins : Alex Maleev

Vous souvenez-vous de Leviathan ? Cet event aux conséquences dantesques qui avait amené à la destruction de toutes les organisations secrètes de l’univers DC ? Ce personnage mystérieux aux pouvoirs énormes capable de mettre à l’amende n’importe qui ? Cette organisation réunissant les plus grands scientifiques de la terre et cherchant à rendre le monde meilleur mais plus docile ? Figurez vous que ça existe encore. Telle la belle au bois dormant, tout ce petit monde se réveille, comme si de rien n’était, un an et demi après la fin de l’event.

Batman a donc décidé de refonder Checkmate avec les quelques clampins qui connaissent la vérité sur le grand vilain. Mais de Checkmate, cette équipe n’en a que le nom. Absolument rien n’est comparable au Checkmate de Rucka, où la structure même de l’organisation reprenait le schéma d’un jeu d’échecs, avec des rôles et une hiérarchie cohérente. Ici non. On file des alias au pif à chacun pour faire impressionnant, sans leur donner de mission, de caractérisation et même d’intérêt. Les personnages ne font que se plaindre qu’ils ont autre chose à faire. Les interactions entre les membres de l’équipe sont inexistantes ou incohérentes. Rien ne va. Et l’écriture de Bendis n’aide pas. Il se répète sans arrêt, ne finit que la moitié de ses phrases et est beaucoup trop bavard pour rien, ce qui empêche totalement le lecteur de s’immerger dans ce qui nous est présenté.

Du côté des dessins, même chose. Maleev est très doué pour représenter des lieux grandioses et impressionnants. Mais cela ne concerne que deux pages du comics. Pour toutes les autres scènes, souvent en gros plan, le dessinateur n’est pas au meilleur de sa forme. J’attendais depuis longtemps le retour de Checkmate et des organisations secrètes dans l’univers DC. Et je pense que je vais devoir encore attendre un moment avant d’avoir quelque chose de satisfaisant.

– Justafrogg

Detective Comics #1038

Scénario : Mariko Tamaki, Meghan Fitzmartin

Dessins : Viktor Bogdanovic, Karl Mostert

Tamaki est de retour, toujours aux côtés de Bogdanovic, pour raconter la suite de son histoire sur Detective Comics. Très orienté autour de l’action, l’épisode de cette semaine intéresse encore moins que celui de la semaine dernière, qui était déjà en deçà des premiers… On sent que la scénariste patine un petit peu, et que son histoire commence à traîner en s’installant dans un surplace qui ne passionne pas. Plus le temps passe, plus les antagonistes se transforment en caricatures, alors qu’on perd l’aspect terre-à-terre du récit pour s’orienter vers des choses plus basiques.

Tamaki semble s’être amusé à lancer beaucoup de pistes au début de son arc, et peine à les lier entre elles dans un tout cohérent et harmonieux. Globalement, la structure en rebondissements et surprises ne surprend plus. C’est dommage. Sur le dessin, Bogdanovic fait du bon travail, même s’il ne convient pas trop à mon style personnel. On le sent plus à l’aise sur les scènes d’action qu’il est amené à dessiner ici par rapport à son travail du numéro précédent. Néanmoins, on ne peut que regretter le départ de Dan Mora, et on ne peut qu’espérer son retour prochain sur un arc à venir.

J’ai pris plus de plaisir avec le back-up de Fitzmartin et Mostert sur le Pingouin, notamment pour ce qu’il tease sur l’avenir du personnage dans l’intrigue générale de Detective Comics.

– myplasticbus

Wonder Woman Black and Gold #1

Scénario : Aj Mendez, Nadia Shammas, John Arcudi, Amy Reeder, Becky Cloonan

Dessins : Ming Doyle, Morgan Beem, Ryan Sook, Amy Reeder, Becky Cloonan

Dès son premier numéro, ce premier titre déçoit beaucoup, et pour cause : le « black and gold » n’a aucun intérêt, que ce soit graphique ou scénaristique. Les équipes créatives se sont simplement contentées de créer des histoires en noir et blanc où apparaissent par-ci par-là, souvent les éléments dorés de Wonder Woman, des touches de jaune. Pour faire ça, il n’y avait pas besoin de créer un nouveau titre.

On retiendra quand même de ce numéro deux récits fort sympathiques. Le premier, écrit par John Arcudi, se concentre sur la façon dont l’immortalité de Diana influence sa perception de l’humanité. Alors que celle-ci pourrait très bien ne trouver aucun intérêt dans la défense d’êtres si fragiles et éphémères, l’auteur parvient très bien à mettre en avant comment, au contraire, elle sait d’autant plus apprécier le caractère précieux de ces existences. Le tout est magnifiquement dessiné par Ryan Sook, à qui le noir et blanc sied particulièrement bien.

Le second récit assez appréciable est celui de Becky Cloonan, qu’on retrouve actuellement sur l’on-going du personnage. On retrouve encore une fois une partie graphique de bien belle facture, mais c’est davantage le récit de la création du lasso de vérité qui marquera, pas tant pour l’histoire en elle-même que pour le pouvoir qui lui est donné.

– Mocassin

Superman #32

Scénario : Phillip Kennedy Johnson

Dessins : Scott Godlewski

Nous avons l’habitude depuis le début du run de P.K.J, le titre Superman est assez décevant. Ici, on termine l’arc en cours sans réellement en avoir quelque chose à faire. Malheureusement, il y a bien peu à se mettre sous la dent pour ce qui est le cœur du titre (jusqu’à la reprise de Taylor), à savoir la transition du titre de Superman. Nous avons simplement le droit à un Clark qui loue encore les exploits de son fils, qu’il déclare être son modèle et un bien meilleur futur Superman.

C’est joli, on ressent tout l’amour de l’auteur pour son propre fils, mais cela sonne quand même très artificiel, connaissant la finalité qui arrivera le mois prochain. C’est dommage, il y avait potentiellement quelque chose de sympathique à faire avec ce postulat, mais l’auteur n’a visiblement pas été très inspiré.

– Mocassin