Highlights de la semaine #134 (Supergirl, Static, Nightwing,…)

Bienvenue pour ces nouvelles Highlights des sorties VO du 15 juin. Cette semaine signe le début du titre Supergirl de Tom King et Bilquis Evely, mais aussi de Static : Season One de Vita Ayala et ChrisCross, après toute cette attente.

LES COUPS DE CŒUR

Nightwing #81

Scénario : Tom Taylor

Dessins : Bruno Redondo

Encore une fois, Taylor et Redondo montrent tout leur talent de narration dans ce numéro toujours aussi beau et bien mise en page. Les dialogues mettent en avant les personnalités et les complicités, ce qui les rend tellement agréables à lire.

Le récit principal avance petit à petit à chaque numéro et donne l’impression que ce duo pourrait continuer sur Nightwing pendant des années, et on leur souhaite. Bon, on spoilera pas, mais le twist final, il faudra attendre un peu pour voir s’il s’agit d’une bonne idée ou non, mais je suis jamais trop chaud pour ce genre de révélations que Taylor semble quant à lui adorer.

– Sledgy7

The Flash #771

Scénario : Jeremy Adams

Dessins : Collectif

Le numéro commence avec une première partie assez classique puisque l’on retrouve un Wally à nouveau projeté dans le corps d’un bolide, ici le Reverse-Flash. Adams utilise le nouvel Omniverse créé par Infinite Frontier pour proposer une petite aventure assez différente des précédentes, à l’esprit bien plus cartoon qui nous tire aisément quelques rires. Néanmoins, l’auteur ne se contente pas de proposer uniquement ce schéma désormais répétitif puisqu’il passe à la vitesse supérieure pour nous amener à une première forme de résolution.

Sans trop en dire, la seconde partie du numéro est alors aussi touchante que parfaitement écrite. Si le futur de la Flash family s’annonçait glauque au possible lors du Future State de février, ce nouveau portrait se veut être à l’opposé, plein de bienveillance envers son univers et son lectorat, qui a maintenant de quoi sourire et croire à nouveau. Le numéro se conclut néanmoins dans une toute autre atmosphère avec un rappel à la « réalité » du personnage puisque Jeremy Adams choisit de nous plonger à nouveau dans le cauchemar Heroes in Crisis, qu’on devine depuis déjà un moment être la finalité de ce premier arc et qu’on a hâte de redécouvrir sous la plume optimiste de l’auteur.

– Mocassin

Catwoman #32

Scénario : Ram V

Dessins : Evan Cagle

J’ai repris récemment la lecture de Catwoman sous la plume de Ram V. Globalement, c’est pour moi une excellente série, qui rentre facilement dans le Top 10 d’Infinite Frontier. Mais ce numéro pousse les choses encore un peu plus loin en approfondissant le mythe de l’héroïne, au point que Ram V signe peut-être là ce qui est pour l’instant l’un des meilleurs épisodes de son petit run. 

Ram V fait un pas de côté dans son intrigue générale pour approfondir son personnage-titre, en prenant le prétexte de l’interrogation pour explorer trois périodes de sa vie racontées en flashbacks. Souvent, ce type de narration sur plusieurs périodes temporelles a tendance à pécher d’une tentation d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Certains gros poissons se sont déjà cassés les dents à l’exercice. Mais pour le coup, Ram V le maîtrise comme un professionnel. Il gère notamment à merveille le rythme de son épisode, et ouvre un regard nouveau sur Selina à travers la vision que ses collaborateurs portent sur elle. Cela lui confère une aura mythique qui participe à l’excellence du numéro. 

En outre, Evan Cagle fait lui aussi un travail remarquable. Pour moi, l’un des gros atouts de Catwoman est le dessin de Fernando Blanco, dont le style me parle profondément. Je craignais de voir un autre dessinateur en fill-in pour le remplacer, à tort, tant Cagle porte l’épisode avec une nonchalance rafraîchissante, infusant ses pages formidables de détails, de dynamisme, d’ambiances variées. Son trait fin fonctionne à merveille pour donner au numéro son atmosphère atypique, illustrant bien combien il tranche dans le reste de la série. Les couleurs de Jordie Bellaire sont elles aussi excellentes, renforçant les différentes ambiances et époques de la narration.

De Nightwing au segment autour de Red Hood dans Urban Legends, et maintenant Catwoman on voit encore une fois que les titres édités par Jessica Chen sont ceux à lire en priorité dans l’univers de Gotham.

– myplasticbus

LES VALEURS SURES

Static : Season One #1

Scénario : Vita Ayala

Dessins : ChrisCross

Pour l’instant, il n’y a pas grand chose à retenir de ce numéro qui n’était déjà pas présent dans le Milestone Returns. On repose le statu quo de Virgil, les dynamiques qu’il a dans son lycée et au sein de sa famille, les nouveaux pouvoirs qu’il tente de maîtriser et son premier ennemi.

Tout est là pour ce reboot du coup, et les dialogues sont bien écrits. Static a des problèmes d’ados sans être agaçant. Les dessins ont un style assez spécial, on s’y fait, mais certains n’accrocheront probablement pas. Un départ timide, mais qui pourra encore s’améliorer au fil des numéros. L’intérêt est là en tout cas.

– Sledgy7

Supergirl : Woman of Tomorrow #1

Scénario : Tom King

Dessins : Bilquis Evely

Une nouvelle série portée par Tom King, c’est toujours un petit événement. Petit prétentieux surestimé pour les uns, successeur d’Alan Moore fantastique pour les autres, King ne laisse jamais indifférent. C’est donc avec une certaine appréhension qu’on rentre dans la nouvelle série qu’il porte aux côtés de Bilquis Evely aux dessins et Matheus Lopes aux couleurs, sans oublier Clayton Cowles au lettrage, seul habitué de Tom King dans l’équipe créative. 

Laissez-moi vous le dire de but en blanc : sur la forme, nous avons affaire à un comics fabuleux. Sur le plan créatif, l’équipe fait un travail merveilleux. Les brésiliens Bilquis Evely et Matheus Lopes, comme à leur habitude sur The Dreaming, donnent un côté onirique à ce monde alien et étranger et offrent un excellent world-building. Les couleurs pastels et volontairement froides renforcent l’aspect sérieux et dramatique qui se dégage de cet épisode introductif. Et l’expressivité offerte par Evely sur ses personnages, notamment Ruthye, dont la colère glaciale et impassible se ressent à toutes ses apparitions. 

Sur l’écriture, Tom King fournit aussi un très bon boulot. Il rythme très bien son récit, maîtrise ses dialogues, distille les informations, les fausses pistes comme les indices, avec parcimonie. On sent que King poursuit sa volonté de s’éloigner de ses tics habituels, comme on peut encore les sentir profondément sur Batman/Catwoman ou Strange Adventures, pour aller vers quelque chose dont il n’a pas forcément l’habitude. Comme sur Rorschach, c’est bienvenu, et on ne peut que se réjouir de cette évolution qui semble se confirmer. 

Vous allez me dire : où est le souci, si tout est si fantastique ? Il est là : cette nouvelle série Supergirl n’a pas grand chose d’une série Supergirl. Je sais de quoi je parle : j’ai lu des décennies de comics sur l’héroïne, sous différentes incarnations, et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas en reste lorsqu’il faut chanter les louanges de la période Peter David, une ère où les comics Supergirl savaient être sérieux, ambitieux et autrement engageants. 

Mais là, nous n’avons pas grand-chose à voir avec elle. King s’approprie comme à son habitude le personnage pour en faire une jeune femme portée par son traumatisme de jeunesse, qui ressent le besoin de se bourrer la gueule pour son anniversaire et dire beaucoup de gros mots. C’est très intéressant… mais pour le coup, on est surpris par cette orientation autour du personnage. Il est bon de faire évoluer les personnages dans de nouvelles directions, mais encore faut-il que cette évolution soit organique, fluide et cohérente. Ici, le changement de ton est drastique et brutal, et semble céder au trope disgrâcieux du “Pour faire évoluer un personnage, il faut le rendre malheureux”. Une bonne série Red Sonja, mais pas nécessairement Supergirl.Supergirl : Woman of Tomorrow est un très bon numéro d’ouverture. Il n’a juste rien à voir avec un comics Supergirl… ce qui est quand même dommage.

– myplasticbus

LES DÉCEPTIONS

Batman/Fortnite : Zero Point #5

Scénario : Christos Cage

Dessins : Christian Duce

Ah ben non les copains, le vrai méchant n’était en fait nul autre que le grand méchant ! Qui l’aurait cru ? De la même manière que la plupart du temps, lorsqu’un époux est tué, le responsable est son conjoint, nulle surprise ici. Dommage, notre homme poisson méritait mieux. Au revoir petit surimi parti trop tôt. 

Jusqu’à présent, le tout restait un tantinet moins convenu. Se manger des armes qui font “piou piou” sur une vingtaine de pages est à l’évidence assez décevant, d’autant qu’une véritable enquête aurait été de bon aloi. Bien entendu, certaines réflexions sont assez bien trouvées, comme le refus de tuer en dépit de la boucle temporelle. La volonté de plier le tout en 6 numéros se fait cependant ressentir. Sinon, si vous aimez la couleur violette, vous devriez être par moment servis. Pourtant, j’ai lu Amethyst, et j’ai de par mon pseudonyme coloré une résistance +4 aux jets d’épilepsie.

– Blue

Superman : Red and Blue #4

Scénario : Mark Waid, Francis Manapul, Robert Venditti, Michael Conrad, Rich Douek

Dessins : Audrey Mok, Francis Manapul, Alitha Martinez, Cully Hamner, Joe Quinones

La couverture annonçait la couleur : c’est le monde à l’envers ! Alors que le grand Mark Waid reprend ici du service, son récit ne se montre pas à la hauteur de ce qu’on aurait pu en attendre. L’auteur avait pourtant montré qu’il savait toujours aussi bien écrire Superman lors de The Last Stories of the DC Universe, mais le résultat se montre moins convaincant quand il choisit de prendre Mr Mxyzptlk comme protagoniste. C’est sympathique mais tout à fait anecdotique. La déception ne fait que se renforcer avec le second récit du talentueux dessinateur Francis Manapul, qui a choisi d’écrire lui-même un récit mettant en scène Bizarro. Encore une fois, ce n’est pas mauvais en soi mais on peine à comprendre l’intérêt du récit, qui reste toutefois très agréable à l’œil.

Ce sont finalement les récits qui prennent le moins de risques car centrés sur Superman qui relèvent le niveau. Robert Venditti, pourtant pas le plus apprécié des auteurs, livre une histoire certes classique mais très efficace sur l’influence que peut avoir le fait de montrer l’exemple. L’autre récit à retenir, plus surprenant, est celui de Rich Douek. L’auteur choisit d’intégrer la mode des challenges viraux au monde de Superman, ce qui s’avère pertinent en plus d’être bien exécuté, sans trop être moralisateur mais en restant fidèle aux valeurs du héros.

– Mocassin