Highlights de la semaine #132 (The Nice House on the Lake, Crush and Lobo, Conjuring,…)

Nouvelles Highlights pour notre première semaine de juin, chargée en sorties avec le début Crush and Lobo pour inaugurer le Pride Month, mais également de deux titres horrifiques, le spin-off de la saga Conjuring et le récit The Nice House on the Lake de James Tynion IV et Alvaro Martinez. Et puis beaucoup de Batman.

LES COUPS DE CŒUR

The Nice House on the Lake #1

Scénario : James Tynion IV

Dessins : Alvaro Martinez Bueno

Bien plus que dans son travail dans l’univers DC, c’est dans ses projets indépendants que James Tynion IV brille le plus. Something is killing the children ou The department of truth l’ont mis sur dans le haut du panier des auteurs horrifiques contemporains. Il continue ici de creuser sa route dans cette nouvelle série estampillée Black Label, éditée par Chris Conroy himself, avec aux dessins en co-créateur son acolyte Alvaro Martinez Bueno, son collaborateur depuis Batman Eternal, qui a également oeuvré à ses côtés sur Justice League Dark, et surtout Detective Comics. 

À la lecture de ce numéro introductif de The nice house on the lake, on se rend presque compte que toutes les séries indépendantes d’horreur qu’il a écrites jusque-là n’étaient que des brouillons préparatoires à quelque chose d’autre. Si la suite de la série continue de tenir les promesses imposées par ce premier épisode, nous serons face à l’un des meilleurs travaux de la carrière du jeune barbu. On s’attend à un énième ersatz de Cabin in the woods, version luxueuse et un peu bourgeoise. Et dans un premier temps, ça y ressemble : on trouve pas mal de personnages légèrement stéréotypés, cools, plutôt jeunes (ils ont presque tous mon âge, donc ils sont jeunes, ok ?), dans une maison sublime et hi-tech dans un paysage magnifique. On sait comment ça va finir, tout est déjà écrit d’avance. Mais en réalité, pas vraiment. Tynion IV parvient à nous surprendre en nous emmenant dans une direction toute différente et très plaisante. Mais c’est surtout l’exécution qui est parfaitement mise en place. Tynion utilise beaucoup de tics récents du genre (notamment les présentations sous forme de title-cards, avec des logotypes réminiscents d’un Jonathan Hickman) en les maîtrisant tellement que c’en est bluffant. Il rédige ici un comics profondément immersif, où le lecteur découvre les personnages et l’univers d’une manière très efficace. 

Comme souvent, Alvaro Martinez Bueno fait également du très bon travail, accompagné par la queen Jordie Bellaire aux couleurs. Si le dessin peut paraître chargé sur les premières pages, notamment à cause de couleurs très vives, la suite coule de source et nous explose. Les environnements, notamment, sont toujours somptueux, de la fameuse maison au cadre de vie général, qui semblent presque être des personnages à part entière (comme souvent chez Tynion, qui porte ce talent d’intégrer pleinement une histoire dans sa géographie).Même si The nice house on the lake ne dispose pas de la profondeur des premiers titres Vertigo, nous avons face à nous quelque chose de suffisamment efficace pour enfin faire du Black Label un héritier potentiel de la maison adultes de DC. En espérant que Chris Conroy, à la tête du label, continue sur cette voie-là.

– myplasticbus

Swamp Thing #4

Scénario : Ram V

Dessins : Mike Perkins

Toujours au top, Ram V et Mike Perkins se rendent encore une fois dignes de la Créature avec un récit onirique, intelligent et innovant tout en considérant toute son histoire. On retrouve le questionnement principal de l’auteur sur l’humanité et son rapport à la nature, sa place de plus en plus dévorante dans un environnement où elle n’a finalement pas sa place. Il remet ça en conflit avec les beautés de l’humain représenté par Levi, empathique et qui a un lien authentique avec Jennifer. Bref, c’est la masterclass comme on dit.

– Sledgy7

LES VALEURS SURES

Batman : The Adventures Continue Season Two #1

Scénario : Paul Dini, Alan Burnett

Dessins : Ty Templeton

C’est dans un format classique que nous avons notre premier numéro de cette suite de la suite de Batman : TAS (et c’est tant mieux), à croire que DC fait une croix définitive sur le format numérique. On va pas mettre la série en coup de coeur parce que ce n’est plus une belle surprise et qu’on va calmer nos ardeurs de fanboy, mais quand même, quel plaisir.

Cette fois-ci, on a droit à la Cour des Hiboux version Animated Series, introduite avec le meurtre du maire, plutôt osé pour cet univers. Les scénaristes sont plutôt malins pour gagner du temps, ils introduisent d’abord Deadman, ce qui leur permet de placer Dick Grayson dans le récit très facilement et de démontrer les pouvoirs des Talons, en plus de créer un duo dysfonctionnel avec Batman divertissant. C’est bien construit, c’est bien raconté, Templeton fait le taff. On apprécie.

– Sledgy7

Batman/Fortnite : Zero Point #4

Scénario : Christos N. Gage

Dessins : Christian Duce

Nous débutons donc l’arc final de cette histoire. Tous nos héros commencent à comprendre ce qu’il se passe sur cette île, et Deathstroke semble également bien décidé à résoudre le mystère, à moins qu’il ne soit lui-même un traître. 

L’histoire prend un tournant inattendu, repartant dans une ambiance enquête, et annonçant une intrigue à huis clos pour le prochain numéro. Il est étonnant de constater à quel point la narration arrive habilement à maintenir une ambiance assez sérieuse et sombre en dépit de pages présentant une alliance entre Batman, des vikings, et un poisson. Et pourtant, ça marche. Les dessins de Christian Duce y font d’ailleurs grandement.

Pour le reste, il semble plus compliqué de juger certains aspects du numéro. En effet, celui de cette semaine est sans aucun doute le plus orienté vers l’univers Fortnite, univers relativement inconnu de votre rédacteur. Cependant, le tout donne envie de s’y pencher occasionnellement, ce qui est la marque des bonnes écritures de crossovers : pousser un profane à s’intéresser à une autre franchise. Après, si vous pensez que je vais lancer des lives twitch Fortnite, vous pouvez vous brosser.

– Blue

Green Lantern #3

Scénario : Geoffrey Thorne

Dessins : Tom Raney, Marco Santucci

Plus mou dans l’histoire et des dessins plus inégaux, le titre Green Lantern garde de l’intérêt par la force de son fil rouge. J’aime suivre ce complot contre des Green Lanterns désarmés, surtout quand Sojourner Mullein est sur le devant de la scène dans la deuxième partie du numéro, bien meilleure que celle de John Stewart.

Je reste par contre dubitatif quant au flingue de Simon Baz. Son développement à l’époque de sa création n’était-il pas d’arrêter de toujours porter une arme à feu sur lui ? Je trouve étrange de lui en redonner une, ou du moins de ne pas en parler plus que ça.

– Sledgy7

Crush and Lobo #1

Scénario : Mariko Tamaki

Dessins : Amancay Nahuelpan

Tamaki revient sur un récit qui joue à fond la carte de l’adolescence, comme pour Supergirl : Being Super, sans en atteindre le niveau. On nous montre les difficultés que rencontre le personnage à se sociabiliser et à entretenir sa relation avec Katie, qui est son opposée totale, et bien sûr l’ombre de Lobo qui plane au-dessus d’elle. Nahuelpan fait du bon boulot avec des cases plutôt bien pensées, tandis qu’à la narration, Tamaki s’éclate bien quitte à être un cliché d’un teen movie plus bordélique que d’habitude.

La présence de Red Arrow est cool, mais la vie amoureuse de Crush est un peu le cadet de nos soucis. Ca tombe bien, puisque la fin du numéro nous montre qu’on va plutôt aller se taper en famille dans l’espace, avec un Lobo qui a l’air bien fun, c’est ça qu’on veut.

– Sledgy7

Justice League #62

Scénario : Brian M Bendis, Ram V

Dessins : David Marquez, Xermanico

Foncièrement, une fois de plus, le segment autour de la Justice League par Bendis n’avance pas beaucoup. Cela semble être la formule Bendis pour la série : beaucoup d’action, un vague character development, et peu d’avancées. C’est à la fois sympathique, bien rythmé et agréable à lire tout en étant générique au possible. Comme souvent chez le scénariste, les personnages sonnent tous pareil, si bien qu’il est difficile de distinguer qui parle exactement. Néanmoins, l’introduction d’Hippolyta dans ce numéro est plutôt efficace, sans doute grâce aux dessins de David Marquez, qui fait encore une fois la saveur principale de cet épisode. Il nous offre plusieurs pages absolument dantesques et fantastiques, remplies de dynamisme.

Malheureusement, on regrette toujours que le back-up sur Justice League Dark soit aussi faible… en nombre de pages ! Plus nous avançons dans l’histoire de Ram V et Xermanico, plus nous regrettons que ce back-up ne soit pas le titre principal, tant l’histoire est solide et intéressante. La League continue son exploration de la bibliothèque borgésienne, prétexte à des références littéraires succulentes (le petit prétentieux que je suis à toujours un faible pour les références à Infinite Jest et David Foster Wallace !) et à des jeux métafictionels qui séduisent toujours le lecteur. Il manque à Ram V une profondeur dans les personnages, leur ton et leur personnalité… malheureusement, cela tient notamment au petit nombre de pages qui lui est alloué… Alors on se contente de regretter ce qui pourrait être autrement une très grande série.

– myplasticbus

LES DÉCEPTIONS

BATMAN #109

Scénario : James Tynion IV

Dessins : Jorge Jimenez, Ricardo Lopez Ortis

Amusant de voir combien le Tynion IV qui nous livre une masterclass sur The Nice House on the Lake nous livre ici un exemple d’écriture paresseuse et fatigante au possible. Sous sa plume, la série Batman se transforme de plus en plus en catalogue qu’en véritable série intéressante. Sur le fond, j’avoue que j’apprécie plutôt ce qui se passe dans l’univers de Gotham actuellement : on sent une poussée en avant, une évolution, et j’aime quand les choses changent, c’est mon côté contemporain happé dans la modernité tardive. Mais dans la série Batman en elle-même ? Pas grand chose à voir, ni à explorer. Tynion a du mal à faire avancer son plot, qui tiendrait autrement sur quelques pages à peine. Le reste fonctionne comme du remplissage, comme un vague teasing des choses à venir. 

C’est par exemple dommage d’avoir ces longues pages de babysitting d’Harley par le Ghostmaker, qui n’ont pour objectif autre que de nous parler des choses à venir autour de Poison Ivy. Alors qu’il s’agirait de se concentrer sur la menace de Scarecrow ou du Magistrate, on s’ennuie pendant la majeure partie de ce numéro. Surtout lorsque le back-up autour du Ghostmaker intéresse toujours aussi peu. C’est plutôt joli (Jimenez sait quand même dessiner, on ne va pas se le cacher), mais qu’est-ce que c’est vide. On se concentrera plutôt sur Nightwing ou Detective Comics pour apprécier l’univers de la chauve-souris ces jours-ci…

– myplasticbus

Batman/Catwoman #5

Scénario : Tom King

Dessins : Clay Mann

Peut-être que j’ai simplement fait mon deuil d’avoir une bonne série qui concluerait effectivement le run de Tom King sur Batman en apothéose. La série s’est définitivement enfermée dans ses travers, qui sont désormais irrécupérables sauf grosse évolution. Le principal étant toujours cette structure narrative en trois parties, sur trois timelines différentes. Ce numéro le montre encore une fois : si deux storylines sont intéressantes, la troisième n’a pas beaucoup d’intérêt. Cela gâche franchement le plaisir de lecture, surtout qu’autrement, le fond n’est pas si mauvais. Si certaines pages sont plutôt jolies, Clay Mann continue de dessiner ses personnages comme des poupées, et surtout, il reste le principal artisan de l’aspect bancal du titre, ne sachant pas distinguer convenablement les périodes temporelles. Je resterai jusqu’au bout, mais j’ai perdu espoir, je l’avoue. 

– myplasticbus

The Conjuring : The Lover #1

Scénario : David L. Johnson-McGoldrick, Rex Ogle, Scott Snyder

Dessins : Garry Brown, Denys Cowan

Ce numéro (et certainement les prochains à venir) est le parfait exemple du comics publicité pour vendre un film à venir prochainement. On a donc droit à une histoire qui va beaucoup trop vite faute aux peu de pages à disposition de l’équipe créative. Et c’est dommage car l’ambiance aurait pu être beaucoup plus travaillée, les personnages bien mieux développés et moins clichés. Il n’y a malheureusement pas grand-chose à dire de plus sur les 15 pages que compte l’histoire principale. Cependant, le numéro compte également de petites surprises.

Scott Snyder nous gratifie de quelques pages formant un récit auto-contenu sur le mythe du passeur. Un récit très correct qui manque un peu de percutant sur la fin. Mais le principal intérêt de ce numéro, ce sont les fausses publicités horrifiques disséminées au fil de la lecture. Reprenant les codes des comics des années 1980, ces pages sont autant de petites sucreries originales et étonnantes, que l’on prend plaisir à découvrir et à décoder. Malheureusement, cela ne suffit pas à classer ce comics dans les valeurs sûres de cette semaine.

– Justafrogg

Crime Syndicate #4

Scénario : Andy Schmidt

Dessins : Kieran McKeown, Bryan Hitch

Ce quatrième épisode de Crime Syndicate marque une légère amélioration par rapport à ses prédécesseurs, mais continue de surfer dans les eaux de l’ennui. Une fois passé la découverte de sa vision de Terre-3 dans le numéro introductif, Andy Schmidt n’a plus grand chose à apporter depuis. Alors on poursuit la mini-série en s’ennuyant, sans passion, même pas enthousiasmé par un dessin qui serait formidable. Centré ici sur Power Ring, on continue d’avancer avec ce numéro dans les mêmes travers, avec une écriture formulaïque et prévisible et des personnages mono-dimensionnels qui ne sont jamais vraiment intéressants. Le cliffhanger suffira-t-il à rendre les choses plus passionnantes ? Franchement, j’en doute.

– myplasticbus

Suicide Squad #4

Scénario : Robbie Thompson

Dessins : Eduardo Pansica

Red X est au trou à Belle Reve. Mais comme c’est un génie, tout ne se passera pas comme prévu. Voilà maintenant quelques numéros qu’on connaît la rengaine autour de ce personnage trouble et mystérieux, qui devrait être le cœur de notre intérêt, l’antagoniste principal dans une série orienté autour des antagonistes. Sauf que, je ne sais pas vous, mais personnellement, je n’en ai pas grand chose à cirer de Red X. Ce personnage est beaucoup trop artificiel, vendu comme un enjeu qu’il a pour l’instant du mal à porter sur ses épaules. Le personnage a été introduit beaucoup trop vite dans la continuité DC, et n’a pas bien pris le temps de fasciner comme il se doit pour véritablement intéresser. Alors je vous avoue que  lorsqu’un numéro de Suicide Squad s’arrête principalement à nous montrer combien Red X est un génie hors-normes, en le faisant enchainer en tête à tête tous les personnages de la Squad, c’est un petit peu léger à mon goût.

Le numéro n’a pas grand chose à raconter, hormis un teasing intriguant concernant les différents membres de l’équipe (parce que Red X est un génie, il sait tout !)… mais on préférerait que ce teasing soit amené de manière organique et fluide plutôt qu’entre deux répliques lourdingues. Sans compter que le dessin d’Eduardo Pansica est au mieux banal, au pire inégal. La Squad déçoit encore une fois…

– myplasticbus