On est reparti pour de nouvelles Highlights des publications DC de la semaine. On commence à sentir le surplus de récits Batman, surtout qu’ils sont plutôt inégaux, on a d’ailleurs esquivé les mini-critiques de The Detective et Urban Legends, dans la droite lignée des précédents numéros. Cette semaine signe aussi le début de deux nouvelles séries hors continuité, Justice League : Last Ride et Future State : Gotham.
LES COUPS DE CŒUR
Future State : Gotham #1
Scénario : Joshua Williamson, Dennis Culver
Dessins : Giannis Milonogiannis
On s’intéresse encore à Red Hood dans les débuts de cette nouvelle série reprenant les événements de l’event du début d’année. Les deux histoires qui lui étaient consacrés pendant Future State étaient volontairement restreintes au niveau des couleurs, là on a carrément droit à des dessins de Milonogiannis en noir et blanc. Avec ce choix, le découpage qui est opéré et le trait du dessinateur, on se retrouve vraiment devant un manga, d’autant plus que les thèmes cyberpunk de la Gotham de Future State et le personnage principal rendent un hommage évident à Akira, et ça ne fait que se confirmer avec l’ajout en backup du chapitre de Batman Black and White qu’avait réalisé Katsuhiro Otomo.
En tout cas, ce Red Hood à moto fait plaisir à voir, sa situation dans ce futur proche est pleine de potentiel, puisqu’il se retrouve entre ses anciens alliés de la Résistance et les Peacekeepers, luttant pour ne pas reprendre ses habitudes de justicier devant cette Police radicale. Ça fait plaisir de voir les alliés de la chauve-souris (et Williamson) autant en forme.
– Sledgy7
Wonder Woman #772
Scénario : Becky Cloonan, Michael W Conrad
Dessins : Travis Moore, Paulina Ganucheau
Wonder Woman est de retour pour un numéro rempli de rebondissements, qui répond à plusieurs mystères et fait avancer efficacement son intrigue. On ne s’ennuie pas dans ce troisième épisode par Cloonan et Conrad, qui continuent d’explorer l’Asgard du DCverse, en nous faisant passer d’un serpent cosmique confiné qui vomit aux portes des Valkyries. Les scénaristes se permettent même de rajouter un personnage bien connu des lecteurs de DC, malheureusement souvent inexploité ces temps-ci. Travis Moore continue son travail de profonde qualité, avec une partie artistique qui continue d’être l’une des meilleures que l’héroïne ait connu depuis maintenant quelques années. Je dirais presque que la dernière fois que j’avais autant apprécié un artiste sur cette série, c’était au temps de Nicola Scott, c’est dire ! Il n’y a en réalité pas grand chose à dire sur Wonder Woman : la série continue d’être excellente et se déguste avec délectation !
– myplasticbus
Rorschach #8
Scénario : Tom King
Dessins : Jorge Fornès
Est-ce que vous lisez Rorschach ? J’ai l’impression d’être perpétuellement le seul à lire cette série dans mon entourage. Je n’en entends quasiment pas parler autour de moi, même dans les bureaux de la rédac de DC Planet. Et pourtant, c’est de loin la meilleure série signée par Tom King sur le marché à l’heure actuelle, et sans doute le meilleur hommage à l’œuvre d’Alan Moore possible, pour peu que vous ne soyez pas un puriste. Ce nouveau numéro prouve encore une fois la qualité de la série, qui gagnera vraiment à être lue d’une traite une fois terminée, même si elle s’apprécie aussi très bien au compte-goutte.
Je comprends les réticences de celles et ceux qui reprochent à la série d’utiliser des éléments de la vie de personnes réelles pour tenir un propos sur les comics. Ici, encore une fois, vous aurez droit à la présence d’un auteur phare déjà croisé dans la série, mêlé à une conspiration qui semble bien plus large.
À première vue, tout est calme, nous avançons dans la lecture en repérant quelques signes d’étrangetés. Mais globalement, tout coule, tout est ronronnant et normal, si ce n’est ce fameux détective au nom volontairement mystérieux, avatar du lecteur, qui paraît bizarrement un petit peu trop violent et tendu pour une situation aussi habituelle. Mais justement : tout est trop normal pour être normal. C’est là que le lecteur est retourné par le scénariste et son dessinateur, pour nous emmener sur une voie beaucoup plus large, profonde et dérangeante, notamment lorsque les trois interrogés nous regardent droit dans les yeux. Même si ce numéro de Rorschach n’est pas le meilleur écrit jusque-là, il reste merveilleusement bien écrit et représenté, et continue de tirer l’histoire dans un sens très intriguant. Vivement la suite !
– myplasticbus
LES VALEURS SURES
Justice League : Last Ride #1
Scénario : Chip Zdarsky
Dessins : Miguel Mendonça
À la sortie de ma lecture, j’étais dubitatif, mais après un peu de réflexion, ce futur alternatif a de l’intérêt. On a certes l’impression que Zdarsky a raté son train pour participer à Future State tellement le projet est le même, un avenir peu radieux avec des personnages qu’on reconnaît à peine dans leur attitude.
On retrouve un Batman trop Gotham-centré, Superman est au bout de sa vie et Wonder Woman a l’air passive (c’est encore une fois la moins bien desservie du lot pour l’instant), la Justice League est séparée depuis la Crise qui était celle de trop (avec des accusations graves entre héros), mais les Green Lanterns ramènent une surprise qui va devoir les rassembler malgré tout.
La mission promet des moments palpitants et j’ai hâte de voir le développement autour de la question de la policisation des héros de la Terre, surtout pour faire front aux United Planets. C’est une chose qui ne risque pas de plaire à ce Batman un peu relou sur les bords. Allez, on a confiance en Chip et ses bons dialogues, mais aussi en Miguel Mendonça, qui livre de belles planches dans un style mainstream.
– Sledgy7
The Joker #3
Scénario : James Tynion IV
Dessins : Guillem March, Mirka Andolfo
Ce numéro commence par un flash-back bien connu de l’histoire de notre héros, Jim Gordon. Nous revisitons les origines de la terreur de Gordon vis-à-vis du Joker en repassant la tête du côté de Killing Joke. Une partie de moi dirait bien qu’il faut toujours faire des références à Alan Moore pour faire du bon remplissage… mais honnêtement, le tout fait sens et c’est bien amené, notamment de manière visuelle et graphique. La série tient toujours assez bien son cap, nous faisant déjà avancer vers la rencontre entre le personnage qui porte la narration du titre et celui qui se contente de mettre son nom sur la couverture. L’approche continue autour de l’introspection de Gordon continue de bien fonctionner, notamment les scènes où notre retraité favori continue son enquête alcoolisée dans les boui-boui de cette ville sud-américaine.
Néanmoins peut-être que je m’habitue trop au titre, mais la magie fonctionne moins bien sur moi. Je reconnais ses qualités, notamment dans l’écriture et le rythme, mais peut-être que la série commence déjà à ronfler et à s’appuyer déjà sur des acquis. C’est le souci d’une série qui a été un peu trop bien mise en place : nous avons rapidement saisi l’ambiance et les enjeux, et nous en sommes devenu exigeants. Tant et si bien que même si la qualité est présente, on en demande toujours plus. Les dessins, notamment, sont certes loin d’être moches, mais passent aussi à côté de l’excellence. La faute notamment à une expressivité des personnages très limités.
À l’exception du Joker, tous les personnages ont une expression terne, neutre, ennuyée et blasée. Peut-être est-ce volontaire pour mieux mettre en contraste le clown des autres personnages ? Toujours est-il qu’on a vu mieux (mais je reprécise encore que je ne suis pas forcément très fan de March, dès la base…). Le back-up sur Punchline est un peu moins mauvais, mais ne convainc toujours pas.
– myplasticbus
DC Festival of Heroes – The Asian Superhero Celebration #1
Scénario : Collectif
Dessins : Collectif
Le principe du one-shot est bien vu, surtout dans cette période compliquée pour la communauté asiatique. Les histoires enchaînent les bons sentiments et se concentrent sur les points positifs de ces héros, toujours bloquées par un manque d’espace. Dustin Nguyen a par exemple assez de pages pour ne raconter qu’un déjeuner entre deux personnages, c’est très anecdotique, mais on apprécie de les revoir ensemble le temps de placer une petite phrase mignonne et des dessins toujours sublimes avec lui. Tout le numéro est à cette image.
L’appréciation du numéro se fera donc surtout sur celle des personnages concernés, c’est typiquement le genre de récits qui lasse très vite quand il s’agit de quelqu’un qui ne nous intéresse pas. Le one-shot se termine sur le fameux Monkey Prince, une histoire pas folle, mais qui pose les bases de ses pouvoirs, ses méthodes et son statu quo en effleurant rapidement son aversion pour les super-héros classiques. On nous promet son retour bientôt, et c’est là qu’on verra si ce personnage a réellement sa place chez DC, car du potentiel, on sait qu’il en a.
– Sledgy7
LES DÉCEPTIONS
Superman #31
Scénario : Phillip Kennedy Johnson
Dessins : Scott Godlewski, Norm Rapmund
Ce n’est pas mauvais, mais ça devient assez redondant. L’intrigue globale n’a que peu d’intérêt et ne sert finalement qu’à mettre artificiellement Clark en danger pour mieux mettre Jonathan en avant. Ce dernier tient d’ailleurs un discours plutôt intéressant sur ce qu’est réellement Superman, un titre ou un individu. Avec l’annonce du titre Son of Kal-El prévu pour juillet, il n’y a désormais plus aucun doute sur la volonté de l’auteur quant au devenir du jeune homme, et il faut dire que ça renforce l’ennui que procure le chemin pour l’amener à incarner Superman. Même s’il continue à livrer une chouette ode à Clark, Phillip Kennedy Johnson tend à se montrer trop redondant et prévisible pour livrer quelque chose de véritablement appréciable.
– Mocassin