Ce n’est pas seulement une nouvelle saison qui s’annonce pour Batwoman, mais aussi un nouveau départ. Après le départ de l’actrice Ruby Rose, la série doit relever un pari risqué : poursuivre son récit tout en introduisant une nouvelle héroïne jouée par Javicia Leslie.
La disparition de Kate Kane/Batwoman
La première grande inconnue de cette nouvelle saison, c’est la façon dont elle allait traiter le départ de Ruby Rose. De ce qui avait déjà été annoncé, nous savions que son personnage allait disparaître mystérieusement à la façon de Bruce Wayne dans la première saison, sans plus de détail, si ce n’est que cela constituerait l’une des grandes intrigues de cette année. Malheureusement, et bien que l’on devine que tout ne nous ait pas encore été dit, ce premier épisode entre déjà bien trop dans le vif du sujet, comme s’il fallait obligatoirement donner une première réponse dès le départ. Il faut dire que cela aide à créer des scènes larmoyantes qui sont assez appréciées sur la chaîne, même si elles ne fonctionnent pas vraiment ici.
La bonne idée de cette saison, c’est de reprendre comme s’il ne s’était rien passé dans un premier temps puisque l’on commence simplement avec une catastrophe qui nécessite l’intervention de Batwoman, jusqu’à ce que son équipe réalise qu’elle ne viendra pas. Sans trop en dire, sa disparition remuera nombre de personnages tels que son père, qui revit à nouveau la tragédie de Beth. La réaction la plus « amusante » et intéressante est probablement celle de sa sœur, qui ne pourra ainsi jamais réaliser ses rêves de vengeance. A travers elle, c’est comme si Caroline Dries (la showrunner de la série) criait sa frustration avant de tout bonnement saborder ses plans.
L’introduction de Ryan Wilder
La deuxième grande attente de cette saison, c’est l’introduction de la nouvelle héroïne de la série : Ryan Wilder. Créée pour la série, ce personnage incarné par Javicia Leslie apparaît dès le premier plan de l’épisode, alors qu’elle n’est encore que la spectatrice d’une catastrophe comme on pourrait le voir dans un épisode banal. Malheureusement, son importance dans le récit s’établit trop rapidement, trop artificiellement et sans fluidité. Au lieu d’y être intégrée, elle y est imposée. Très clairement, on ne souhaite pas attendre que Kate soit établie comme disparue pour amorcer la relève.
Bien que ce ne soit probablement pas le cas, Caroline Dries semble bien trop manquer de confiance envers son personnage fraîchement créé. Dès le départ, et tout au long de l’épisode, on nous assomme de flash-backs et de monologues d’exposition forcés et mal pensés pour prouver qu’elle a quelque chose à offrir et s’assurer que le public développe une empathie artificielle pour Ryan Wilder. Celle-ci en souffrira puisque les dialogues ne lui permettront que peu souvent d’être elle-même, le scénario préférant lui faire débiter sa backstory à qui veut l’entendre, lui enlevant tout mystère et tout naturel.
Si cela est aussi regrettable, c’est bien parce que l’on ressent que Ryan Wilder n’a pas besoin d’être imposée. Grâce à ce que l’on peut déjà apercevoir de son mode de vie et de son caractère, ainsi que la sympathie naturelle que dégage Javicia Leslie, le personnage donne d’emblée envie de s’y intéresser. Il n’y avait en vérité pas besoin de dévoiler son histoire aussi rapidement, ou même de lui donner un drame fondateur (trop commun d’ailleurs), l’investissement dans cette nouvelle Batwoman se serait fait naturellement au fil des épisodes (et il reste encore à faire).
Suite à l’épidémie de Covid-19 et au départ de Ruby Rose, un pari créatif aussi dangereux que stimulant s’imposait à Batwoman. Malheureusement, ce premier épisode confond vitesse et précipation, une habitude pour les premiers épisodes de série chez la CW, et ne parvient donc pas à convaincre. Heureusement, ces erreurs sont loin de condamner d’ores et déjà cette nouvelle saison, qui sera largement capable de retomber sur ses pattes si elle s’applique autant que la première.