On se retrouve en ce beau dimanche pour des Highlights très spéciales, puisque nous faisons un bilan complet de la première semaine de sortie de Future State. Vous retrouverez également d’autres numéros publiés ce 5 janvier dont le one-shot Generations et la fin tant attendue de Death Metal.
LES COUPS DE CŒUR
Future State : Wonder Woman #1
Scénario : Joëlle Jones
Dessins : Joëlle Jones
Dans ce numéro introductif de Yara Flor, la nouvelle Wonder Woman, nous apprenons finalement peu de choses. Néanmoins, c’est amplement suffisant pour nous faire tomber amoureux du personnage et se dire, comme le mystérieux narrateur, qu’elle est la personne qu’il fallait au bon moment.
De bout en bout, la partie artistique rayonne avec ce casting all-star. Les dessins de Jones sont fantastiques, expressifs, détaillés et offrent une construction visuelle sur chaque planche qui fonctionne merveilleusement bien. Elle infuse énormément de créativité dans son dessin, surtout dans la deuxième partie de l’épisode où elle réimagine les enfers comme une sorte d’aéroport bureaucratique et commercial, et son enchainement de cases rapide participe à la fluidité de la lecture. Elle est accompagnée au lettrage et à la colorisation par une équipe all-star, avec le fantastique Clayton Cowles et la dantesque Jordie Bellaire. Tous les deux font un travail splendide.
Sur la forme, le rythme est assez cadencé et la lecture est rapide. Elle utilise elle aussi le mode de narration à la troisième personne, qui semble déconnecté des images (une technique éprouvée par Tom King, et avant lui, Alan Moore ou Rick Remender). Même si elle en dit peu, elle en montre suffisamment pour que nous comprenions bien qui est Yara, dans toute son impulsivité, son assurance et sa détermination. Jones a créé ici d’emblée un personnage intrigant, attachant, formidablement bien croqué. Future State – Wonder Woman est de loin le meilleur numéro Future State de cette première semaine !
– myplasticbus
LES VALEURS SURES
Death Metal #7
Scénario : Scott Snyder
Dessins : Greg Capullo, Yannick Paquette, Bryan Hitch
Il m’aura fallu du temps pour mettre des mots sur ce que j’ai lu. Est-ce que j’ai aimé ? Détesté ? Probablement un peu des deux, mais avec la semaine qui passe, je finis par rester plutôt positif sur cet épisode final.
Globalement, j’ai toujours été assez adepte de Death Metal, même si l’anti-Crisis de Snyder et Capullo était souvent à côté de la plaque. Il y avait cet aspect toujours aussi loufoque et grotesque, mais sans la prétention de Metal, juste avec la bonne grosse dose de fun. Mais derrière le fun, on a souvent, au fil de l’event, manqué la touche émotionnelle, qui passait souvent à côté. Ce numéro vient réparer quelque peu la donne.
On reprochera sans doute à Death Metal sa prévisibilité. Après tout, on connaissait plus ou moins la conclusion avant même sa fin, grâce aux sollicitations et aux rumeurs sur les orientations de DC. Même narrativement, tout l’event conduisait vers ce deus ex-machina après des situations de plus en plus désespérées, vers ces échecs toujours plus grands. Néanmoins, Snyder maintient quelques surprises le long du chemin, et quelques moments vraiment touchants, notamment autour de Wonder Woman, malgré l’humour potache toujours présent et quelques moments de fan-service un brin lourdingues. Death Metal #7, derrière ses airs de grosse baston universelle et cosmique, se révèle comme une lettre d’amour magnifique à l’histoire de DC, qui conclut un cycle pour en ouvrir un nouveau.
On sent vraiment une nouvelle ère qui s’ouvre, celle du DC Omniverse, de l’Infinite Frontier et, en creux, celle de Marie Javins. Le numéro contient d’ailleurs probablement au moins un joli tacle à Dan Didio et à ses mauvaises idées. Et quoi qu’on pense de la réalisation, il y a là-derrière quelque chose de profondément excitant qui donne envie de continuer l’aventure pour voir comment se vivra cette dernière. Rien que pour ça, malgré ses défauts évidents, Death Metal #7 enthousiasme, au moins un peu.
– myplasticbus
Future State : Superman of Metropolis #1
Scénario : Sean Lewis, Brandon Easton
Dessins : John Timms, Cully Hammer, Valentine de Landro
Après avoir été transformé en adolescent par Bendis, Jonathan Kent devient maintenant un adulte ! Alors que son père est parti en mission à l’autre bout de la galaxie, c’est à lui que revient le devoir de protéger Metropolis en tant que Superman. Une responsabilité qu’il pourrait bien ne pas être encore prêt à endosser, et c’est là tout l’intérêt de ce récit.
Privé d’une évolution fluide, la caractérisation de Jon n’est pas la plus évidente à écrire ici, mais Sean Lewis s’en tire pourtant à bon compte. Plongé au cœur d’une action à priori complexe, le lecteur se rattachera facilement aux pensées de Jon tant elles sont compréhensibles et pertinentes, quand bien même celui-ci fait un choix qui est sujet à controverse.
Malheureusement, alors qu’une dynamique inédite entre lui et Kara s’annonce des plus intéressantes, l’auteur utilise el famoso ressort du « super-héros contrôlé donc c’est la baston ». Bref, les bonnes idées s’alternent avec les mauvaises, et on sent surtout que l’espace donné à Lewis ne sera pas suffisant pour développer ce qui aurait eu un intérêt à l’être. S’ensuit deux back-ups qui viennent donner corps à la situation posée précédemment. Dédié à Mister Miracle, le premier explore l’interrogation que pose la mise en verre de Metropolis à travers un regard humain, renforcé par le trait simple de Valentine de Landro, qui permet au lecteur de s’impliquer facilement. Le second récit centré sur The Guardian, en revanche, se montre moins convaincant et plus artificiel. Il a au moins le mérite de dépeindre le désespoir de Metropolis des mois après avoir été abandonnée.
– Mocassin
Future State : The Next Batman #1
Scénario : John Ridley, Brandon Thomas, Paul Jenkins
Dessins : Nick Derington, Sumit Kumar, Jack Herbert
La série principale de ce numéro est de très bonne facture. Elle nous introduit un nouvel univers cohérent où Gotham est géré par une nouvelle puissance appelée Magistrate, représentée dans les rues par les Peacekeepers, une milice chargée de faire tomber toutes les personnes masquées de Gotham. Loin d’être original, ce scénario n’est cependant que le socle à toutes les intrigues des titres de ce numéro. Le parti pris de The Next Batman est beaucoup plus pertinent. L’auteur nous place dans la rue, loin des enjeux globaux. Par le biais de Batman et de chacun des membres de la famille Fox, il développe un climat de tensions et de peur dans les rues de Gotham.
On prend plaisir à suivre chacun de ces nouveaux personnages dans sa quête personnelle à travers les événements chaotiques de Future State. Le nouveau Batman est profondément humain, débarrassé du poids de la culpabilité et de la gravité que porte Bruce Wayne. Il est beaucoup plus solaire et bienveillant. Malgré les quelques (fausses ?) pistes laissées, son identité reste dissimulée. L’occasion pour Ridley de donner au lecteur l’opportunité de s’identifier un peu plus au personnage et d’enquêter lui-même sur ce mystère.
Il est également agréable de retrouver le duo Nick Derington et Tamra Bonvillain aux dessins. Les planches, bien qu’un peu classiques, sont pleines de dynamisme et de profondeur, le tout sublimé par les couleurs vives, caractéristiques de la coloriste. Un numéro d’introduction efficace pour une série qui, on l’espère, gagnera en profondeur et en développement par la suite.
Outsiders
Toujours sur les mêmes bases scénaristiques que la série précédente, la série nous narre les aventures de l’équipe des Outsiders, bien décidés à extraire les Gothamites du joug du Magistrate. L’équipe est ici réduite à son minimum : Katana et The Signal. Le dernier étant d’ailleurs relégué au second plan dans ce numéro, ce qui n’est pas pour déplaire.
L’idée de faire des Outsiders les passeurs vers l’extérieur est intelligente. En plus de leur donner un objectif clair et précis, cela apporte à l’intrigue une ambiance d’action très bien sentie, à base de mission suicide et course poursuite enflammée. La caractérisation des personnages, bons comme méchants, est bien réalisée.
Les dessins apportent réellement une plus-value au titre, avec des planches épiques (celle de Katana dans l’immeuble est une idée géniale) et des couleurs parfaitement adaptées au propos. Le mystère entourant un troisième personnage en fin de numéro donne envie d’en savoir plus et de suivre ce titre qui promet de très belles choses.
Arkham Knights
Le parti pris de cette série peut sembler vraiment casse gueule au premier abord : Des vilains d’Arkham s’allient pour former une super-team et combattre la tyrannie. Mais la mayonnaise arrive à prendre. Non pas grâce au scénario, qui peine à être original et tend bien plus vers de l’action bas du front sans grand enjeu. Mais plutôt par l’écriture et la revisite de la majorité des personnages de l’équipe. L’Arkham Knight trouve enfin un intérêt comme meneuse de cette équipe peu fonctionnelle, avec autant un rôle de guide que de nounou. On sent grandement l’influence de Tynion IV sur le personnage d’Azrael dans son rapport à la foi qui est, à mon goût, de trop. Mais les relations qu’elle entretient avec les autres membres de l’équipe sont justes et puissantes. Le choix de prendre des personnages peu utilisés comme Dr. Phosphorus ou Dumpty, alliés à d’autres beaucoup plus célèbres (Szasz, Killer Croc, Double face…) est judicieux, donnant au lecteur un point de repère et de nouveaux éléments de découverte. Cela donne un ensemble satisfaisant, proche de l’esprit Secret Six, mais avec encore quelques défauts qui peuvent faire basculer Arkham Knights vers le mauvais côté de la force. On espère voir les autres personnages développés et l’intrigue devenir un peu plus attirante. Un titre à surveiller dans les prochains numéros de The Next Batman.
– Justafrogg
Future State : Swamp Thing #1
Scénario : Ram V
Dessins : Mike Perkins
Avec Swamp Thing, on plonge dans un futur très lointain où la nature a pris le dessus sur l’homme, jusqu’à quasiment l’éradiquer. La créature s’est alors créé une famille d’humanoïdes végétaux et part à la recherche des derniers d’entre eux. On identifie très vite les personnages importants dans cette quête qui mettra surtout en avant l’appartenance à deux mondes du Swamp Thing : il fait partie du Green, mais son passé d’humain semble ancré au fond de lui.
Mike Perkins propose des planches à la hauteur de son talent, arrivant à faire ressortir la mélancolie de la Créature dans un monde dévasté tout en étant dynamique dans l’action. La narration est très fluide et permet à l’histoire et les dialogues de Ram V d’en être que plus intéressants à suivre.
– Sledgy7
LES DECEPTIONS
Future State : Harley Quinn #1
Scénario : Stephanie Phillips
Dessins : Simone Dimeo
Le futur n’est pas très tendre avec le personnage de Harley Quinn. Reconvertie du côté des gentils, elle est maintenant traquée et capturée par le Magistrate, énième organisation à prendre le contrôle de Gotham City. L’originalité n’est en effet pas de la partie pour ce numéro. Le super-vilain n’est autre que Black Mask, surutilisé depuis le film Birds of Prey.
On trouve cependant de la nouveauté dans le design du personnage principal, avec une tenue et un comportement qui se rapproche énormément de Punchline. Harley est plus calme et posée, se laisse contrôler et réfléchit bien plus qu’elle n’agit. On peut apprécier la distance prise avec ses aventures précédentes, autant sur le fond que dans la forme. Mais le tout donne quelque chose d’assez fade, vu et revu, et ne se démarque pas de toutes les séries oubliables qu’a pu publier DC.
Côté graphismes, la mise en page et les dessins sont dynamiques. Le Gotham Cyberpunk voulu par l’auteure est plutôt bien rendu, avec un style très numérique et flashy. Cependant, les cases sont beaucoup trop chargées et nuisent à la lisibilité de l’action principale.
Pas mauvais mais pas bon pour autant.
– Justafrogg
Future State : The Flash #1
Scénario : Brandon Vietti
Dessins : Dale Eaglesham
Difficile de parler de déception quand on attendait rien, mais c’est la catégorie qui convient le mieux à ce numéro. Et pourtant, celui-ci est écrit par Brandon Vietti, scénariste de la série animée Young Justice, qui dépeignait pourtant de fort belle manière la Flash Family. C’est tout l’inverse que l’on retrouve ici, un massacre, aussi bien littéral que figuré. L’histoire, c’est celle d’une Flash Family aux abois depuis que la force véloce de chacun ait été volée par… Wally West.
Véritable cyclone qui détruit tout sur son passage, le rouquin adoré des fans subit un affront qui ferait presque rougir Heroes in Crisis, récit qui devient ici la nouvelle référence pour le personnage. Pour ne rien gâcher, les pages de Dale Eaglesham sont bien trop chargées. Bref, si vous rêviez de voir nos bolides se faire démolir à la chaîne par leur plus proche allié, vous allez régaler.
– Mocassin
Generations : Shattered #1
Scénario : Dan Jurgens, Andy Schmidt, Robert Venditti
Dessins : Collectif
Que pouviez-vous attendre d’un tel trio de scénaristes ? Ce long numéro ramasse les miettes de l’event Generation qui a finalement bien fait d’exploser et laisser Future State prendre la relève. On passe plus de la moitié à introduire les personnages choisis (sans trop de raison d’ailleurs) par Kamandi, répétant qu’il vient du futur et que la ligne du temps est en péril. Ça y est, on peut enfin avancer dans l’histoire et là, bagarre, dessinée par John Romita Jr. en plus.
Le seul intérêt peut donc se trouver dans les dernières pages avec l’introduction du super-vilain et le teasing pour le prochain numéro Generations : Forged, même si on va vite glisser ce numéro et sa suite dans un tiroir sombre aux côtés des comics bidons des 90s et les oublier à jamais chez DC.
– Sledgy7