Highlights de la semaine #107 (Endless Winter, Batman, Strange Adventures…)

On se retrouve comme chaque semaine pour les Highlights, le bilan de nos lectures hebdomadaires chez DC Comics, avec en l’occurrence les sorties du 1er décembre 2020, qui a signé le début du crossover Endless Winter, mais aussi de Batman/Catwoman, enfin. Vous pouvez retrouver sa critique dans le lien ci-dessous :

• Review VO – Batman/Catwoman #1

LES COUPS DE CŒUR

Strange Adventures #7

Collection : Black Label

Scénario : Tom King

Dessins : Mitch Gerads, Evan Shaner

Nous entrons ici dans la deuxième moitié de la maxi-série, et comme souvent chez Tom King, elle marque un turning-point. Ici, la situation est pour le moins controversée, et la gestion de l’histoire qui suivra ce numéro fera pencher la balance, pour savoir si Strange Adventures est une excellente série, ou un ersatz de Heroes in Crisis. En tout cas, pour l’instant, l’équipe créative fait des merveilles, malgré l’aspect profondément controversé des choix créatifs sur ce personnage. 

D’un côté, nous avons les scènes de torture psychologique profonde, où Adam est malmené par les Pykkts de manière tout à fait chill par un bourreau bavard et innocent aux airs de Jésus. Ils sont l’occasion pour Doc Shaner de sortir encore plus de son style traditionnel Silver Age pour entrer dans des dimensions profondément étranges, où l’on se retrouve dans des visuels trippy et psychédéliques dignes d’une série Young Animal. Ils provoquent chez le lecteur une confusion volontaire, faisant écho à celle d’Adam Strange. Et pour le coup, ici, l’esprit de confusion fonctionne beaucoup mieux que dans Batman/Catwoman, où il est mal maîtrisé. 

De l’autre côté, nous avons les scènes du présent dessinées par Gerads, profondément froides, austères, contemplatives. Alanna et Adam, seuls, avec une discussion intense qui nous confirme ce que certains soupçonnaient depuis quelques temps. Ici, Gerads fait encore des merveilles dans la posture ou le regard des personnages aux expressions profondément révélatrices tout en étant ambigües. Là aussi, un travail de maître. Sur fond de torture, de retournement psychologique et d’esprit de culpabilité, Strange Adventures nous fait doucement glisser sur une pente dangereuse, pour l’instant encore maîtrisée, potentiellement explosive et fébrile pour le personnage, qui commente le dédoublement intérieur du militarisme.

– myplasticbus

LES VALEURS SURES

The Dreaming : Waking Hours #1

Collection : Black Label

Scénario : G. Willow Wilson

Dessins : Nick Robles

The Dreaming : Waking Hours est pensé comme un grand rêve duquel on ne peut se réveiller. Jusqu’à maintenant chacun des protagoniste évoluait dans son monde imaginaire, peuplé de fées et d’anges, et d’autres personnages tout aussi ésotériques. Dans ce numéro, tout change et chaque rêve se transforme en cauchemar. Qu’il ait la forme d’une vérité difficile à entendre, d’une course poursuite avec des monstres, ou d’un VRP blond plus beau et plus jeune, chaque cauchemar va venir servir les trois intrigues parallèles qui sous-tendent ce récit.

Et le tout dans un seul but, faire grandir les personnages. G. Willow Wilson a su capter ce qui fait l’essence des rêves. Il s’agit d’un concentré de notre réalité qui s’entremêle, s’entrechoque pour donner un tout mystérieux, parfois agréable, parfois beaucoup moins. Mais qui, dans tous les cas, nous permet de grandir. De voir la réalité d’un nouvel angle.

 Tout cet arc aura été d’une exécution parfaite. En plus d’un scénario très bien construit et de protagonistes attachants et introduits à la perfection, G. Willow Wilson enrobe le tout de messages positifs de tolérance, d’ouverture, de beauté qui, bien que certainement naïfs, donnent de la chaleur au cœur du lecteur, et font voir la vie sous un merveilleux jour.

– Justafrogg

LES DECEPTIONS

Justice League : Endless Winter #1

Collection : Rebirth

Scénario : Andy Lanning, Ron Marz

Dessins : Howard Porter, Marco Santucci

En lisant ce premier chapitre d’Endless Winter, vous ne serez en fait pas déçus, parce qu’on s’attendait tous à quelque chose de consensuel, et on a tapé dans le mille. Des dessins dynamiques, un peu d’action et d’humour font que ce n’est pas désagréable à lire, mais on oublie aussitôt ce numéro sans saveur. Il reste un peu d’espoir quand on va découvrir un peu plus la proto-Justice League du Moyen-Age. J’aimerais également rendre hommage aux fans de Catman et des Secret Six, on ne vous a pas respecté, c’est moche.

– Sledgy7

Tales from the Dark Multiverse: Wonder Woman: War of the Gods #1

Collection : Rebirth

Scénario : Vita Ayala

Dessins : Ariel Olivetti

Si l’idée d’un combat épique à la fois physique et psychique entre Hecate et Wonder Woman vous plaît, vous aurez de quoi faire dans ce one-shot. Cependant, c’est un numéro très long, et honnêtement, certains aspects ne sont que de vilaines couleuvres à faire avaler au lecteur. Le coup des manipulations, la violence gratuite qui nuit au personnage (même si sous l’emprise de la déesse), il y a des idées qui pourraient être intéressantes mais mal exécutées et c’est dommage. 

Du côté des planches, on reste dans du classique, c’est certes coloré, dynamique, et lumineux, mais au final, rien de transcendant non plus. Ce qui nous donne un récit moyen accompagné par des planches sans originalité. Je m’attendais à mieux.

– Harley

Batman #104

Collection : Rebirth

Scénario : James Tynion IV

Dessins : Ryan Benjamin, Danny Miki, Bengal, Guillem March

Tynion IV continue de décevoir avec ce troisième chapitre sur l’arc du Ghostmaker. Encore une fois, il en fait beaucoup trop à l’écriture, en essayant de donner des airs de grandeurs à son antagoniste qui sont plus lourds qu’impressionnants. Tynion IV exprime tout, explicite tout sans aucune finesse, ne laisse aucune place à une quelconque ambiguité, au point qu’on a l’impression d’être non seulement pris pour des demeurés, mais en plus, ça rend le tout inintéressant à lire. 

Un exemple pourrait être celui de la relation et du conflit entre Batman et Ghostmaker. Sur le papier, l’opposition entre les deux personnages pourrait être intéressante. Mais Tynion IV en fait beaucoup trop, développant dans un flashback très long la source du conflit entre les deux justiciers, mais sans nous apprendre quoi que ce soit. Tous les lecteurs avaient probablement déjà compris les racines idéologiques de l’affrontement entre les deux… Mais le scénariste fait intervenir Dick pour raconter une histoire qui ne semble servir qu’à faire du remplissage. Cela laisse ainsi, comme souvent dans ce run, un profond sentiment de vide, où l’objectif est simplement de ramener les personnages du point A au point B, et de remplir au milieu pour essayer d’appuyer très fortement son propos. C’est non seulement une écriture mauvaise et paresseuse, mais c’est aussi une pauvre exécution en terme de plotting. 

Malheureusement, la partie artistique n’aide pas. 4 artistes se succèdent ou s’intercalent dans cet épisode, et ne parviennent pas à offrir un résultat satisfaisant, oscillant entre une illustration pas mal et un dessin old-school plutôt disgracieux, même s’il fait le travail. La multiplicité de style nous fait sortir de l’histoire plutôt que de l’enrichir, et c’est bien dommage. Encore un numéro décevant dans un run qui ne convainc décidément pas, malgré ses bonnes intentions.

– myplasticbus

DCeased : Dead Planet #6

Collection : Rebirth

Scénario : Tom Taylor

Dessins : Trevor Hairsine

Cet avant dernier numéro est un grand n’importe quoi du début à la fin. Les multiples éléments de scénario mis en place par Taylor lors des six numéros précédents trouvent enfin leur but : créer une grosse baston finale. Rien de plus. L’auteur n’en a plus rien a faire de la cohérence. J’imagine très bien Tom Taylor arrivant au boulot le matin : « Bon les gars, il faut boucler toutes les intrigues, alors faisons cela vite fait personne ne le remarquera. Et pourquoi pas rajouter encore deux ou trois éléments parce qu’on ne sait jamais, imaginez que quelqu’un y comprenne encore quelque chose, il faut remédier à cela. ».

C’est beaucoup trop chargé et c’est dommage car s’il y a une choses que sait faire Tom Taylor, c’est écrire ses personnages. Il sont humains, profonds et servent parfaitement les différentes relations présentes dans le titre. Car des personnages, il y en a également beaucoup. Et c’est peut-être la cause de ce tintamarre final où le scénariste se sent obligé de remettre absolument tout le monde en avant. En faisant cela, il en oublie l’essentiel de son récit, les zombies. Disparues depuis les premiers numéros, on ne les retrouvera pas ici. Car tout le monde sait que les gens préfèrent largement voir John Constantine en cosplay de Ragman, avec le casque de Dr Fate et les pouvoirs de Shazam. Trop c’est trop !

– Justafrogg