Review VF – Green Lanterns Récit complet Tome 7-8-9

Après plusieurs mois de coma avec sa formule kiosque, les histoires Justice League Récit complet reviennent chez Urban Comics avec la sortie de Batman Bimestriel #6. Pour rappel, ce format était devenu, depuis juillet 2019, le seul moyen de suivre régulièrement les épisodes de Batman Rebirth et de Detective Comics. En conséquence, on avait pu dire adieu aux séries Action Comics, Superman Rebirth, Flash Rebirth, Green Lantern Rebirth, JLA, Suicide Squad Rebirth et bien d’autres encore. Mais l’éditeur n’avait pas abandonné l’idée de continuer à proposer des récits originaux. Une décision fort saluable qui permettait aux lectrices et lecteurs de profiter de nouveaux récits complets à petit prix. Aujourd’hui, séance de rattrapage car il sera question de la série Green Lanterns. Publiés respectivement dans les Batman Bimestriel #2,#4 et #6, voici la suite et la conclusion de la seule série DC Rebirth qu’Urban Comics aura publié uniquement en kiosque.

IL S’EN PASSE DES CHOSES GRÂCE À « TINDER« 

Green Lanterns Vol.7 : Traffic surhumain est principalement écrit par Tim Seeley. Lors de l’arc précédent, l’auteur nous plongeait dans des situations sociétales en rapport avec notre actualité. Ici, c’est de nouveau le cas avec la gestion du célibat chez les héros. Et quoi de mieux qu’être en harmonie avec les technologies actuelles telles que les applications mobiles de rencontre. Sous le nom de Caped, mais inspirée des applications de rencontre comme Tinder/Meetic etc… cette application a pour originalité de ne s’adresser qu’aux super-héros. Les deux Lanterns étant célibataires, cela tombe plutôt à pic. Pour le coup, cela met Jessica Cruz et Simon Baz dans des situations plutôt souriantes comme avec la scène du matchmaking. Bien sûr, l’intrigue va très vite prendre de l’ampleur quand le «plan d’un soir» de Simon disparait mystérieusement. L’enquête des Lanterns les mènera dans l’espace et dévoilera l’implication d’une organisation axée sur l’esclavage des super-héros.

Ce que l’on retient de bon dans le récit, c’est le traitement de ses personnages principaux. En effet, Simon et Jessica parviennent à demeurer naturels selon les différentes situations qu’ils traversent. Tantôt stoïques, tantôt détendus, les personnages abordent les obstacles comme toute personne censée le ferait. On n’est clairement pas au niveau d’un Batman qui anticipe tout avec 15 coups d’avance, ni d’une Suicide Squad qui privilégie l’action expéditive sans se soucier des dommages collatéraux. En revanche, l’inconvénient du récit réside dans le fond de ses thématiques. Tout au long, on parcourt la vision de Seeley sur les pièges de la religion organisée, son rapport avec l’échelle sociale ou le désir de se joindre à une communauté. Le sujet est pertinent, surtout dans l’univers Green Lantern où l’appartenance à un culte, un groupe ou une culture prend une dimension quasi-infinie avec le nombre d’espèce et de planète dans l’univers. Mais, bien que l’intention soit louable, le sujet est trop vaste et complexe pour n’être traité que dans quelques chapitres. Tim Seeley est limité par ses moyens, cela se voit et se ressent. Finalement, on reste sur une histoire qui réussit superficiellement ce qu’elle entreprend, ni plus ni moins.

Heureusement, ce septième volume se termine par un dernier chapitre, l’annual #1 écrit par Andy Diggle. Ce numéro tire son épingle du jeu par son aspect mystérieux autour d’un certain Lantern Perdu. Bien que sans conséquence sur le reste de la série, il permet néanmoins de montrer un duo toujours fort dans les épreuves, et même une Jessica très capable quand elle est seule.

L’HÉROÏNE DERRIÈRE LE MASQUE

Green Lanterns Vol.8 : Les Fantômes du passé est le dernier récit écrit par Tim Seeley sur la série. Il contient de nombreux points positifs et seulement quelques négatifs. Ce volume nous plonge dans le passé de Jessica Cruz, précisément lors du traumatisme qui l’a conduite à vivre recluse chez elle pendant plusieurs années (Cf Justice League Tome 8 ou Justice League Intégrale Tome 4.) Jusqu’alors inexplorée, mais souvent évoquée, cette visite du passé fournit des réponses à des questions longtemps restées en suspens, et le fait d’une manière qui combine avec succès le suspense et l’émotion. En effet, il met en lumière sa forte relation avec ses ami.e.s et le moment où tout à basculer tragiquement. Le traumatisme que bons nombres de héros ont aussi vécu. Cela rajoute une dimension plus compatissante au personnage, et rend compte de l’effet qu’a eu cet impact sur ses actions dans chaque histoire. A la fin, le dénouement est bien mené, et constitue en soi une conclusion suffisante au parcours initiatique de Jessica.

Le seul inconvénient est que les péripéties des super-héros, en parallèle à l’histoire personnelle de Jessica, ne sont pas très intéressantes. La présence de la Justice League et de Constantine n’ajoute pratiquement rien à l’histoire, et les solutions apportées restent assez simplettes. C’est loin d’être un réel défaut, mais cela empêche la narration de se démarquer aussi bien qu’il le pourrait. Il n’en demeure pas moins que cet arc est l’un des plus intéressants de toute la série. Plus personnelle et plus intimiste, l’histoire retient l’intérêt tout du long, et constitue une lecture indispensable pour tout fan de Jessica Cruz. Le dernier point de ce tome réside dans un deuxième sous-arc narratif où Simon et Jessica sont accusés à tort d’un crime. L’intrigue est solide, mais n’éveille aucun intérêt tant c’est banal au possible.

THE GREEN LANTERN CORPS X INDEPENDANCE DAY

Green Lanterns Vol.9 : La Puissance du Mal, est le dernier arc narratif de la série écrit par Dan Jurgens. Après huit volumes, Green Lanterns donne tout ce qu’il lui reste pour une histoire digne d’un film de Roland Emmerich. Fier de cette intention et muni de quelques bonnes idées, l’auteur a concocté un scénario bourré d’action aux multiples sous-intrigues. En effet, le récit nous entraine rapidement vers une bataille entre les forces des Green Lanterns et celles d’une armada spatiale hostile, friande de planète à détruire. Une fois ceci mis en place, l’intrigue principale va laisser sa place au développement de nombreuses sous-intrigues. D’ailleurs, Simon Baz en sera le dénominateur commun et occupera un rôle prépondérant dans le récit. La révélation du cerveau derrière cette histoire fera monter l’action d’un cran avec le combat d’un des plus puissants vilains(Cyborg Superman) de DC maniant l’une des armes les plus puissantes de l’univers (l’Anneau Fantôme).

Cependant, en dehors de la bataille et des grosses explosions, le volume n’offre pas grand-chose. Après avoir joué dessus pendant une cinquantaine de numéros, le charme qui rayonne entre Jessica et Simon est complètement absent du volume. Ce qui contraste inconfortablement avec le reste de la série. En évitant de répéter toujours les mêmes thèmes, Dan Jurgens tente bien quelque chose de neuf, mais cela ne fonctionne pas du tout avec le caractère que les personnages ont développé tout au long de la série. Enfin, le dernier bémol provient de la fin de la série qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Sortie de nulle part, on y voit une conclusion greffée au forceps qui fait vraiment tache, bien que cela ne gâche en rien l’ensemble. Au pire, il vaut mieux considérer ce dernier tome comme un numéro annual ou un épisode à part.

CE QUE L’ON RETIENT DE BON ET DE MAUVAIS DE LA SÉRIE

D’un point de vue personnel, on remarque qu’il y a bien un avant et un après Sam Humphries. Suite au départ du scénariste après le run de l’Anneau Fantôme, mettant ainsi fin à la première partie de la série Green Lanterns, les histoires suivantes furent bien différentes sous la plume de Tim Seeley. Effectivement, elles sont plus terre-à-terre, indépendantes, et ne semblent plus autant liées entre elles. Hormis pour le tome 8, Tim Seeley ne s’intéresse plus au développement des personnages mais à leurs implications dans des conflits généraux. En fin de compte, on retrouve le même résultat que dans le triste run de Bryan Hitch avec Justice League Rebirth. Par exemple, vous souvenez-vous que ces Green Lanterns faisaient partie intégrante de la Justice League? Vous rappelez-vous de la relation amoureuse entre Barry Allen et Jessica? Très peu pour moi en ce qui me concerne.

Ce que l’on demande d’une série consacrée à des nouveaux personnages, c’est qu’ils soient correctement caractérisés et développés. Il faut pouvoir sentir une vraie évolution quand on relit le premier numéro. C’est le cas de Jessica et de Simon. La première souhaite s’extirper de ses peurs intérieures, et le second veut démontrer sa valeur pour réparer ses erreurs. Et il y a de bons épisodes pour alimenter cela. On y croise la formation des nouvelles recrues par les précédents Lanterns terriens, le retour de Volthoom, l’apparition du premier anneau de pouvoir, l’Anneau Fantôme, ou les origines du Green Lantern Corps. Certes, il y a quelques incohérences par-ci par-là, mais ce ne sont pas des gros défauts.

En résumé, ces derniers récits complets Green Lanterns sont relativement banals et très dispensables. Seule la revisite du passé de Jessica mérite de l’intérêt, même si au final les enjeux étaient déjà connus depuis Justice League de DC Renaissance. Quant au tome 9, il s’agit du seul O.V.N.I de la série tant il tranche au niveau du fond et de la forme par rapport aux anciens arcs. Pire, il déconstruit le personnage de Simon Baz. Les personnages de Jessica Cruz et Simon Baz méritaient une meilleure fin que celle qui a été servie ici. Dommage car ces héros constituaient une bonne porte d’entrée dans l’univers de Green Lantern.