On se retrouve comme chaque semaine pour les Highlights, le bilan de nos lectures hebdomadaires chez DC Comics, avec en l’occurrence les sorties du 25 août 2020. C’était notamment la semaine de sortie du tant attendu Batman : Three Jokers, qui a eu droit à sa propre critique, mais d’autres séries ont attiré notre attention, surtout vers le Black Label.
LES COUPS DE CŒUR
The Question – The Deaths of Vic Sage #4
Collection : Black Label
Scénario : Jeff Lemire
Dessins : Denys Cowan
Jeff Lemire sort encore une mini-série de haute volée avec The Question. Le titre a pris un peu de temps à complètement me convaincre, mais la conclusion remplit parfaitement son rôle. Denys Cowan pose une ambiance polar prenante sur des thèmes très pulp comme le Western et les détectives des années 30/40 mais aussi sur des thèmes sociaux typiques du personnage. Sur fond de lutte des classes, Vic Sage finira le voyage à travers ses multiples vies en arrêtant un maire corrompu et un prêtre qu’il considère comme le Diable, dans le plus pur des manichéismes. Je dois admettre que j’ai même sûrement raté un niveau de lecture dans cette introspection à travers ces trois époques, qui demanderait une relecture d’une traite plutôt que 6 mois entre deux numéros.
Le titre se veut aussi un bel hommage à ce qui était fait par Steve Ditko bien entendu, mais surtout Dennis O’Neil dans les années 80 avec la philosophie zen et le complotisme. À défaut de ne pas le bouleverser, c’est un excellent rétablissement de The Question dans l’univers contemporain à la fois mystique, polar et social qui me fait me demander : pourquoi Jeff Lemire n’a-t-il jamais écrit sur Daredevil ?
– Sledgy7
John Constantine : Hellblazer #9
Collection : Black Label
Scénario : Simon Spurrier
Dessins : Aaron Campbell
Est-ce que j’ai vraiment encore besoin de vous dire combien Hellblazer est génial ?
Avec ce numéro Spurrier aborde le sujet de la royauté anglaise et montre à quel point derrière les paillettes et l’aspect magique qu’elle peut avoir aux yeux du public. Mais en fait les dessous de tout ça c’est que cette institution est profondément pourrie et elle ne pourra faire que dépérir tout aspect de pureté. Cette idée Spurrier la développe en plus en utilisant des éléments tirés de la réalité avec les suspicions qui pèsent sur le prince Andrew, prince qui, même si son nom n’est jamais prononcé, est l’un des protagonistes de cette histoire.
Spurrier est donc toujours aussi bon et son Constantine toujours aussi bien écrit, qui plus Aaron Campbell fait son retour et l’artiste avec son style particulier réussit à donner une ambiance tout à fait particulière à cette histoire. Comme vous le savez, le titre n’a pas été reconduit par DC. Malgré le fait que Spurrier voulait continuer au delà des 12 numéros, nous n’aurons pas de suite à ce qui est tout simplement la meilleure série actuelle chez DC, ce qui est franchement inexcusable. Donc, achetez en masse le tpb qui doit sortir en septembre, ce sera le seul moyen de montrer à DC combien on tient à cette série.
– Claygan
LES VALEURS SURES
Suicide Squad #8
Collection : Rebirth
Scénario : Tom Taylor
Dessins : Daniel Sampere
Décidément, les actions des riches et puissants sont à l’honneur cette semaine. Après Constantine et la royauté, ici nous avons donc les riches et la façon dont ils vont exploiter les pauvres pour parvenir à leurs fins. Cette façon de caractériser Ted Kord est toujours assez étrange celui-ci n’ayant vraiment plus rien d’un héros. A voir s’il y aura un twist final, ou si c’est vraiment un parti-pris de Taylor. Quoiqu’il en soit ce numéro fonctionne très bien, toujours avec une partie graphique très bonne. Qui plus est on en après plus sur le passé de Wink et Aerie les nouveaux personnages de Taylor. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ces personnages fonctionnent bien.
– Claygan
Wonder Woman #761
Collection : Rebirth
Scénario : Mariko Tamaki
Dessins : Carlo Barberi
La dernière livraison de Wonder Woman n’est pas un mauvais numéro. La caractérisation de Diana est toujours intéressante (même si celle de Maxwell Lord est un peu caricaturale), on avance dans l’intrigue et il y a quelques jolies surprises. Néanmoins, c’est presque un peu trop généreux. Il y a tellement de choses avancées qu’on perd le rythme, et on ressent un sentiment général de trop plein face à la suite de l’intrigue. Le cliffhanger laisse aussi malheureusement sur sa faim et on garde cette impression que la suite risque d’être peut-être un peu moins intéressante (mais j’espère me tromper).
Aussi, même si Carlo Barberi fournit un plutôt bon travail, il faut dire ce qui est : c’est difficile de succéder à Mikel Janin ! Les pages bénéficient d’une mise en page un peu moins intéressante, le physique de Diana est plus juvénile et peine à mettre pleinement en valeur l’héroïne. Mais je suis aussi peut-être un peu méchant : le dessin aurait été parfaitement acceptable s’il n’avait pas suivi un travail extraordinaire de Janin. Somme toute, malgré tous les éventuels défauts du numéro, Mariko Tamaki continue son arc avec générosité et qualité, on reste quand même loin de la déception.
– myplasticbus
Batman/Superman #11
Collection : Rebirth
Scénario : Joshua Williamson
Dessins : Clayton Henry
Honnêtement, avec Batman/Superman, on est loin de tenir la série de l’année. Mais ce numéro confirme encore une fois combien elle reste plaisante. Williamson et Henry arrivent à conclure cet arc en suivant des enjeux cohérents, même si on regrettera un status-quo final qui n’a pas fait avancer des masses l’intrigue.
Mais pour l’ami Joshua, l’intrigue est finalement peu importante et sert avant tout à approfondir ses réflexions sur la nature des personnages et la relation entre les deux héros. Ici, c’est particulièrement la question de l’auto-abaissement de Superman qui est mis en avant, avec la subtilité habituelle que l’on connaît du scénariste (pas très fine, quoi). Néanmoins, ce sujet est rarement mentionné dans ces termes-là, et parvient malgré tout à nourrir la réflexion un tant soi peu. De toute manière, on lit cette série pour son esprit résolument Silver Age, en s’armant d’un peu de nostalgie, avec ce petit plaisir de lire quelque chose qui s’assume complètement old-school. On sait dans notre tête que ce n’est pas excellent, mais il y a cette légère affection qui provoque un léger sourire en coin de lèvre et procure un plaisir certain à la lecture. On a beau savoir que cette tirade de Superman est hyper naïve et aurait pu être écrite en 1963, on arrive pas à s’empêcher de l’apprécier quand même. Et cette petite qualité suffit pour faire flancher mon incroyable faiblesse d’esprit.
– myplasticbus
DECEPTIONS
Action Comics #1024
Collection : Rebirth
Scénario : Brian M Bendis
Dessins : John Romita Jr.
Sur le papier, le numéro est bon. En théorie. L’histoire avance, il y a de véritables enjeux, et le sentiment d’une direction générale, qui fait du bien (surtout en rapport à l’horrible arc précédent). Mais en théorie, comme on le sait, tout va toujours bien. Dans l’exécution, ça patauge. Bendis n’arrive pas à poser le ton qui convient et à transmettre le sentiment d’urgence qui devrait régner ici. Le scénariste décompresse beaucoup trop dans ses dialogues, au point d’arriver à quelque chose qui fait perdre son intérêt à l’histoire.
Comme souvent chez lui, tous les personnages sonnent quasiment pareil et peinent à adopter des comportement crédibles. On peine par exemple à distinguer les dialogues entre les différents membres de la famille de Superman, qui sonnent tous pareil (et les dessins de Romita Jr n’aident pas toujours à distinguer Clark de Jon non plus…). Romita Jr continue sur la lancée du précédent numéro, à savoir sur un dessin qui n’est pas dans la catastrophe absolue, mais encore loin d’être à la hauteur des standards qu’on pourrait attendre d’une telle série (et d’un tel artiste, qui a quand même connu quelques belles heures chez la concurrence).
– myplasticbus
Legion of Super-Heroes #8
Collection : Rebirth
Scénario : Brian M Bendis
Dessins : Collectif
J’attendais ce numéro avec beaucoup d’impatience. Jusque-là, la série tient ses quelques bons résultats essentiellement grâce aux dessins de Ryan Sook, tant Bendis n’arrive pas à gérer la bête, à l’exception d’un ou deux numéros corrects. Ici, Sook laisse globalement la place à un casting all-star, avec un artiste différent parpage et du très beau monde. Pêle-mêle, on trouve entre autres Evan Shaner, Jeff Lemire, Dustin Nguyen, Bilquis Evely, Joëlle Jones, Alex Maleev, Liam Sharp, Yannick Paquette, Michael Allred, et tant d’autres ! Sur le papier, cela pourrait donner quelque chose de fantastique, une sorte d’histoire en forme d’art-book de folie qui laisserait les artistes s’éclater.
Le problème, c’est que lorsqu’on a un superbe casting au dessin, encore faut-il leur donner quelque chose à dessiner. Bendis offre à ses dessinateurs un récit décousu et d’une densité phénoménale, qui parvient à ne rien raconter tout en essayant de faire avancer l’histoire. Il massacre les personnages, et n’arrive pas à stimuler l’enthousiasme des anciens lecteurs de la Legion (comme moi) et je pense qu’il a perdu les nouveaux lecteurs depuis longtemps (dites moi si je me trompe). Du coup, malgré l’action, on s’ennuie, et le dessin (malgré quelques très belles planches) participe à l’impression de récit disparate, sans direction. C’est dommage.
– myplasticbus
Teen Titans Annual #2
Collection : Rebirth
Scénario : Robbie Thompson
Dessins : Eduardo Pansica
C’est la fin d’une longue trame sur les Teen Titans avec Damian Wayne à leur tête. Je considère ce titre comme l’un des pires depuis bien 30 numéros, et cette première conclusion n’en réchappe pas. Malgré une charge émotionnelle de voir Robin confronter enfin son père et s’apprêter à prendre son envol comme tous les Robins avant lui, le traitement de Damian reste toujours aussi contradictoire avec les 10 ans d’histoire qui ont précédé cet annual.
Faire des Teen Titans une équipe d’anti-héros était stupide, le roster n’est pas intéressant et Damian est de retour à sa personnalité de sa première apparition. Il est celui qui tient le plus au titre de Robin et à l’héritage de son père, laissant derrière lui la justice expéditive de sa mère. Mais rien à foutre, si Jon Kent n’est plus là, on le fait redevenir pire qu’à l’époque et tout abandonner. Je sais qu’il rentre dans l’adolescence, mais en terme de traitement, c’est médiocre. C’est dommage car l’impact aurait pu être là et Pansica se donne pour rendre la scène dramatique.
– Sledgy7