Il y a des crossovers peu évidents au premier abord. On peut penser à ce qui s’est fait récemment entre DC et Looney Tunes par exemple. L’idée d’une intrigue mêlant le Joker et Daffy Duck n’est pas la première chose à laquelle on peut penser. Mais s’il y a bien un crossover qui devait se faire, c’est celui entre l’univers de la Justice League et celui du comics Black Hammer. Si, en plus, le tout est orchestré par Jeff Lemire, alors l’attente est encore plus grande. Voyons ensemble si la cohabitation des deux mondes tient toutes ses promesses.
Les opposés s’attirent
Avant tout, pour les lecteurs exclusifs à DC, il est nécessaire de reposer quelques bases. Black Hammer est un comics créé par Jeff Lemire et publié aux États-Unis par Dark Horse, la troisième plus grosse maison d’édition du pays (et par Urban Comics en France). Celle-ci met en scène un groupe de super-héros coincés depuis dix ans dans une ferme après leur bataille contre l’Anti-Dieu. Black Hammer, c’est surtout l’essence de l’écriture de Jeff Lemire. Un drame qui n’a d’héroïque que le contexte, et qui met l’emphase sur la personnalité des protagonistes, leurs interactions, leur perception et réactions face au monde qui les entoure. Mais pour mettre tout ça en place, il s’est servi d’un matériel de base qu’il connaît très bien : les comics de son enfance. Et, en particulier, des personnages d’un éditeur : DC Comics. Chaque héros de la série est alors une version plus extrême des personnages que l’on connait. Plus sombre, plus torturée.
S’il semble maintenant évident que, de base, ces deux univers sont faits pour se rencontrer, cela l’est beaucoup moins quand on regarde les enjeux des deux séries initiales. Comme je vous l’ai expliqué, Black Hammer est un drame. A contrario, Justice League est un titre d’action pur et dur où le bien doit toujours triompher et où les héros représentent la lumière dans un monde très manichéen. Deux mondes finalement en totale opposition qui, pourtant, doivent coexister.
Jeff Lemire connait tout cela, et se sert de cette opposition pour construire l’entièreté de son récit. Évidemment, l’auteur va principalement utiliser ce contraste dans les dialogues entre les héros des deux mondes qui sont amenés à se rencontrer. Cela résulte en une scène d’interrogatoire vraiment drôle où chacun défend sa vision aussi farouchement que le camp adverse. Une discussion de sourds où les références et les quiproquos fusent. Malheureusement, certains éléments sont utilisés à outrance dans la suite des pages, devenant à chaque fois moins amusant. Mais d’autres très bonnes idées sont trouvées pour contrebalancer. C’est la cas des insultes censurées de Gail pour souligner les différences éditoriales imposées entre les comics mainstream et les comics indépendants.
Enfin, Michael Walsh fait un travail remarquable de mise en page et de dessin, avec un découpage adapté à chacune des deux ambiances imposées par les deux univers et une colorisation qui passe du terne au flamboyant suivant les circonstances. Une équipe créative soudée qui amène une cohérence complète du début à la fin.
Complétement Marteau !
Cependant, en seulement cinq numéros, il est difficile de développer deux univers aussi opposés de manière égale. Et ça se ressent malheureusement. D’un côté, la Trinité (et Cyborg), coincés dans la ferme, ont une caractérisation exemplaire. Chacun d’eux personnifie une manière d’appréhender l’inconnu, le manque ou encore la solitude. Superman embrasse pleinement ce changement et essaye de faire du mieux qu’il peut pour revivre. Batman est dans un déni total et continue ses routine de Chevalier Noir dans un monde sans crime. Cyborg se renferme complètement sur lui-même jusqu’à ne plus sortir. Et Wonder Woman s’adapte à la vie qu’elle mène, sans pour autant se sentir à sa place. Des comportement très biens écrits par l’auteur et des dialogues qui témoignent des sentiments de chaque personnage.
L’emphase est beaucoup plus mise sur les scènes dramatiques de la ferme que sur l’univers super-héroïque, dont la majorité de l’action se passe dans des cellules, pour encore mettre les dialogues en avant. Cela est cependant loin d’être dérangeant lorsqu’on connait et aime l’écriture de l’auteur. L’action passe au second plan. Et ça fait du bien dans une époque où le titre Justice League n’a jamais autant été de l’action pour de l’action, sans réel fond. Lemire le sait, en témoigne un dialogue complètement meta entre Madame Dragonfly et l’antagoniste de l’ouvrage :
–Tu vas les laisser se battre longtemps ?
-Ils sont friands de grands combats épiques.
-C’est vrai, mais passé les quelques premiers coups, on s’ennuie un peu, non ?
Les motivations de l’auteur semblent alors se dessiner. Plus que de déclarer son amour aux deux genres, il semble vouloir passer un message : et s’il existait un monde où les comics n’étaient pas là que pour divertir ? Et si, sous couvert de ce divertissement, ils nous permettaient de réfléchir un peu ? Pas forcément à des choses compliquées mais à nous même et au monde qui nous entoure. Ce crossover entre Black Hammer et Justice League est une fable. Sous couvert de personnages excentriques et d’une intrigue simple, l’équipe créative fait passer son message dans un titre mainstream adressé au plus grand nombre.
Justice League / Black Hammer est un comics facile à lire, qui mélange des univers très différents. Entre drame et action, l’auteur assemble une intrigue cohérente aux deux mondes, mettant l’emphase, comme à son habitude, sur les dialogues et les relations entre les protagonistes. Tout est cependant très vite développé, faute au nombre de numéros réduit. Aucune conséquence importante ne sera répercutée sur les titres principaux. Mais ce comics est avant tout un appel à la découverte pour les lecteurs de comics mainstream. Une occasion de s’ouvrir à un genre auquel ils ne sont pas forcément habitués. Je vous invite (et l’auteur aussi) à découvrir Black Hammer si ceci vous a plu, car ça en vaut réellement la peine.
Très déçu pour ma part. Fan des deux univers, j’ai trouvé l’ensemble très très fade. Aussitôt lu, aussitôt revendu.
Je ne connaissais pas Black Hammer et j’ai particulièrement apprécié ce récit, qui se lit sans problème malgré ma méconnaissance sur cet univers et m’a donné envie d’en savoir plus.
J’ai découvert Black Hammer par son offre promo du Tome 1 à 10€ et parce que le dessin et ambiance m’intriguais . Je regrette absolument pas cette achat, et étais impatient de lire les tomes suivant. Là fin de Black Hammer m’avais un tout petit peu déçu car finalement très simple finalement . Et dans le cadre des histoires sur Superman c’est plus ou moins le même ressenti . plein d’histoires sur superman sont cool à suivre, mais sitôt qu’on comment à partir dans de l’étrange , ça donne de plus en plus envie d’en apprendre et « Paf » , « Bonjour je suis la facilité ! tout le monde redescend, je vais tout vous expliquer » . Il y a le même résultat dans DC Univers Rebirth Superman. le fais de pas connaitre l’univers de Superman ou black hammer n’empêche pas la déception d’une fin facile. je conseille Black Hammer malgré tout et les spin off sur Sherlock Frankenstein et le Docteur Star .