Urban continue de ressortir en France les aventures de Jack of Fables avec ce deuxième tome, reprenant l’édition Deluxe sortie aux USA, et regroupant donc les #17 à 32 de la série. Jack et sa bande repartent à l’aventure à travers les États-Unis dans diverses histoires, notre héros passant notamment par la case Far-West et pistoleros.
Règlement de contes à OK Corral
Si le tout s’avère rafraichissant, Jack of Fables reste un petit plus agréable, certainement pas au niveau de la série principale. De bonnes idées ressortent tout de même, Willingham et Lilah Sturges (créditée ici sous son ancien nom Matthew Sturges) arrivant toujours à utiliser de nouvelles fables au service de leur récit.
Cependant, plusieurs détails viennent noircir ce joli tableau. Certains sont propres à la série, d’autres aux aventures narrées ici. Pour ceux ayant terminé Fables ou ayant progressé assez loin dans cette œuvre, vous savez que Jack met du temps avant de s’imposer comme un personnage réellement important et à devenir attachant. Jack est, et reste, un connard, un opportuniste avec une morale assez faible. Il n’est pas un méchant, n’est pas vraiment cool non plus en tant qu’anti-héros, comme pourrait l’être un certain Constantine. Il est un parasite assez horripilant que ce soit pour le lecteur, ou les autres protagonistes. La question est donc, à quel point pourrez-vous vous intéresser à un personnage à la moralité assez faible, et pour lequel il est difficile de s’attacher de prime abord, d’autant que les histoires présentes dans ce tome ne font rien pour arranger ce constat. Si vous aviez déjà eu ce problème dans le premier tome, et je sais que cela a été assez reproché à Jack of Fables, sachez que cela n’ira pas vraiment en s’arrangeant.
Sex, Far West, and Fables
Si la série se risque à de nouvelles directions comme le Far West, pour ne pas spoiler le reste, on pourra regretter par moment qu’elle n’aille pas assez loin. En effet, si l’autre spin-off de Fables, Fairest, regroupait par moment des récits inégaux en terme de qualité, celui-ci avait l’avantage d’y aller à fond en terme de féerie et d’exploitation des idées proposées. Voir revenir de manière inattendue — Attention spoiler : un certain grand méchant loup — fait plaisir, mais le grand ouest américain avait d’autres choses à offrir en termes de mythes et légendes. Ainsi, si elle n’était pas créée de toutes pièces par Garth Ennis, l’histoire du Saint of Killers dans Preacher serait presque plus à même de se retrouver dans Fables, plutôt que ce qui est ici dépeint.
Pour la partie graphique, Russ Braun fait un travail de bonne facture, contrastant un peu avec celui de Tony Akins qui, partagé entre son propre style et sa volonté de coller à celui de son compère, est par moment en demi-teinte. Rien de catastrophique, loin de là, mais il est clair que certains visages auraient mérité des améliorations.
Jack of Fables reste une lecture agréable mais dispensable, qui peut valoir la peine de se laisser tenter du moment que vous n’êtes pas réfractaires à son héros. On pourra cependant regretter que les auteurs n’aillent pas un peu plus loin avec les concepts développés.