Review VF – Batman : Last Knight on Earth

Last Knight on earth couverture

Scott Snyder ! Greg Capullo ! L’incroyable équipe responsable du run sur Batman durant les New 52 est de retour sur le personnage avec Batman : Last Knight on Earth, sorti chez Urban Comics. La team livre(rait) ici sa conclusion finale et définitive sur le chevalier noir, à travers un récit hors-continuité sorti sous les auspices du Black Label. Un petit événement, sur lequel nous nous devions de revenir aujourd’hui !

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Last Knight on Earth, un dédale de fausses pistes

Dès les premières pages, il y a quelques chose qui séduit. La promesse d’une enquête de longue haleine du chevalier noir, avec des plans resserrés, des cases à l’étroit et un ancrage puissant qui donne une ambiance formidable de film noir. D’emblée, on est contents de retrouver Snyder et Capullo sur le personnage et leur style efficace. Puis un retournement de situation soudain nous surprend, non seulement en terme d’ambiance et de ton, mais aussi dans l’histoire. On passe de l’enquête à la folie, et soudainement, les choses gagnent encore un cran d’intérêt. Malheureusement, tout cela ne sera qu’un dédale de fausses pistes au milieu d’une narration déconstruite. On le regrette d’ailleurs, tant au final, les fausses pistes s’avéraient être de meilleures idées que le produit final. Dès les premières pages, quelque chose séduit… mais malheureusement, ce quelque chose ne reste pas vraiment.

Snyder se fixe finalement sur une histoire remplie de concepts énormes et de gimmicks amusants dans un univers post-Apo à la Mad Max. C’était prévisible, car on connaît le bonhomme. On sait que chez lui, le concept supplante désormais souvent l’histoire, grosso-modo depuis l’arc Superheavy du run New 52, débuté avec Batman #41. C’est vraiment dommage, car Snyder est bien meilleur lorsqu’il se focalise davantage sur des situations plus terre à terre, portées par ces ambiances noires et légèrement horrifiques dont il a le secret. Encore une fois, il se prend pour Grant Morrison ou Mark Millar, laissant exploser sa créativité sans pour autant avoir la maîtrise de ses pairs. Ceux qui accrochent à ces manières de faire de l’auteur sauront apprécier l’oeuvre. Pour moi, Batman : Last Knight on Earth a été à ce titre une déception une fois passé les premières pages. Néanmoins, ne crachons pas trop vite dans la soupe. Il y a malgré tout quelques petites choses assez intéressantes à se mettre sous la dent.

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« I’ll be what I am : a solitary man »

Batman : Last Knight on Earth est en quelque sorte la quintessence de la vision de Batman par le duo Snyder et Capullo. Chez eux, il a toujours été plutôt un homme solitaire, dont les membres alentours servent au mieux de faire-valoir pour accentuer son propos sur le héros. Durant tout son run, le scénariste a eu du mal avec la bat-family, quoi qu’on en dise. Il a toujours fallu une batterie de titres annexes menés essentiellement par ses fidèles collaborateurs, comme Batman Eternal, pour mettre en valeur la famille autour de lui. Chez Snyder, le chevalier noir est un homme qui n’a pas nécessairement besoin des autres. Il est ce héros vaillant, qui devrait toujours exister pour Gotham pour ce qu’il représente. Ici, même si Batman n’est pas entièrement solitaire, puisqu’il est pratiquement toujours accompagné par la tête du Joker dans un bocal, il reste malgré tout l’individu qui poursuit sa route dans le désert, le Last Knight on Earth.

Ici, Snyder dépouille son héros. Batman est mis à nu, sans Batmobile, ni batarangs, seul avec son intellect et sa force au milieu d’un monde imprévisible dans lequel il est compliqué d’anticiper des plans méticuleux. Il se retrouve lancé au milieu de la plaine d’un monde de survivants, où les héros n’ont plus vraiment leur place. C’est là qu’on retrouve le propos sur Batman, qui pour Snyder a toujours été le véritable super-man, l’übermensch, le sur-homme. Le chevalier noir est l’humain qui parvient à s’étendre au-delà de ses propres capacités au service d’une quête, sur laquelle il inspire les autres sur son chemin. Il est la figure originelle du héros, qui inspire Gotham à se relever. Qu’on y adhère ou non, rarement le propos de Snyder sur le héros a été aussi explicite que dans Batman : Last Knight on Earth. C’est assez intéressant, quoi qu’aussi redondant.

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Les fesses entre deux chaises

Malheureusement, l’équipe créative a du mal à savoir ce qu’elle veut faire avec ce récit. D’un côté, on a l’impression que Last Knight on Earth est un kaléidoscope déconstruit, qui cherche à poser son ambiance western et post-Apo pour nous faire découvrir un monde. Même si je n’adhère pas trop à l’univers, j’avoue que c’est l’aspect le plus intéressant, avec quelques trouvailles assez funs (comme les ouragans de Speed Force qui font tout vieillir sur leur passage). D’un autre côté, le scénariste tient à garder un cahier de charges avec une histoire à raconter, un vilain et un climax global. Malheureusement, ces éléments-là ne fonctionnent pas vraiment. L’identité de l’antagoniste secret est prévisible à 2.000km (indice : vu qu’on est chez Snyder, il sort forcément du passé !), et globalement, tout le troisième acte laisse à désirer.

Une fois de plus, le scénariste repose beaucoup plus sur le spectacle que sur la narration. Ce qui fait que les éléments narratifs de l’histoire ne fonctionnent pas bien vu qu’ils manquent de précision et tombent à côté. L’ambiance est desservie par le trop-plein d’idées. Last Knight on Earth se pose ainsi comme une fin de cycle lancée en l’air avec panache, mais dont la chute n’impressionne pas. Ça ressemble à un feu d’artifice mal calibré où il manque des bouts, avec un final décevant dont on ne ressort pas vraiment émerveillé. Il y a trop de concepts, trop d’idées mal canalisées au point que ça devient lourd et pâteux. On aurait apprécié que Snyder prenne davantage le temps de fermer toutes les pistes qu’il a lancées plutôt que de se lancer dans une kermesse blockbuster.

Mais est-ce que c’est joli, au moins ?

Je vous rassure, la réponse à cette question est positive. Ceux qui apprécient le style de Greg Capullo seront ravi de le retrouver ici. Il faut dire que le bonhomme est un très bon exécutant, qui parvient parfois à faire accepter les idées les plus loufoques de son ami et scénariste. L’idée d’un Joker qui pilote un costume mécha de Robin, je trouve le concept marrant, mais assez ridicule. Mais Capullo parvient à le vendre et à le représenter, ce qui est assez fort, il faut l’admettre. Il est aussi doué pour le redesign de certains personnages et de situations connues.

Capullo s’adapte ainsi à chaque élément du récit pour le retranscrire de la meilleure manière possible. Cela s’observe bien au début de l’oeuvre. Les premières pages ont ainsi une ambiance très forte, pour accentuer les éléments d’oeuvre noire que Snyder cherche à donner dans ces pages. Puis il passe sur des fonds blancs et hygiénistes pour l’hôpital d’Arkham. Puis, lorsqu’il arrive enfin dans le monde post-apo, le dessin sort de l’ambiance pour rentrer dans quelque chose de plus explicite, plus en lien avec l’écriture de Snyder, « expliquant » visuellement le monde dans lequel Batman se retrouve plongé. Il le fait de manière très efficace, bien qu’un peu trop sage. Il distille aussi tout au long de l’oeuvre pas mal de clins d’oeil visuels et d’easter eggs à leur run sur Batman ou Metal, avec plus de finesse que sur le premier tome du Batman qui rit.

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Batman : Last Knight on earth est un récit qui n’est pas mauvais en soi, mais qui veut tout être en même temps et perd ainsi en intérêt. Fin de run de deux artistes majeurs, récit western et post-apo à ambiance, long discours sur le sens de Batman, comics traditionnel de super héros, blockbuster explosif bourré de concept… il y a beaucoup de choses pour peu de substance. Snyder et Capullo offrent un emballage joli, mais une fois le cadeau ouvert, on ne peut pas s’empêcher d’être déçu.

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myplasticbus

myplasticbus

Depuis son enfance, cet énergumène passionné se sent insatisfait de l’état du monde. Alors il s’est mis à écrire et dessiner ses propres univers, à raconter des histoires et à s’immerger dans des mondes parallèles. Un beau jour, il a découvert une bande-dessinée qui parlait d’un univers bizarre avec une particularité bien chelou : aucun super-héros, sinon dans les bandes-dessinées. Éternel curieux, il a voulu visiter cette terre inaccessible et étrange. Il s’est mis à chercher à maîtriser les lois des univers multiples, en découvrant qu’elles reposaient dans un bus en plastique caché au plus secret de son imagination. Désormais coincé dans cet univers bizarre, il prend toujours beaucoup de plaisir à explorer sa terre d’origine à travers des cases, des bulles et des dessins plus grands que la vie. Sinon, une fois, en 2003, il est resté coincé dans l’Hypertime.
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Chipster
Chipster
3 années il y a

Grosse hésitation sur ce titre, d’autant que tu donnes envie sur au moins le début de l’oeuvre. Mais pour le coup, c’est effectivement un coup classique chez Snyder..

Chipster
Chipster
3 années il y a

Alors justement j’étais plutôt amateur jusqu’à Metal qui m’a un peu saoulé par sa complexité ridicule avec pourtant un univers bien sympa (même si DC en fait beaucoup beaucoup trop dessus), et j’ai même pas tenté son run JL. Comme tu dis dans ta review, j’aime bien quand il fait plus dans l’intimiste et le terre à terre, mais aussi parfois sa grandiloquence tant que c’est pas foutraque (cc Metal again).
Oh no dis pas ça pour Death Metal, je m’attends tellement au pire j’veux pas être tenté ahah

Tiens d’ailleurs ce Last Knight se situe où par rapport à celui de King?

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