Sept ans après l’initiation de son nouvel univers d’animation, DC décide d’y mettre fin avec Justice League Dark : Apokolips War. Crossover ultime réunissant tous (ou presque) les personnages introduits jusqu’ici, cet ultime volet se veut plus ambitieux que jamais.
Justice League + Dark + Apokolips War
Rien que par son titre, ce nouveau long-métrage signé DC Comics se veut très révélateur. En premier lieu, il n’a de « Justice League Dark » que le nom, puisque l’équipe éponyme n’est pas présente en tant que telle, et encore moins au cœur du récit. En réalité, le pan magique de l’univers DC ne s’incarne quasiment qu’à travers John Constantine, personnage premier plan ici. Il faut davantage considérer cet opus comme un mélange à base de Justice League, auquel s’ajoute un soupçon de « Dark« , le tout dans un contexte de guerre contre Apokolips. Vous obtenez alors un cocktail explosif et réminiscent de chaque ingrédient distillé au cour des quinze derniers films. Quand bien même, ce titre à rallonge ne suffit pas à exposer l’intégralité des joueurs en lice.
Suite à la seconde tentative d’invasion de Darkseid dans Reign of the Supermen, la Justice League (plus nombreuse que jamais) décide dans Apokolips War de passer elle-même à l’offensive sur le terrain du Nouveau Dieu. Bien que s’étant permis des écarts d’importance, le DCAMU (DC Animated Movie Universe) reste ultimement fidèle à ses racines New 52 et boucle ainsi la boucle lancée par Justice League: War. Bien que cet univers lancé en 2013 soit loin d’avoir fait l’unanimité auprès des fans, ce crossover ultime se montre assez satisfaisant, ainsi que gratifiant pour le spectateur qui s’est investi au fil des ans.
Trop généreux pour son bien
Dès le départ, Justice League Dark : Apokolips War surprend le spectateur par son audace, le maintenant en haleine à travers un récit profondément désespéré où les héros sont mis à l’épreuve plus durement que jamais. Avec un statu-quo bouleversé dans ses racines, tout est à réinventer à tel point que la durée du film (1h30) semble bien trop insignifiante pour explorer son potentiel. Un constat qui repose sur une construction tardive de l’événement, le DCAMU n’ayant jamais donné le sentiment de savoir où il se dirigeait. L’annonce de sa conclusion fut en conséquence aussi surprenante qu’insignifiante.
Presque fatalement, le récit passe ainsi trop rapidement sur ses choix intéressants, qu’il s’agisse de nouveau statut pour certains personnages ou, surtout, des dynamiques intrigantes, notamment autour de Raven. Sans que l’on s’y attende, la jeune Titan se retrouve à nouveau sous le feu des projecteurs, mais malheureusement de façon assez hors-de-propos. C’est un problème récurrent du long-métrage, qui souhaite tant réutiliser et rendre hommage qu’il se perd en détours et manque son mélange, un peu à l’image du titre qui mélange autant de typographies différentes comme un patchwork. On pensera également à l’intégration inutile de la Suicide Squad, qui passe pourtant à deux doigts d’une utilisation intéressante, ou encore à l’introduction forcée de certains éléments simplement là pour la référence, quitte à appauvrir considérablement la mythologie de l’univers DC.
Le DCAMU fait sa révolution
La conclusion que propose Apokolips War est pour le moins… particulière, à commencer par la défaite de Darkseid. Si l’idée est amusante et divertissante, elle semble davantage tenir du fan-service et manque de sérieux, voire même d’envergure. Jusqu’au bout, et à bien des niveaux, le Néo-Dieu n’aura pas été à la mesure de sa légende. Pour autant, le final de cet ultime volet ne manque pas de gravité, assumant jusqu’au bout ses conséquences. Une victoire plus amère que douce laissant un sentiment d’échec et qui se voit décuplé à travers le choix final de Flash. Ce DCAMU initié en 2013 boucle sa révolution avec une certaine forme de poésie, presque méta, se plaçant comme une parenthèse, un égarement.
Ce Justice League Dark : Apokolips War satisfera très probablement les amateurs du DCAMU initié en 2013 avec The Flashpoint Paradox. Le long-métrage est en effet fidèle aux opus qui l’ont construit : une animation qui manque de dynamisme, un humour un peu lourd, une écriture qui manque de subtilité, une direction floue, mais aussi quelques bonnes idées. Malgré une certaine audace qui mérite d’être soulignée, Apokolips War ne parvient jamais à exploiter pleinement son potentiel et ne cherche pas à conclure sur une note plus haute que ses prédécesseurs. La boucle est au moins bouclée, non sans une certaine poésie, et en restant à sa place.