Review VF – Leviathan Tomes 1 et 2

Leviathan DC

Le premier event de Brian M Bendis pour son nouvel employeur est arrivé chez nous avec les deux tomes de Leviathan. Un premier tome était sorti il y a quelques mois, le 6 mars, couvrant toute la partie introductive à l’event, avec un joli petit « Ascension » sur la couverture. Une fois ces bases posées, le deuxième volume est sorti le 19 juin dernier pour nous faire découvrir l’event Leviathan en lui-même. Alors, qu’est-ce qu’ils valent, ces deux volumes ? Sont-ils vraiment indispensables ? Est-ce que c’est bien ? Réponse dans cette double-review !

Un premier tome (littéralement) explosif

Comme je l’ai dit en introduction, le premier volume de Leviathan pose les bases de l’événement signé par Bendis avec pas mal de panache, et fonctionne comme un prélude. Il comprend les numéros publiés en VO dans la revue Action Comics, sous le titre Leviathan Rising. Et il faut bien l’avouer, ici, les fondations sont solidement posées. Chapitre après chapitre, nous découvrons les différentes organisations secrètes de l’univers DC s’effondrer les unes après les autres sous la menace d’un adversaire à la fois ancien et nouveau : Leviathan. Kobra, ARGUS, le DEO, Spyral : ne comptez plus sur eux, il n’y a plus que Leviathan.

Il faut dire la vérité : le premier tome est une belle réussite. Bendis maîtrise très bien le rythme de son histoire, qui fonctionne comme un page-turner où l’on a du mal à poser le volume tant on veut connaître la suite. Pour l’avoir déjà lu en VO, j’ai d’ailleurs une certaine nostalgie de cette époque où Action Comics donnait envie d’être lu… Bendis commence doucement, puis fait monter l’histoire en intensité au fil des chapitres, faisant ainsi grimper l’excitation de découvrir ce qui se trame derrière Leviathan. Dans les premiers chapitres, nous sommes déboussolés avec les protagonistes de l’histoire, et plus nous avançons, plus nous voulons découvrir le fin mot de l’histoire avec Clark, Jimmy et Lois. Pour un prélude d’event, l’objectif est atteint.

Tout cela est très bien accompagné par Steve Epting, qui signe ici la majorité des dessins. J’ai toujours été amateur du bonhomme, notamment de son travail sur Captain America avec Brubaker. Ici, il est toujours très fort, maîtrisant parfaitement l’expressivité ou le body-langage des personnages, à commencer par celui de Clark et Superman. La mise en scène est également très bien pensée, comme à travers d’excellentes doubles-pages où Epting peut laisser aller tout son talent de constructeur des planches. On appréciera aussi les pages d’ouverture de chapitre, initiées par l’assistante d’édition Jess Chen, sur les bureaux ou les téléphones du Daily Planet, qui comportent quelques belles trouvailles et easter eggs très sympathiques.

Le gros défaut du premier tome pourrait être étendu globalement à toute la saga Leviathan, voire même à tout le run de Bendis sur le personnage de Superman. Nous en avons déjà parlé : c’est la caractérisation de certains personnages, et notamment de Loïs. D’un côté, on trouve certaines choses très fortes entre la journaliste et son mari super-héros. Bendis les fait collaborer, travailler d’égal à égal. Cette dimension est rafraîchissante, car voilà un long moment que nous avons perdu l’habitude de voir Clark mettre en œuvre ses qualités d’enquêteur, ou plutôt de journaliste d’investigation, qui sont plutôt le domaine de sa femme. C’est donc rafraichissant de les voir travailler main dans la main pour débusquer l’affaire Leviathan. Néanmoins, Loïs reste écrite avec les pieds, prenant des décisions incohérentes avec le personnage, qu’on a du mal à comprendre. Cela entache la qualité d’un volume qui serait autrement quatre étoiles sur cinq.

Leviathan Ascension

Qui est Leviathan ?

C’est avec cette question que nous arrivons vers le tome 2, qui contient l’event en lui-même, et même un peu plus. Dès la fin du tome 1, on comprend que la situation est plus compliquée qu’elle n’en a l’air, et que le Leviathan auquel nous avons affaire n’est pas celui auquel nous sommes habitués. L’organisation de Talia Al Ghul a été prise par un personnage mystérieux aux objectifs tous aussi opaques, dont la quête de l’identité sera le moteur d’Event Leviathan. On suit donc en parallèle deux choses : d’un côté, la mini-série Event Leviathan #1-6 en elle-même, concentrée autour de l’enquête autour de l’identité de Leviathan ; de l’autre, nous poursuivons la lecture d’Action Comics #1012-1016, où nous voyons le développement de la Brume Pourpre ou encore l’introduction de Naomi sur la toile de fond Year of the Villain et Leviathan.

C’est donc un volume assez dense et c’est peut-être l’un de ses premiers défauts… Bien que les deux histoires soient assez intéressantes, on passe de l’une à l’autre en fonction des chapitres. Et même si c’est plutôt bien fait, cela nous détourne quelque peu de notre investissement dans les deux intrigues parallèles. Je comprends pourquoi Urban l’a réalisé ainsi, sachant que les numéros d’Action Comics fonctionnent en théorie comme des tie-ins à l’Event… mais ils délayent également l’intrigue autour de l’identité de Leviathan, au point qu’ils puissent paraître comme parfois superflu. Ce n’est malheureusement pas rendre justice à ce qui se passe dans ces chapitres. Et ce n’est malheureusement pas non plus le seul défaut de ce volume 2…

Car en réalité, la quête de l’identité de Leviathan s’avère en définitive quelque peu décevante. Autant sur le premier volume, l’impatience grimpe de plus en plus, autant sur ce second c’est exactement l’inverse. Petit à petit, on perd en intérêt, avant une révélation finale en pétard mouillé qui n’impressionnera probablement personne. Au fil de l’histoire, les indices sur l’identité finale du vilain sont très minces et la révélation semble venir de nulle part. On se dit bien « Ah ! » en découvrant ce qui se cache derrière le masque. Mais ce n’est pas un « Ah ! » d’excitation enthousiasmée… C’est plutôt le « Ah ! » exprimé lorsque tu reçois un pull moche tricoté vite fait par ta grand-mère : un peu gênant et pas forcément ce que tu attendais…

Leviathan

Quelques gros défauts d’écriture…

J’avais suivi avec intérêt Event Leviathan lors de ma première lecture en VO. Malheureusement, la relecture en recueil relié n’est pas aussi convaincante. Bendis utilise beaucoup d’ellipses narratives, part en avant, revient en arrière à coups de flash-backs entrecoupés de retour à l’action. Autant cela fonctionne très bien en single issues, autant en volume complet, c’est souvent très redondant et parfois un peu lourd. Cela complique le rythme, qui devient casse-gueule. Tout au plus, je vous conseillerai de le lire à petites doses, en séparant la lecture de chaque chapitre par au moins une petite heure, plutôt que tout à la suite.

Au-delà de ce problème, d’autres plus graves se posent aussi. Le premier est bien entendu celui des dialogues, qui (comme souvent chez Bendis) sont une fois de plus assez douteux. Le scénariste a toujours été fan de répliques acérées et percutantes, qui illuminent ses œuvres d’une touche d’humour assez amusante. Lorsqu’il est à son meilleur, cela donne quelque chose d’extraordinaire. Lorsqu’il se laisse aller, cela donne un comics bavard et pénible. Malheureusement, nous sommes ici dans la deuxième catégorie. Nous sommes envahis de dialogues pas toujours pertinents et foncièrement génériques.

Dans Leviathan, beaucoup de personnages perdent également leur voix singulière, notamment dans les personnages secondaires. On a besoin de se concentrer pour savoir qui parle exactement tant tout le monde sonne pareil. Je vous mets par exemple au défi de distinguer correctement quels sont les dialogues The Question et ceux de Green Arrow tant ils paraissent inter-changeables. À certains moments, ils sont carrément à côté de la plaque. Lorsque Damian balance à Talia « T’as apporté à bouffer, Maman ? », ça n’a juste rien à voir avec le Robin qu’on connaît (et les répliques de Talia sont toutes autant à côté). Sur le coup, je pensais que c’était à cause de la traduction, mais les mêmes problèmes jaillissent dans mes singles VO. Nous sommes simplement face à un Bendis qui n’a pas reçu suffisamment de consignes de son éditeur (Mike Cotton).

Leviathan

Mais alors, c’est nul ?

Une enquête qui fait flop, des problèmes de rythme, une narration un peu brouillonne, des dialogues omniprésents et parfois à côté de la plaque… la question se pose ! Y a-t-il seulement quelque chose à sauver dans le volume 2 ? Spontanément, il y a déjà une réponse simple : Alex Maleev. C’est un dessinateur qui a beaucoup de personnalité et un talent très clair. Il parvient à poser une ambiance en quelques cases, grâce à une construction méticuleuse et une colorisation évocatrice. Maleev est excellent pour ce genre d’ambiance terre à terre aux allures de thriller. Et encore une fois, sur les premiers chapitres, il excelle, insérant ça et là des effets très intéressants au niveau des couleurs.

Malheureusement, on pourra reprocher deux choses à son dessin. La première n’est pas vraiment de sa faute, mais elle est due au script de Bendis. Je prendrai en exemple le chapitre 2 de L’affaire Leviathan dessiné par Maleev. Pendant l’essentiel du chapitre, le dessinateur n’a pas grand chose à faire sinon représenter Batman et sa team discuter sur un toit avec Jason Todd. Il ne se passe rien : tout est très statique et pas très intéressant à regarder, même si c’est joli. Le dessin n’est qu’un support visuel aux dialogues interminables de Bendis, et provoque l’ennui. Mais ça, Maleev n’y peut rien : il dessine un script, après tout. Mais là où ça blesse davantage, c’est dans le laisser-aller progressif. De la même manière que l’histoire perd en intérêt, le dessin perd en qualité. Sur le dernier chapitre, Maleev ne prend plus la peine de finir certains visages ou de dessiner correctement les costumes. Certains personnages (comme Lois et Talia) sont difficiles à bien distinguer. C’est vraiment dommage, surtout lorsqu’en face, dans les chapitres d’Action Comics, Szymon Kudranski est beaucoup plus régulier.

On saluera l’équipe créative d’avoir proposé quelque chose de différent et d’ambitieux, dans une dynamique qui sort à la fois des events grandiloquents et cosmiques de Snyder ou des intrigues psychologisantes de King. Mine de rien, Leviathan a mis un gros coup dans la fourmilière de DC, en abattant les cartes de nombreuses organisations secrètes. Sur le fond, le projet était louable, et on peut saluer l’effort. Néanmoins, sur la forme, on passe malheureusement à côté de l’essentiel, au moins que cela laisse mitigé. On peut néanmoins applaudir Urban Comics encore une fois, car l’édition française reste de très bonne qualité, avec une traduction à la hauteur de Laurent Queyssi (ce n’était pourtant pas une mince affaire de traduire Bendis…).

Leviathan
Tiens, Superman a perdu son emblème !

L’événement éditorial autour de Leviathan, tel qu’on peut le voir dans ces deux premiers tomes, se termine comme une aventure un peu mitigée. Sur le premier tome, les choses montent progressivement en tension avec beaucoup de panache, guidant le lecteur à travers un dédale d’interrogations et de fausses pistes. Malheureusement, l’événement en lui-même ne fait pas mouche et déçoit dans la forme comme dans le fond, se dégonflant au fil de la lecture pour finir sur un goût amer. Une fois de plus, nous n’avons ici qu’une longue introduction à une suite, Leviathan : Checkmate, qui malheureusement ne verra pas le jour avant un moment… Une lecture pas mauvaise en soi, mais qui manque de loin son potentiel.

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myplasticbus

myplasticbus

Depuis son enfance, cet énergumène passionné se sent insatisfait de l’état du monde. Alors il s’est mis à écrire et dessiner ses propres univers, à raconter des histoires et à s’immerger dans des mondes parallèles. Un beau jour, il a découvert une bande-dessinée qui parlait d’un univers bizarre avec une particularité bien chelou : aucun super-héros, sinon dans les bandes-dessinées. Éternel curieux, il a voulu visiter cette terre inaccessible et étrange. Il s’est mis à chercher à maîtriser les lois des univers multiples, en découvrant qu’elles reposaient dans un bus en plastique caché au plus secret de son imagination. Désormais coincé dans cet univers bizarre, il prend toujours beaucoup de plaisir à explorer sa terre d’origine à travers des cases, des bulles et des dessins plus grands que la vie. Sinon, une fois, en 2003, il est resté coincé dans l’Hypertime.
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