Review Cinéma – Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn)

Birds of Prey affiche

Ne profitant clairement pas de la meilleure promo de l’histoire du cinéma, Birds of Prey (or the Emancipation of One Harley Quinn) est sorti sans avoir chauffé la majorité d’entre nous avec ses trailers. À l’image de ses héroïnes, cet outsider va tenter de créer la surprise dans le cœur des spectateurs jusqu’alors non convaincus et se faire une place dans les films de super-héros. Cette critique ne spoilera pas d’éléments du scénario, mais une partie s’intéressera tout de même au développement de ses personnages, à vous de juger si vous souhaitez lire ou sauter ce paragraphe.

Un Snatch dans le DCU

Plutôt qu’un team-up super-héroïque, la réalisatrice Cathy Yan et la scénariste Christina Hodson proposent un film choral d’action et de gangsters avec la poursuite de Cassandra Cain comme lien entre les différents protagonistes. Bien entendu, Harley Quinn est en son centre, elle en est même la narratrice, permettant de suivre plus facilement le récit, à travers son regard, ainsi que quelques idées de mises en scène. Malgré cela, les autres personnages ne semblent pas lésés et arrivent à évoluer sans son intervention, même si le temps à l’écran n’est évidemment pas égal, surtout en ce qui concerne Huntress.

Elle campe un peu le rôle de Boris dans Snatch, en retrait, à la fois mystérieuse et tournée en dérision comme les autres. Le film de Guy Ritchie semble d’ailleurs être une grande source d’inspiration pour la scénariste, le plus évident étant dans son fil rouge et ce traitement de personnages hauts en couleurs).

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L’humour, ce n’est finalement pas ça qui brille le plus dans Birds of Prey, malgré la présence de Harley. Quelques scènes feront sourire et l’ambiance est plutôt enjouée sans parler de comédie et malgré la gravité de certains moments (encore une fois, assez similaire à Snatch dans ce ressenti), le film profite surtout du décalage de sa violence, pas aussi graphique qu’un Deadpool, mais avec autant d’impact. Certains voudront effectivement comparer les deux films, surtout qu’ils partagent en prime une narration comique et un montage presque confus dans son premier tiers.

Sa compréhension est heureusement facilité par Harley, dans sa voix-off mais aussi dans ses différentes tenues marquant plusieurs temporalités, car il espace et renforce la portée de ses révélations, jusqu’à reprendre une linéarité plus digeste une fois toutes les pierres posées. On est pas non plus à l’abri de gros (gros) raccourcis scénaristiques et de quelques répliques pas très inspirées, même quand c’est voulu pour tourner en dérision Renee Montoya et les polars des années 80.

Un style qui lui est propre

L’un des aspects où Birds of Prey se démarque, c’est dans la création d’une identité visuelle et sonore. MargotRobbie, également productrice, a su garder le potentiel de sa Harley Quinn gâché par le film Suicide Squad et tout le film va se créer une esthétique autour d’elle. La réalisation et la photographie du film ont vraiment un style personnel et se permettent quelques folies très satisfaisantes. Les scènes d’action sont jubilatoires, à la fois stylisées et bien chorégraphiés, profitant un maximum d’avoir des femmes combattantes, et Chad Stahelski, le « mec de John Wick » n’y est pas pour rien dans cette réussite.

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On retiendra également une bonne utilisation des musiques qui gagnent en efficacité et en justesse dans le contexte de l’histoire. Et contrairement à Suicide Squad qui misait sur des hits ultra-connus et ne créant ainsi aucune identité, les Birds of Prey ont quant à elles bénéficié des chansons originales ou des reprises d’artistes féminines qui collent à ce qu’essaie de raconter le film. Petit bémol au niveau des décors, si certains sont plutôt bien pensés et que le dernier lieu est aussi cool que trop artificiel, il m’était parfois difficile de m’imaginer dans Gotham, certains plans mettant malheureusement en évidence que le film a été tourné en Californie.

D’ailleurs, puisqu’on en parle, si Harley est quelque peu différente comparé à Suicide Squad (elle est surtout mieux écrite), ce dernier est tout de même assumé à plusieurs moments. Plusieurs scènes s’offrent une petite référence au film de David Ayer, sans trop insister dessus non plus, mais on garde les origines de Harley de toute façon, avec même quelques images tirées du film.

Le développement en dépit de l’adaptation

Si vous êtes un(e) fan des Birds of Prey (qui profitent d’un très joli dossier sur le site), vous le remarquerez très vite : niveau adaptation, on a fait mieux. Si Margot Robbie a préféré ces héroïnes aux Gotham City Sirens, il en reste qu’on est loin du but de l’équipe féminine de DC. Il était de toute façon difficile de faire quelque chose de fidèle à l’esprit original sans Oracle, et les autres personnages sont difficilement représentables par le terme « super-héroïne » en vérité. Le film ne gardera donc que l’essence de chacune d’elles pour construire quelque chose correspondant plus à leur propos. Ainsi, on garde les pouvoirs et les capacités de Black Canary, Huntress a également droit à ses origines initiales, mais le reste est bien plus librement adaptée.

Cassandra Cain aurait quant à elle pu s’appeler autrement que ça n’aurait pas changé grand chose. En revanche, Renee Montoya est assez fidèle à l’archétype de la flic qui ne se laisse pas faire, ce dont le film se moque légèrement à plusieurs moments. Harley Quinn est évidemment la plus fidèle, avec son humour, sa folie, son excentricité et quelques références directes aux comics, et pourtant son interprète se l’approprie et lui apporte beaucoup, comme quoi c’est possible.

Elle est aussi bien mieux développée grâce à la rupture avec le Joker et cette fameuse émancipation. La scénariste met en avant régulièrement son passé brillant de psychiatre et à l’opposé cette opposition à l’autorité dans sa jeunesse chez les bonnes sœurs. Il y a vraiment quelque chose d’innovant dans la façon dont le film traite du fait qu’elle profite de l’aura du Joker, et qu’elle ne commence à se débrouiller et se retrouver elle-même qu’au moment où toute la pègre de Gotham comprend qu’elle n’a plus cette immunité.

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Ce message féministe, que les femmes peuvent s’élever sans l’aide des hommes, est très bien traitée sans être lourd, car il passe plus par les actes que par des dialogues d’exposition. Les hommes présents sont, comme dans n’importe quel film de gangster, des personnages dont le moteur est le désir de sexe, d’argent ou de pouvoir, même si toutes les femmes ont également leurs défauts mises en avant. L’exemple le plus probant est évidemment Black Mask, un vilain maniéré et paranoïaque (lui aussi plutôt éloigné du Roman Sionis des comics) qui tire paradoxalement Black Canary vers le bas avec une promotion et qui s’en prendra au final à chacune des Birds of Prey.

L’adaptation n’est donc que très mince, mais elle offre une toile inspirante pour Yan, Hodson et les actrices Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Jurnee Smollett-Bell, Rosie Perez et Ella Jay Basco. Toutes ces protagonistes ont une identité visuelle et émotionnelle propre, elles apportent chacune leur lot de problèmes et de solutions pour former un groupe qui se complète parfaitement. Elles partagent un certain charisme et aucune n’est délaissée. Elles interagissent les unes avec les autres, en plus de ne servir à aucun moment de love interest, un exemple d’écriture des femmes dans un film d’action. Ewan McGregor et Chris Messina sont également des antagonistes convaincants, réappropriant leur rôle pour leur donner une nouvelle saveur très plaisante.

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Finalement, ce que Birds of Prey perd en fidélité, il le gagne en personnalité. En reprenant juste l’essence de ses sources (le comics comme certains genres du cinéma), il se crée un univers visuel et sonore bien à lui, notamment grâce à une réalisation très personnelle et un casting charismatique, Margot Robbie faisant briller sa Harley autant que les autres héroïnes dans une histoire chorale de gangsters féministe, très juste dans ses messages et sans être moralisateur.

Yan et Stahelski redéfinissent ce qu’est de se battre comme une femme en créant des scènes d’action stylisées et violentes faites sur mesure pour ses protagonistes. Le film souffre de plusieurs défauts, il n’est pas un chef d’œuvre et ne semble pas vouloir en être un. En tout cas, il a de la gueule, une vraie identité cinématographique et avec un vrai propos, et c’est déjà bien plus à mes yeux que ce que proposent beaucoup de blockbusters hollywoodiens modernes.

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Sledgy7

Sledgy7

Comme tout enfant des années 90, Sledgy a grandi avec Batman et DC Comics, à travers les séries et les films, avant de dilapider son argent dans les comics une fois adulte. Outre Batman et quelques héros comme Aquaman, son admiration se porte surtout sur les super-vilains. Avec sa soif de connaissances pour cet univers si riche, il aime être au courant de tout, ce qui l’a amené à rejoindre les rangs de DC Planet en tant que newseur.
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setois3
4 années il y a

On devrait interdire l’utilisation du terme « jubilatoire » dans les critiques de cinéma

Blue
Invité
Blue
4 années il y a

Ouais, désolé, c’est Sedgy… Il oublie parfois qu’il est « toléré » à la rédac… Tu m’entends Sledgy ? « Toléré » !

Claygan
Éditeur
4 années il y a

Heureusement qu’il a fait le dossier sidekicks quand même.

Kurobator
4 années il y a

Une critique très juste. J’ai passé un agréable moment et la salle lors de ma séance était assez bondée pour un film qui soit-disant n’intéressait personne. Même si ça surfe évidemment sur le mouvement #MeToo et le pseudo féminisme hollywoodien actuel (on applaudira l’hypocrisie de l’argument marketing du film d’action réalisé par une femme pour ensuite engager Stahelski sur les reshoots), ça le fait tout de même paradoxalement plus efficacement que la plupart des autres productions qui rendent le message bourrin. La narration non-linéaire et la voix off, même si pompées sur Deadpool, fonctionnent bien et la classification R est au final quasi obsolète (même si ça aurait été dommage de se priver du plan de la jambe dévorée par Bruce). Photo bof, B.O bof, mais parfois quelques idées de mise en scène et dans la colorimétrie. Je trouve en revanche le climax du film en déça du reste (les héroïnes sont cheatées et on offre vraiment une conclusion minable au personnage de Black Mask) et toujours aussi étrange ce choix d’intégrer Renee Montoya aux BoP ainsi que ce cast et cette origin story pour Cassandra Cain. Et effectivement, c’est dommage qu’Huntress soit émancipée d’autant de temps d’antenne que ses compères, surtout vu sa backstory. Dinah Lance est en revanche une réussite (passons sur ses pouvoirs très mal introduits) et Margot Robbie se réapproprie complètement Harley Quinn même si j’ai un peu de réserves sur les scènes qui essayent de trop « l’humaniser » (sa déception des gens et son côté grande soeur protectrice de Cassandra Cain).Globalement un honnête divertissement qui réussit sans prétention ce qu’il essaye de faire, ni plus ni moins.

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