Tom King: La fin de son run Batman et son futur projet Batman/Catwoman

Tom King s’est exprimé dans cette interview à Entertainment Weekly (que nous vous avons traduite) sur la fin de son run Batman et l’arc « City of Bane« , mais aussi sur ses prochains projets.

Tom King explique la fin de son run Batman et tease Batman/Catwoman

Attention: Cet article contient des spoilers pour Batman #85 et les numéros précédents.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Tout comme l’a été le run de l’auteur, Tom King, sur le comics phare de DC, Batman, au cours des trois dernières années, qui n’a pas été invulnérable à la progression du temps. EW a largement couvert le run depuis le début, donc nous nous devions de revoir King une dernière fois, maintenant que son histoire de Batman touche à sa fin avec le numéro 85 de ce week-end. L’arc final était titré « City of Bane« , mais l’ennemi ultime fut finalement un proche du héros: Le père de Batman, Thomas Wayne, survivant d’une dimension alternative dans laquelle il est devenu Batman, à la place de son fils. Au cours de la bataille avec son père disparu depuis longtemps, Batman a perdu son vrai père de substitution: son majordome toujours fidèle Alfred Pennyworth. La fin était douce-amère, car Batman a finalement promis son amour à Catwoman. Alfred serait fier.

ENTERTAINMENT WEEKLY: Le mariage de Batman et Catwoman est enfin réel. Après cette feinte dans le numéro 50, qu’est-ce qui vous a semblé nécessaire pour le solidifier ici et le rendre réel pour les lecteurs et les personnages?

TOM KING: Je pense que cela a été vrai pour tout mon run, que Batman se résume au serment “Je jure par l’esprit de mes parents de venger leur mort en passant le reste de ma vie à faire la guerre à tous les criminels ”. C’est ce qui le rend différent de nous tous — l’idée qu’il s’est créé lui-même, à partir de ce serment, il a créé Batman, il sauve le monde en se basant sur celui-ci. Et qu’il dise à Catwoman, une autre version de ce serment, “Je t’aimerai toujours” pour moi c’est plus fort que n’importe quel piège mortel. C’est un reflet de cela. Il a fait ces deux serments : l’un à ses parents et l’autre à Selina.

Nous verrons plus en détail cette relation Batman/Catwoman, mais son mariage est un si grand changement pour le personnage et le run entier est préparé pour ça. Est-ce le genre de chose que vous espérez voir plus souvent, à long terme?

Je n’ai pas de contrôle là-dessus. Cela concerne les autres auteurs. J’ai fait un serment, tout comme Batman, quand j’ai commencé dans la bande dessinée: “ Je ne dirai jamais à un autre écrivain comment écrire.” Donc, s’ils y trouvent une histoire et y trouvent quelque chose de merveilleux à raconter, comme Brian Michael Bendis dit toujours, s’ils trouvent leur vérité en faisant ce qu’ils veulent faire, alors Dieu les bénisse pour l’avoir fait. Je ne possède pas de ces personnages. Ils appartiennent d’une part, à une grande entreprise, et d’autre part, aux fans qui croient réellement aux histoires. Ces deux pouvoirs sont plus puissants que moi et décideront. Plus je vieillis, plus je me rends compte que ce que la continuité signifie après toutes ces années, c’est que ce qui est bon perdure.

La mort d’Alfred est un autre moment charnière de “City of Bane.” Vous avez dit précédemment que vous étiez étonné de certains de vos projets “City of Bane” aient été approuvés. La mort d’Alfred faisait-elle partie des grands changements que vous vouliez mettre en œuvre dans Batman? 
Ce n’est pas comme si je voulais qu’Alfred meure! J’adore ce personnage.

Comment voyez-vous cette mort se dessiner sur Batman et le monde ? 
Pour moi, c’est un moyen de montrer, à la fin d’une longue histoire, la maturité de Bruce. Bruce est évidemment défini par la mort de ses parents et sa réaction à cette mort et comment cela l’a poussé à devenir Batman et de faire cette chose complètement folle, qui est de s’habiller en cuir, de donner des coups et frapper les gens au visage tous les jours. Mais c’est une chose complètement folle qui a sauvé le monde. Puis, ici, il y a la mort de son vrai père, Alfred, et sa réaction à cela n’est pas la même. C’est ce qui m’intéressait. Pour moi, cela montrait à quel point Alfred l’avait bien élevé. Quand il était ce petit garçon, il a été blessé et s’est coincé dans cet état d’enfant. Alfred est celui qui l’a fait passer de cet enfant à un homme qui, quand une mort comme celle d’Alfred arrive, peut y faire face, et c’est triste à dire, comme la plupart d’entre nous qui devons aussi gérer la mort. Je suis assez vieux maintenant pour avoir perdu des gens proches. C’est la pire chose qui puisse vous arriver et vous ne vous en remettez jamais, et on en pleure pour toujours. Mais cela fait aussi partie de vous et votre deuil est une sorte de bonheur car il vous relie toujours à cette personne. Il y a une maturité en cela.

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Avez-vous envisagé d’amener Bruce dans un endroit où il pourrait gérer la mort, comme le reste d’entre nous, comme un moyen de l’humaniser ou de le rendre plus proche ?

C’est le conflit central de ces deux derniers numéros, de son père disant  «Je te connais, Bruce. Je sais que tu vas être comme moi. Quand Alfred est mort, cela m’a brisé. Cela va te briser. Cela va te refaire. » et de penser que Bruce va réagir de manière enfantine. Cela remonte au célèbre livre d’Alan Moore, Writing for Comics. Il disait que Bruce était le premier personnage de comics de « deuxième dimension ». Il y a des personnages de « première dimension » comme Superman qui ont une motivation: “Sauver le monde.” Bruce Wayne est un personnage de « deuxième dimension » dans la mesure où il sauve le monde pour une raison : ses parents sont morts. C’est d’ailleurs en cela que Stan Lee était connu : Il a fait un tas de personnages en deux dimensions.

Moore a expliqué que notre responsabilité est de créer des personnages en trois dimensions – des personnages qui ne bougent pas dans une direction. Ils ne sont pas motivés par une chose car la vie est plus compliquée. La raison pour laquelle vous faites quelque chose a à voir avec la façon dont vous avez été élevé, cela a à voir avec qui vous êtes à ce moment, cela a à voir avec les aléas de votre vie. Tout ça, c’est ce qui fait un personnage tridimensionnel. Je pense que le Batman de Flashpoint regarde Batman et pense qu’il est juste ce personnage à deux dimensions : « Tu es motivé par la mort. Cela ta tuera« . J’espère qu’à travers ces 85 numéros, nous avons pu voir que Batman est un personnage en trois dimensions. A cause d’Alfred, à cause de Catwoman, à cause de l’amour des garçons, il a évolué un peu et réagit différemment. Il dit: «Je ne suis plus un enfant. Ça ne va pas me briser. Je fais mes propres choix. »

Le titre de l’arc est «City of Bane» et Bane a été une figure centrale des comics depuis le premier arc, et pourtant tout se résume à Bruce vs Thomas. À quel moment avez-vous décidé que Thomas finirait par être le grand méchant final de votre run?

Le titre « City of Bane » était une petite feinte délicate, non? Bane est le nom du supervillain, mais « bane » signifie aussi « tu es le fléau de mon existence« . Bane c’est aussi le ressenti, la motivation de Thomas Wayne. C’était censé être un jeu de mots et personne ne l’a remarqué car il se transforme en le fléau de la ville de Thomas.

Si je repense à mon run, je ne pourrais pas répondre tout de suite. Je ne mentais pas, mais cela a pris une telle tournure que nous étions en quelque sorte en train de changer de méchant à la fin. Au début, cela a commencé avec Bane comme le grand méchant. Honnêtement, je pense que le changement est intervenu dans le numéro 50 lorsque j’ai décidé de mettre Thomas Wayne à la dernière page. Au départ, j’avais l’impression que ce serait une relation du type Dark Vador / Empereur dans laquelle Thomas serait le meilleur soldat de Bane mais aussi le gars qui pourrait être meilleur que lui. Mais alors que je l’explorais davantage, j’ai réalisé, “Oh non, c’est une histoire sur Thomas Wayne.” Ce changement s’est produit autour du numéro 50 quand il s’est en quelque sorte révélé à moi, comme si c’était là où je devais aller. Ce qui se passait était tellement compliqué et je me disais: « On dirait que Batman se bat presque contre lui-même » et ensuite je me disais: « Oh, attends …« 

Vous nous avez dit que le run se terminerait par une scène avec Kite Man dans un bar. Vous avez même mentionné que le quart-arrière de Gotham Campbell aurait un rôle. Qu’est-ce qui a fait que c’était la bonne façon de terminer l’histoire dans votre esprit?

Je m’y suis tenu ! Je suis un grand fan de Charles Schulz. À mon avis, quand il s’agit de comics en termes d’assemblage d’images, de mots et de création d’une histoire, il est le meilleur. Il est le Michael Jordan des comics, ou le Michel-Ange. Personne ne l’a fait mieux, c’est un dieu parmi les hommes pour moi. À la toute fin, ils parlent littéralement d’un match de football et de la façon dont il essaie toujours de frapper le ballon et de tomber. Parce que, bien sûr, le nom de Kite Man est Chuck Brown. Donc pour moi, c’était une conversation avec cette peur existentielle de la BD Peanuts avec laquelle j’ai grandi. C’est le sujet de beaucoup de bandes dessinées : il n’y a pas de progrès. Mais Batman lui rappelle qu’il peut y avoir des progrès. C’est cette dialectique sans fin entre story-tellers. C’est l’idée : Chris Campbell va-t-il enfin se révéler joueur de football ? Et puis vous faites la fin fondue au noir de The Sopranos, et vous laissez le public décider s’il y a des progrès ou non.

Nous avons parlé précédemment de Gotham Girl et de son grand rôle dans «City of Bane», de la façon dont elle partage un nom avec votre fille, Claire. Elle obtient une résolution très positive ici ! Pouvez-vous en parler et comment vous avez appris à aimer ce personnage?

C’est positif dans un aspect et négatif dans l’autre. C’est tellement positif que je ne suis pas sûr que quelqu’un va écrire à nouveau, à propos d’elle. J’ai enlevé toute son angoisse et sa tristesse qui attirent les écrivains. J’ai honnêtement hésité parce que je me disais: « Oh, je la transforme juste en ce personnage ennuyeux et heureux.« 

Mais Gotham Girl est dans Batman #1, et elle termine le run. Après 85 numéros, je voulais rendre un petit hommage à ma fille. Elle avait 5 ans au début et elle a 9 ans maintenant. De tous mes enfants, c’est elle qui chaque jour lors du dîner me demandait: « Sur quoi as-tu travaillé aujourd’hui, papa ? » Elle a inventé l’histoire de Batman Annual #1. Clay Mann m’a donné cette magnifique splash page de Batman #24 auquel est rendu hommage dans ce numéro. Clay l’a donné à ma fille, elle l’a accrochée au-dessus de son mur. Je lui ai donné une fin heureuse pour que ma fille puisse avoir une fin heureuse. Mais c’est définitivement un personnage beaucoup moins intéressant maintenant qu’elle ne meurt pas un peu à chaque fois qu’elle utilise ses pouvoirs.

Vous n’en avez pas encore fini avec Batman ou Catwoman. Vous avez une mini-série Batman / Catwoman à venir l’année prochaine. D’après ce que nous savons, cela apportera Mask of the Phantasm. Quelle est la difficulté de faire entrer ce personnage emblématique dans la bande dessinée?

Il est juste de dire qu’à un certain niveau, j’en ai fini avec Batman. Le Batman qui existera maintenant sera le Batman de James, pas le mien. Si vous voulez du bon Batman, lisez James Tynion et Tony Daniel, parce que ça va être génial. C’est là que l’histoire va. Ce que j’ai à dire sur les personnages, je l’ai dit. Si vous lisez cette histoire de 85 numéros et que vous ne lisez jamais Batman / Catwoman, vous aurez toujours ma version de Batman. Cela dit, Batman / Catwoman sera le meilleur livre de tous les temps ! C’est ma chance de faire un Dark Knight Returns, quelque chose qui se tient tout seul, un témoignage complet de qui sont ces personnages, ce qui les définit ou les redéfinit pendant des générations, et en toute liberté. Je travaille avec le meilleur artiste de la bande dessinée, Clay Mann. Je l’écris littéralement en ce moment, j’écris le numéro 4. C’est le plus amusant que j’aie jamais écrit. Entre ceci et Strange Adventures, je passe à une nouvelle phase de ma carrière où je vais plus ambitieux que je ne l’étais auparavant. J’ai mis en place un tas de règles pour moi-même, et maintenant j’essaie d’enfreindre ces règles et d’être encore plus farfelu que je ne l’ai jamais été. J’essaie de faire de superbes bandes dessinées et de faire pour quelqu’un d’autre ce que Charles Schulz a fait pour moi.

Votre run Batman était initialement prévu pour 100 numéros, puis il a été raccourci à 85 et Batman / Catwoman a été annoncé. Il n’était pas clair pendant un certain temps si Batman / Catwoman était l’histoire de ces 15 autres numéros prévus qui venaient d’être déplacés ou si ce serait quelque chose de fondamentalement différent, et il semble que ce soit plus proche de « fondamentalement différent ».

Le plan initial était d’atteindre la fin de la partie conflictuelle de l’arc vers le milieu des numéros 80, puis de publier des numéros plutôt « méchants du mois », ce que je n’ai jamais eu à faire pour Batman. Et ce serait Batman et Catwoman ensemble, retombant amoureux. C’était le plan original, faire ça avec tous les artistes avec qui j’ai travaillé auparavant. Deux numéros avec Joelle Jones, deux numéros avec Mikel Janin, deux numéros avec Clay, deux numéros avec Mitch Gerads, deux numéros avec David Finch. Lorsque les choses ont été interrompues pour un certain nombre de raisons, notamment parce que je dois maintenant écrire ce film New Gods, il s’est en quelque sorte déplacé. Ensuite, Clay et moi avons commencé à parler et avons réalisé que ce n’était plus le méchant du mois, mais qu’il s’agit toujours de cette relation fondamentale. J’ai l’impression que les derniers moments du numéro 100 se trouvent dans le numéro 85, ces pages de Batman et Catwoman. C’est la conversation qu’ils auraient eue.

Maintenant que le run est terminé et que nous pouvons tout regarder dans le rétroviseur, y a-t-il autre chose que vous vouliez aborder? Autre chose dont vous êtes fier?

Une chose idiote est que si vous lisez attentivement le numéro 85, il y a des tonnes d’easter eggs dedans. Je pense que chaque arc de Batman, de #185 est référencé, à l’exception de quatre numéros qui ont été coupés pour des raisons éditoriales. Nous ne mentionnons pas Matthew, ce méchant que j’ai créé pour deux numéros, et nous ne mentionnons pas le numéro de Joelle, mais tout le reste si. Par exemple, si vous regardez de près la tombe d’Alfred, vous verrez une citation, du poème de Shakespeare que Penguin lisait dans son arc, au numéro 57.

Je mets de petites choses comme ça pour les gens qui veulent s’amuser avec. Comme cette Kryptonite que Gotham Girl obtient, qui provient du numéro Secret Files. Lorsque je me rappelle ces quatre ou cinq années, que je regarde ces trois choses que j’ai créé (Batman, Mister Miracle, Heroes in Crisis), je pense qu’ensemble, ils forment cette trilogie de traumatismes et cette dépression nerveuse que j’avais au début de mon run Batman. Ma grand-mère venait de mourir et notre président venait d’être élu. Il s’agissait de survivre, pas à la manière de la génération de mon père (se faire pousser une queue de cheval, obtenir une Corvette, fuir ta famille) mais vous pouvez y survivre en enlaçant votre famille et vos valeurs, peu importe qui constitue cette famille. Maintenant je pense que j’en ai assez dit sur les hommes tristes d’âge moyen qui regardent par la fenêtre, et il est temps de passer à autre chose.

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Amélibaba

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Amélie déteste tellement parler d'elle que lorsqu'on lui a dit : "Il faudra que tu écrives un petit texte de présentation pour mettre sur le site !" Elle a répondu : "Dakodak, je fais ça dans la semaine, hihi!". Résultat: Presque 1 an après, toujours rien. Alors pour régler ça, elle se dit qu'elle pourrait au moins se présenter en quelques points. Origines : Lyon City / Formation : La Ligue des Justiciers, Batman TAS et les Totally Spies / Débuts : Batman Begins et la Cour des Hiboux (...et oui....) / Études supérieures : DCPlanet, catégorie news / Mission : Lutter contre la médisance de ses co-rédacteurs / Attentes : Un comics Hawkgirl digne de ce nom/ Film Batman préféré : Returns.
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Vittorini
4 années il y a

« Ce qui est bon perdure ». Pfiou. Ouf. So long buddy.

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