Comics qu’on ne pensait pas voir débarquer chez Urban dans nos contrées francophones, Camelot 3000 et les chevaliers de la table ronde du futur sont enfin là.
« Ah mais moi, je veux bien fédérer tout ce que vous voulez mais il y aura pas de Camelot 3000 chez DC. Point barre. » – Léodagan
La question est donc ici d’arriver en peu de lignes à vous convaincre de vous laisser tenter sans trop en dire, et sans utiliser le simple argument du format one-shot, vous garantissant en un achat, de posséder l’intégralité de ce récit qui n’a failli jamais voir le jour.
En effet, au milieu des années 70s, Mike W. Barr, encor jeune scénariste, développe l’idée d’une réinvention du mythe Arthurien, le tout se passant dans le futur. Cependant, le projet se heurtera à un premier rejet chez DC, puis un second rejet chez Marvel, afin de finalement être validé par la maison qui a vu naitre Detective Comics. Ainsi, le premier numéro ne sera publié qu’en 1982.
Alors comment expliquer ce long temps d’attente ? Plusieurs pistes peuvent être explorées. Premièrement, Barr n’ayant à ce moment là pas encor fait ses preuves chez DC, il est possible que l’éditeur ait décidé de le tester avant d’accepter sa proposition. Secondement, les thématiques comme l’identité de genre et l’homosexualité constituaient à l’époque toujours un tabou. N’oublions pas que les émeutes de Stonewall datent de 1969. Enfin, il ne faudrait pas non plus exclure de l’équation la modification de la politique de distribution de ses comics par DC. Contrairement à ce qui était précédemment fait, l’éditeur se met en 1982 à passer à la distribution en marché direct –« direct market »pour les anglophones- .
La distribution en marché direct contrairement aux comics vendus par les kiosques, n’oblige pas l’éditeur à récupérer les stocks invendus et à rembourser les acheteurs. Pour résumer, même si Camelot 3000 avait été de la merde, et que par conséquent, rien ne s’était vendu, DC n’aurait jamais eu l’obligation de reprendre les comics. Une fois vendu, le comics est vendu. Point final. Si le titre est une des premières maxi-séries de DC, son existence ne saurait être totalement dissociée du changement de politique économique dans la distribution des comics.
« Non, c’était pas une épée, euh… C’était un peu genre Excalibur, vous voyez ? Moi ça me gonflerait drôlement qu’un mec passe par une porte dimensionnelle pour venir me piquer Excalibur. » – Arthur
Alors de quoi ça parle, et cela sans spoiler ? En l’an 3000, les aliens attaquent la Terre, et Tom, jeune britannique qui vient de voir ses parents mourir sous ses yeux, va sans le vouloir tirer le légendaire Roi Arthur de son sommeil millénaire. Avec l’aide des chevaliers de la table ronde réincarnés dans différents individus, et pas nécessairement des individus du bon sexe, nos héros vont donc devoir faire face à la menace, qu’elle soit alien ou magique. Eh oui, la fée Morgane n’est pas loin, et est elle aussi bien décidée à en découdre.
Bien qu’antérieure à la série Fables, les fans de cette dernière seront ici en terrain connus, et par conséquent, auront sans doute peu de mal à se laisser convaincre. Outre la réinvention intelligente des personnages et du mythe arthurien lui-même, laissant tout du long le lecteur se demander si l’histoire va se répéter, et si les choses vont tourner vinaigre, c’est par la richesse de son univers que l’œuvre conquiert. Les douze numéros composant le récit fourmillent de nouvelles idées, portées par un Brian Bolland au sommet de son art.
Car oui, si les qualités scénaristiques de Camelot 3000 sont indéniables avec des personnages attachants et profonds et une aventure accrocheuse, le tout ne serait pas le même sans le travail fourni par le dessinateur sur la partie graphique. Sans lui, cette histoire aurait assez facilement pu perdre de sa superbe et même virer au ridicule. Dépeindre un univers fantastique ou une société futuriste peut être compliqué.
Comment retranscrire d’une belle manière sur papier des phénomènes magiques, ou, en quelques cases, l’avancée technologique d’une société ? Mais surtout, comment fusionner les deux ? Demandez donc à Brian Bolland.
Soit dit en passant, que ceux craignant d’être rebutés par l’ancienneté des dessins se rassurent, ils ne devraient normalement pas avoir de problème. Bien entendu, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Nous sommes tout de même loin du style graphique actuel, Camelot 3000 reste un comics de son époque, avec la colorisation de son époque, mais même pour les plus réticents, le tout ne devrait pas choquer votre rétine.
Camelot 3000 est à la fois un petit bijou de chez DC et un OVNI qui a d’une très belle manière traversé le temps. Il passera d’ailleurs à un cheveu de remporter le Jack Kirby Award de la meilleure série en 1985, mais perdra de peu face à Crisis on Infinite Earth. En gros, c’est comme si vous réunissiez les meilleurs combattant du monde dans une compétition, et que vous terminiez deuxième quasi-ex aequo avec le finaliste qui sera retenu comme un des meilleurs combattants de l’histoire.
Merci pour la review, le mien est encore sur ma pile de lecture à cause de la Doom Patrol de Morrison.
Petite question par contre, la cover du tome n’aurais pas inspiré Crisis on infinite earths ?
Un plaisir.
Si, comme précisé en fin de review, Crisis étant sorti la même année, c’est bien une référence à la cover du numéro #7.