Après de longs mois d’attentes, Watchmen est enfin là. Et même si les trois quart de l’Internet ont déjà proposé une review des six premiers épisodes, nous, plèbe que nous sommes, nous n’avons donc pu voir que le tout premier épisode de la série. Mais c’est déjà assez pour nous donner un premier avis.
Watchmen, toujours aussi politique
D’emblée la série Watchmen donne le ton avec une reconstitution des émeutes survenues à Tulsa en 1921. Ces événements ont vu une foule d’américains blancs attaquer la communauté afro-américaine dans le quartier de Greenwood. Cette violence résulte de l’accusation, jamais prouvée, de la présumée agression d’une jeune fille blanche par un jeune homme noir. Accusations, plus que fréquentes à cette époque. Celle-ci entraînera l’arrestation du jeune homme. Des bruits d’un possible lynchage de l’accusé par la communauté blanche se font très vite entendre. Pour contrer ça, la communauté noire pris les armes et les affrontements éclatèrent. Ces événements entraîneront entre 100 et 300 morts selon le rapport final de la commission d’Oklahoma en 2001.
Après cette longue introduction, la série démarre, de nos jours cette fois. Et l’on voit que ce préambule n’était pas là pour rien. En effet la question du racisme aux Etats-Unis est l’un des thèmes principaux de cet épisode et sera sans aucun doute le thème principal de la saison. Voici le propos principal de la série avec la Seventh Kavalry, ce groupe de fanatiques qui glorifient Rorschach. Ceux-ci ne manqueront pas de rappeler les adeptes du KKK bien entendu, tête recouverte et agissant en bande. Qui plus est, reprenant bien entendu les idées de leur modèle ils sont tous des conspirationnistes. Et ça fait du bien d’enfin remettre les choses en place et de montrer le personnage de Rorschach pour ce qu’il a toujours été sensé représenter.
De ce côté-là, la série est conforme à toutes les attentes que l’on pouvait avoir d’une oeuvre qui adapte Watchmen. L’apect politique et critique de la société étant inhérent à l’oeuvre de Moore et Gibbons. Et on ne parlera pas de ceux qui osent se plaindre que la série est trop politique – respectons-nous. Cependant, il en est que la série est vraiment fidèle à ses racines, car ici tout comme dans le comics Watchmen, les choses sont loin d’être tout de noir ou de blanc.
Un monde tout en nuance
Même si les suprématistes blancs sont des enflures, de l’autre côté, les choses sont loin d’être simples. Car nos personnages principaux, tous membres de la police, nous obligent à nous poser beaucoup de questions.
Déjà on peut se demander est-ce que ces personnes sont bien légitimes pour s’occuper de la justice de ce pays ? Car en masquant leur visage, ils adoptent la philosophie de ces justiciers interdits par la loi. Et même leurs noms les évoquent. Des noms comme Sister Night, ou Looking Glass ne sont pas ce qu’on attend des forces de l’ordre. Mais ce n’est pas tout. Ils ont aussi une manière d’opérer qui se rapproche beaucoup de la méthode de Rorschach. Torturer un suspect, pour qu’il avoue par exemple. Et enfin, on a tout le jeu sur l’identité secrète. Car les flics dans cet univers doivent garder cachée leur réelle profession.
De ce contexte, il reste à voir comment la série va-t-elle gérer l’arrivée inévitable des réels justiciers masqués. Car si les forces de l’ordre ont adopté les règles des justiciers, que leur reste-t-il ? Est-ce que l’on va partir dans une escalade de violence ? Qui plus est, en nous montrant le quotidien plus que normal de ces flics, la série achève de brouiller les limites entre le bien et le mal. De quoi donner envie de voir l’évolution du personnage de Sister Night dans ce monde complexe aux limites plus que floues.
Un univers complexe
La série Watchmen respecte ses racines de bien des façons. Cependant, s’il y a une chose qui n’intéresse pas Lindelof c’est de recontextualiser son univers. En effet, le scénariste part du principe que vous connaissez Watchmen et il ne vous prendra pas par la main pour vous l’expliquer. Que ce soit le calamar géant qui est apparu il y a des dizaines d’années, ou l’identité de personnages tel que Rorschach ou Veidt par exemple. Ce sont des éléments qui sont présentés comme des faits. Mais sur lesquels la série ne s’arrêtera pas, ce qui est logique en soi.
Ce qui fait que la série ne sombre pas dans le fan-service bête et méchant. Et pourtant les occasions ne manquaient pas. De plus, comme son modèle, la série nous propose de nous informer sur les événements qui se déroulent dans cet univers, via divers documents, juste ici. De quoi offrir au spectateur un moyen de se plonger encore plus dans cet univers, avec une qualité informative non-négligeable.
Cette complexité est d’ailleurs le seul vrai défaut de cet épisode. Il sera sans doute extrêmement difficile pour un néophyte total de bien comprendre les tenants et aboutissants de cet univers. Ce qui pourrait rendre la série hermétique aux nouveaux venus.
Néanmoins, la série possède de grande qualité simplement en tant que série. La réalisation dans cet épisode a tout ce qu’il y a de plus classieuse. Damon Lindelof retrouve sa compère de The Leftovers, Nicole Kassell et elle fait un super travail. La série se démarque facilement de la masse des adaptations de comics. La de Trent Reznor est excellente avec ses consonances industrielles qui amplifie l’ambiance oppressante de cet univers. Et enfin, le plus important, l’écriture est d’une qualité remarquable. L’univers est complexe. Mais il est fascinant dans son uchronie pour parvenir à attirer les néophytes.
Watchmen avait mené une campagne promo quelque peu inquiétante. Entre renvois incessants à Alan Moore et propos incohérents quant aux intentions politiques de la série. Cependant le résultat qui nous est proposé ici ne peut que satisfaire les lecteurs. Cet épisode développe déjà un propos intéressant quant à la société et commence à mettre en place un univers et des questionnements fascinants. En restera un résultat quelque-peu hermétique pour ceux n’ayant pas lu Watchmen. Mais en même temps vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous même. On a vraiment hâte d’en voir plus.
Mince, il n’y a que moi qui ait vraiment pas accroché alors ?
Non tu n’es pas le seul, cet épisode était merdique.
Il n’y a rien de l’essence de Watchmen…c’est chiant, manichéen, pas bien joué, ridicule.
Bref à des années lumières des qualités de Leftovers du même auteur…
On bien d’accord !
Très belle review pour un magnifique épisode.
Je ne peux m’empêcher de rajouter que la série, comme le comics à l’époque, offre une réflexion sur son propre médium à travers la scène d’introduction et surtout la série « Minutemen » qui devrait être développé dans les épisodes futurs.
J’ai vraiment hâte de voir ça !
très bon mais je regrette la récupération de Rorschach par des suprématistes.