Tom King continue de développer la psyché du Chevalier Noir dans cette seconde moitié de run. Après son mariage raté, Bruce commençait petit à petit à sombrer et se remettre en question. Dans ce neuvième volume, l’auteur pousse le héros dans ses derniers retranchements.
La famille, clé de la rédemption pour Batman ?
King a toujours eu en tête les étapes importantes de son run. L’issue tragique du mariage de Batman et Catwoman n’est ici qu’un prétexte pour développer les problématiques profondes qui entourent le personnage. Parmi elles, la question suivante : Comment se remettre d’un événement traumatique important ? Le scénariste est un spécialiste de la question. Et se permet d’apporter ici une réponse. En effet, tout ce tome tourne autour d’un seul thème : la famille. Famille au sens rapproché comme au sens large. Elle inclue de ce fait l’entourage proche du Chevalier Noir et ses anciens alliés.
Ainsi chacun va donner à Bruce l’occasion de réfléchir sur son engagement et tenter de surmonter son seuil. D’abord Superman qui propose à l’homme chauve-souris de devenir surpuissant, amenant un court récit sur la faiblesse. Bien que très court, il prendra tout son sens en fin de numéro. Viens le tour de Nightwing, le premier Robin, son fils. Le temps d’un team-up, les thèmes de la persévérance, sur la manière de se relever après une épreuve.
Puis, Alfred. Tom King laisse sa place à Tom Taylor pour nous faire la plus belle déclaration d’amour d’un père à son fils. Cette histoire, centrée sur le majordome le plus emblématique de la pop culture, dépeint avec talent l’envers du miroir. La vie aux côtés de Batman. Les sentiments développés sont très justes pour les deux protagonistes. Bien qu’indépendant, ce numéro s’insère parfaitement dans ce tome. Le message est clair : Bruce n’est pas seul et peut compter sur sa famille. On retrouve également Gordon et même le Pingouin, qui viendra ici l’aider dans sa quête de rédemption.
Plus dure sera la chute
Avec ces éléments, on pourrait croire que le Chevalier Noir est sur la pente ascendante. Sentiment partagé entre le lecteur et le personnage. Mais la force que peut représenter une famille est également une énorme faiblesse. Un à un, ses amis tombent. Un à un, les beaux discours de chaque personnage sont mis à mal par une série d’événements tragiques.
L’optimisme de Dick Grayson laisse place à une violence incontrôlée dans le cœur de Bruce. L’arc nous montre la traque de KGBeast. Batman cherche un responsable. Il est prêt à tout effacer sa douleur. Une douleur réciproque. Mais Batman s’en moque. Ce qu’il veut c’est frapper pour se soulager. L’ambiguïté des émotions et des réactions de chaque personnage, bon comme vilain, perd le lecteur autant que le héros. C’est principalement le cas lors de la rencontre avec Bane, peu bavarde mais très parlante. Batman franchit un cap de non-retour et ses alliés d’hier lui tournent le dos. Gordon, Kite-man… Seul reste son ami de toujours et son père spirituel : Alfred.
Mais le cliffhanger final aura raison de tout ce en quoi Bruce Wayne croyait. Seul et écrasé par le monde. On a exposé toutes ses faiblesse. On les a utilisées pour le détruire. Et cette destruction est amenée par le seul vrai membre de sa famille, comme un dernier coup de genou dans la colonne vertébrale.
Comme à leur habitude, les artistes qui travaillent sur le titre font un travail exemplaire. Les habitués ne faiblissent pas en qualité et les nouveaux venus (principalement sur les one-shots) apportent une ambiance différente. Mais en parfaite concordance avec le propos du comics. Mention spéciale à la coloriste Jordie Bellaire qui apporte une harmonie entre les différents styles graphiques tout en respectant le style de chacun.
Le titre Batman par Tom King ne cesse de grimper en qualité au fur et à mesure de son run. Dans ce neuvième tome, il pousse encore plus loin le curseur de la violence pour appuyer les émotions éprouvées par le Chevalier Noir. En même temps, le travail effectué autour du thème de la famille vient contrebalancer l’humeur du personnage en apportant des récits touchants et d’une grande justesse. On ne s’ennuie pas en lisant cette itération du personnage, malgré les 60 numéros déjà passés.
Oui, Oui, excellent !!!