Review VO – Joker : Year of the Villain #1 par John Carpenter

Le maître de l’horreur ultime, John Carpenter, nous propose un one-shot sur le Joker pour l’event Year of the Villain. Cette combinaison a créé trop d’attentes en moi pour ne pas la craindre, mais le résultat est finalement plus que satisfaisant. Cette critique contient des spoilers.

Joker et Jeremy

Les deux auteurs ont pris la décision surprenante de prendre le point de vue d’un homme de main qui accompagnera le Clown durant tout le numéro sans que l’on sache pourquoi le super-vilain ait jeté son dévolu sur lui en particulier. Ils vont explorer leur relation qui va se compliquer très vite, partant du sbire jusqu’à devenir son propre sidekick après une altercation avec le Condiment King (et vous savez que juste avec sa présence, ce numéro vaut le coup). Il en ressort en fait un Joker qui cherche à combler un manque créé par la disparition de Batman. Le Clown va alors d’abord tenter de prendre sa place, toujours avec un humour parodique et morbide surtout lors d’un geste détestable qui va trop loin (comme seul Carpenter sait le faire, on se rappelle le film Assaut). Il est ici vraiment perturbant, alternant avec brio une facette protectrice et aimante avec celle du véritable super-vilain cruel et diabolique.

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Dans le même temps, les scénaristes développent le personnage de Jeremy – dont on apprend le vrai nom qu’à la fin du numéro – qui est donc un jeune homme souffrant de troubles mentaux comme son « mentor ». C’est à travers ses yeux que l’on voit le Joker, avec une introspection sur sa façon de vivre et d’exprimer sa maladie mentale. Il y a une réflexion très juste et importante qui en ressort : un malade mental n’est pas forcément dangereux, contrairement à ce que des années de fiction tentent de faire croire. Tout le message sur la souffrance que ces gens supportent, psychologiquement et socialement, est bien trop rare et le fait de séparer folie et diabolisme marque le lecteur.

Codépendance et troubles psychiatriques

Le récit continue la descente aux enfers du jeune homme de main que le Joker fait souffrir et manipule jusqu’à un moment déclencheur où Jeremy refuse enfin de se comparer au super-vilain. On observe un renversement de pouvoir qui semble satisfaire le Joker, essayant maintenant de combler le manque de justicier avec lui. Cette scène a un moment un peu gênant d’ailleurs, un côté masochiste envers Batman qui a toujours été sous-entendu et sujet de nombreuses blagues, mais qui devient un peu plus réel ici, ce qui ne va pas plaire à tout le monde. En tout cas, ce moment déstabilise même Jeremy, et le Joker reprend le dessus. Cette page est également très perturbante, rappelant Un Deuil dans la Famille par ailleurs, avec une jubilation dans la violence excessive et surtout cette phrase qu’il prononce.

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Dans la vision du Joker, le rêve de tout sidekick est de se faire abuser par son mentor, c’est comme ça qu’il traitait Harley Quinn et qu’il traite le pauvre Jeremy qui finit tabassé devant sa mère. Ça en dit long sur le personnage qui voit tout par le prisme du mal, qui est pour lui le seul moyen d’élever les gens autour de lui, comme il essaie de faire de Jeremy le prochain justicier de Gotham. Montrer que grandir par la violence est absurde est une belle façon de rendre le Joker encore plus maléfique et apathique, prouvant en plus à une génération vieillissante qui ne jure que par la guerre pour forger les hommes son inefficacité.

«Une génération d’hommes élevés par des femmes»

C’est aussi un pan de la personnalité de Jeremy qui est exploré : lors de leur rencontre un peu forcée avec Enchantress (avec un problème de continuité d’ailleurs, la Suicide Squad devrait être démantelé lors du Year of the Villain avec les événements autour de Leviathan), la super-vilaine daigne à peine lui jeter un œil alors qu’il est ébahi par sa beauté. C’est là qu’il découvre que le pouvoir que lui donne le Joker ne lui servira pas, premièrement, mais ce rejet ouvre également la plaie de son manque de virilité et d’expérience. Il se persuade qu’Enchantress n’en voudrait pas à cause de ça, préférant les hommes durs et dangereux au gentil garçon qu’il est et qu’on utilise. C’est une véritable angoisse qui ressort et que le Joker ne manquera pas de manipuler pour le pousser à se révolter contre cette femme avec d’autres endoctrinés afin de regagner un semblant de virilité, un message qui rappelle Fight Club, même si Carpenter et Burch n’ont pas le temps de l’explorer autant. Le one-shot se termine sur une note optimiste néanmoins, le jeune sidekick de fortune du Joker ayant retrouvé sa mère, arrêté de croire qu’être fou le mettait dans la même catégorie que son mentor et qu’il peut guérir certaines de ses blessures mentales, sociales ou physiques.

C’est fou tout ce qu’on peut mettre dans 30 pages de comics. Alors que certains luttent pour dire une chose intéressante dans un numéro, John Carpenter et son partenaire Anthony Burch ont réussi à écrire à la perfection le Joker en lui ajoutant encore plus de pertinence dans son côté diabolique. Grâce au personnage de Jeremy, ils y intègrent une réflexion importante sur les personnes souffrant de troubles mentaux et leur image dans notre société, notamment celle les voyant tous violents et dangereux, ainsi que sur le rôle du sidekick vu par l’œil d’un super-vilain. On retrouve aussi un message sur la quête de virilité de cet homme dans une société machiste et sur les relations abusives, Jeremy comme Harley Quinn avant lui se faisant torturer par le Clown Prince du Crime, avec ce discours sur le fait qu’on aime ceux qui nous font du mal car ils nous donnent de l’importance.

Ils dépictent un Joker sans son Batman, et qui cherche à combler ce manque en trouvant une nouvelle victime à torturer. Le personnage est très bien écrit avec cet humour malsain et une grosse dose de cruauté, le tout bien mis en scène par Philip Tan avec des planches très marquantes, profitant des nombreux encreurs et du coloriste Jay David Ramos, posant plusieurs ambiances et des lumières intéressantes.

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Sledgy7

Sledgy7

Comme tout enfant des années 90, Sledgy a grandi avec Batman et DC Comics, à travers les séries et les films, avant de dilapider son argent dans les comics une fois adulte. Outre Batman et quelques héros comme Aquaman, son admiration se porte surtout sur les super-vilains. Avec sa soif de connaissances pour cet univers si riche, il aime être au courant de tout, ce qui l’a amené à rejoindre les rangs de DC Planet en tant que newseur.
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