Pennyworth, c’est la série que personne n’attendait, dont on se demande même pourquoi elle existe, mais qui est finalement là. De plus, lorsqu’on sait que c’est Bruno Heller, à l’origine de Mentalist et Gotham qui en est le créateur, on est légitiment en droit de se demander ce que le bonhomme va nous pondre cette fois-ci. Alors que vaut cette nouvelle série estampillée DC ? Réponse tout de suite.
London Calling
Dans les années 60, Alfred Pennyworth est un jeune homme tout juste rentré de la guerre, traumatisé par cette dernière, qui travaille comme videur dans un club du quartier chaud de Londres. Essayant de démarrer son entreprise de sécurité privée, il va croiser la route de Esme, danseuse de cabaret rêvant de devenir actrice, et de laquelle il va tomber amoureux, mais va aussi faire la rencontre de Thomas Wayne. Seul problème, ce cher Thomas a découvert une fraude bancaire dont une mystérieuse organisation est à l’origine, celle-ci étant bien décidée à le faire taire. Évacuons d’ores et déjà les questions techniques habituelles. Au niveau de la réalisation, le tout fait le taff, et les scènes de combats, bien que courtes, rendent vraiment bien. D’un autre côté, de la part du réalisateur du premier Judge Dredd avec Stallone, rien d’étonnant. Les effets spéciaux et les décors réussissent à camper une Londres de l’époque assez réaliste, et si tout n’est pas parfait, on sent une réelle volonté de faire des efforts de ce côté-là. La direction de la photographie et le traitement de l’image s’avèrent d’ailleurs assez léchés, avec une prédominance de teintes jaunâtres, un peu à la manière d’un Preacher. Pennyworth se dote aussi d’un générique qui a un minimum de gueule, ce qui fait plaisir, surtout quand les autres séries n’en possèdent généralement pas –non, je vous vois venir, ne commencez pas, faire apparaître Arrow, Titans, et j’en passe, cinq secondes à l’écran, ce n’est pas un générique-.
Les acteurs sont bons, et les personnages qu’ils incarnent sont attachants. Malheureusement, et cela n’est en aucun cas leur faute, certains des héros, et surtout des vilains sont souvent trop caricaturaux. Au premier coup d’œil, vous savez qui est méchant, qui ne l’est pas, et aucun twist ne viendra vous surprendre. Le méchant principal de l’épisode se ballade avec une grande cape, une canne, et un sourire mauvais, et ses sous-fifres sont une blonde au regard méchant, accompagnée d’une grosse brutasse qui ne parle pas et tape des gens. Et ça, c’est un peu dommage, même si on sait très bien que le grand méchant se cache dans l’ombre… Ah non, en fait, il est aussi montré. Attention, le tout se laisse regarder, mais un peu plus de subtilité n’aurait pas été de refus.
OSS Pennyworth : DC ne répond plus
Cependant, malgré cette tendance à la caricature, pas mal de bons points sont aussi à retenir. Les personnages sont correctement développés, et l’humour, sans être lourd ni trop présent, fonctionne bien. Alfred est correctement présenté, plutôt jovial de nature, on sent pourtant un vrai traumatisme du à l’armée chez le jeune homme. Ses rapports avec ses parents, et notamment son père, rêvant qu’il emprunte la même voie que lui sont aussi assez bien gérés. L’épisode s’avère assez bien rythmé, et réussit à introduire l’univers sans réelles longueurs, ni faire trop d’exposition.
Reste la question de l’adaptation. Si Pennyworth reste une série correcte, mais somme toute vraiment agréable à regarder, à l’exception du fait que deux personnages se nomment Alfred et Thomas Wayne, rien ne permet de faire un lien avec DC Comics, hormis le gros logo en début d’épisode. De ce fait on s’interroge sur le pourquoi du comment de la création de cette série. Si vous voulez mon humble avis, voilà comment le tout s’est passé. Epix est une chaîne de télévision payante américaine proposant divers programmes dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler. En 2019, elle semble vouloir lancer deux trois séries histoire de justifier un abonnement à la chaîne. En dépit du fait qu’elle soit la propriété de la Metro-Goldwyn-Mayer, elle reste une société sans beaucoup de moyens. Malheureusement, sans licence connues, percer est très compliqué, d’autant que l’absence de budget empêche de grosses campagnes de marketing. La preuve ici, la série étant sortie dans un silence assez triste. Bien entendu, si vous avez une très bonne série, le bouche à oreille fera le reste, la preuve avec Cinemax –Banshee, Warrior, etc..-, ayant tout de même quelques moyens, étant la propriété de HBO. Mais il faut faire vite, car si le succès est tardif, rien n’empêchera la chaîne de couler avant d’atteindre le succès.
Par conséquent, Epix a opté pour la méthode de la licence, mais pas chère, avec DC, afin de ramener quelques personnes. La preuve, nous en parlons, alors que je ne connaissais pas Epix avant aujourd’hui. Et quel était un des personnages les moins chers ? Permettant d’en faire un peu ce que les scénaristes voulaient, sans que DC gueule ? Le héros auquel personne ne s’attendait, mais qui est du moins ancré dans la culture populaire ? Sans insulter Alfred, hors cette histoire de culture populaire, ils auraient tout aussi bien pu entrer dans les bureaux de Didio, Jim Lee, ou n’importe qui d’autre impliqué, et demander les droits de Kamandi, de Kite Man, ou d’Ultra The Multi alien –ok là j’exagère, mais vous comprenez l’idée-. Ils auraient très bien pu proposer exactement la même série en ne changeant uniquement que deux noms.
Pour résumer, Pennyworth, à l’exception de son logo DC et du nom de ses héros, n’a pas grand-chose à voir avec l’univers du chevalier noir de près ou de loin. D’un autre côté, il est difficile d’en vouloir aux scénaristes, que vous aimiez Bruno Heller ou non. Adapter quoi que ce soit est ici impossible, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a rien à adapter. Par ailleurs, bien que ce premier épisode soit correct, il reste honnêtement assez agréable à regarder. DC ou non.
Merci pour ce retour, Blue. Cela me conforte dans ce que je pense depuis le début : la série n’apportera rien à l’univers DC, mais, en tant que pastiche des James Bond des années 60, elle sera probablement agréable à regarder. Du coup, je jetterai un œil à ce pilot.
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Humour.