Après la publication récente de la nouvelle Justice League sous la plume de Scott Snyder, c’est au tour d’une nouvelle ligue de faire son apparition, et pas des moindres. La Justice League Dark renait des cendres laissées par l’event No Justice sous la plume de James Tynion IV. Ce premier tome reprend les trois premiers numéros du reboot ainsi que l’intégralité de l’event The Witching Hour, crossover entre Justice League Dark et Wonder Woman. L’attente en valait-elle la peine ? C’est ce que vous allez pouvoir découvrir ici.
Faire du neuf avec de l’ancien
Dès l’introduction, on constate que le monde ésotérique de l’univers DC est en proie à une grande perturbation. Si ce changement de statu quo a pour origine la brèche dans le mur de la source et l’apparition de l’arbre aux merveilles (voir Batman : Metal et No Justice), les événements narrés dans ce tome vont très vite se détacher des élucubrations de Scott Snyder pour poser une problématique bien plus générale : L’ère de la magie telle que nous la connaissons est-elle sur le point de s’achever ?
En effet, tous les êtres magiques assistent, impuissant, à un changement brutal de leur monde. C’est notamment le cas pour Zatanna qui, en pleine représentation, , perd le contrôle de ses pouvoirs et manque de tuer tout son public. Mais plus étrangement, Wonder Woman le ressent également et essaye de monter une équipe pour s’occuper du problème. Le premier numéro est dédié à la création de cette nouvelle Justice League Dark. Et sa composition est forte intéressante. On retrouve, sous la supervision de l’Amazone, les habituels Zatanna, Swamp Thing et Detective Chimp (que l’on prend plaisir à retrouver). Mais Kirk Langstrom, alias Man-Bat, se joint également à la fête. Un personnage qui offre la possibilité au scénariste de confronter les domaines antagonistes de la science et de la magie. Ce n’est malheureusement pas le cas dans ce volume et cela déteint sur la caractérisation de l’homme chauve-souris, relégué au second plan pendant toute l’intrigue.
A contrario, on retrouve une multitude de personnages secondaires tels que John Constantine, Etrigan, Witchfire, Black Orchid et j’en passe, comme autant de friandises pour les amateurs de l’univers merveilleux de DC Comics. C’est également le cas dans les lieux visités par l’équipe comme l’Oblivion Bar, Le parlement des arbres ou encore la Tour du Destin. Et ces décors sont sublimés par les artistes se succédant sur le titre qui, tout en ayant leur style propre, ne nuisent pas à la cohérence globale de l’ouvrage. Mais Tynion IV ne fait pas seulement du fan service. Tous ces clins d’œil servent le propos de l’intrigue et tendent à mettre en avant une seule et unique entité : la Magie.
In the beginning… there was magic
La magie est un personnage à part entière dans les pages de Justice League Dark. Un personnage qui évolue tout au long de l’histoire, qui joue le rôle de demoiselle en détresse en début de tome mais qui se révèle avoir bien plus de ressources que ce que l’on aurait pensé. Et Tynion IV joue pleinement avec cette versatilité de la magie. Au lieu de se cantonner à raconter des histoires fantastiques sans cohérences avec l’univers DC, il va utiliser le fait que celle-ci soit souvent absente des titres phares de l’éditeur pour questionner sa légitimité. Y a-t-il encore de la place pour la magie dans cet univers ? L’équipe va alors essayer de se battre pour le prouver, et pas seulement par la force (bon ok… souvent par la force, il faut satisfaire les consommateurs) mais aussi avec des arguments fondés sur l’évolution du monde et des mœurs dans la société actuelle. De la même manière, les contre-arguments des antagonistes sonnent juste également. Ici, pas de gentils ou de vilains. Simplement plusieurs camps qui se battent pour une cause, avec plus ou moins de véhémence et de totalitarisme.
Au-delà de cette analogie, c’est l’évolution de certains personnage qui brille dans l’ouvrage. Wonder Woman est au centre de l’intrigue et se voit initiée, tout comme le lecteur, à cet univers ésotérique. Elle sert de guide et de modèle tout au long du volume, laissant du coup peu de place au développement des autres personnages principaux. Hécate, vilain principal de cette intrigue, dispose également d’un développement intéressant et représente une menace réellement surpuissante. L’introduction d’un nouvel ennemi, tiré tout droit d’une dimension parallèle, nommé l’homme inversé, évoque l’idée d’une dualité dans la magie. Le fait que tout pouvoir utilisé produit une réaction néfaste. Cela est également appuyé par les propos de Zatanna au fil de l’histoire. On sent que Tynion IV a envie d’aborder une multitude de thèmes différents avec cette équipe et cela promet des péripéties intéressantes par la suite.
De la magie, des dieux surpuissants, des héros sombres et mystérieux, tout est fait pour tenir le lecteur en halène tout au long de l’ouvrage. Mais derrière ce blockbuster efficace, on peut trouver un propos cohérent et intéressant, une équipe très bien exploitée et surtout cette petite étincelle qui nous anime face aux merveilles de cet univers. Une (ré)introduction réussie, donc, pour la Justice League Dark qu’il faudra concrétiser dans les tomes suivants.
Ayant abandonné WW rebirth après le run de Rucka et ayant fui les derniers écrits de Snyder, vais-je être perdu en attaquant ce très tentant JLD ? Peut être y a t-il un résumé en début d’ouvrage suffisant à la compréhension de la suite ?
J’étais dans la même situation que toi pour WW Rebirth et Snyder, mais à la lecture aucun problème la série se suffit à elle-même et tant mieux.
Super, bonne nouvelle, Merci !