Voilà plusieurs années, Frank Miller nous faisait rêver son projet Superman. La réécriture de ses origines s’annonce comme peu pertinentes. Superman connaît déjà plusieurs récits comme Secret Origins (Geoff Johns/Gary Frank) ou Birthright (Mark Waid/Leinil Francis Yu). De ce constat, comment ce fameux Superman : Year One va-t-il tirer son épingle du jeu des autres réécritures ?
Un renouveau pour Frank Miller
Une chose est sûre. Ces origines sont, avec ce premier chapitre, extrêmement classiques. Dans le contenu proposé, Frank Miller n’apporte rien de nouveau. Le scénariste n’a pas la prétention de réinventer le personnage. Contrairement aux attentes, Frank Miller livre une version de Superman extrêmement positive. Frank Miller oriente les origines comme des origines radieuses, associées à une version moderne. Ce premier chapitre introduit les premiers instants de Kal-El de la même manière que les origines concises de Jeph Loeb pour Superman/Batman en 2003.
N’est pas un récit de Frank Miller sans évocation au religieux. Ici, le rapport au religieux est présent, quoique très discret. Ce qui n’empêche pas l’identité de messie d’être quelque peu exagérée. Dès son arrivée, le petit Kal-El fait ses premiers pas, faisant face à son père adoptif. Comme s’il l’avait choisi. Outre son attitude, et sa position, son accoutrement évoque le personnage de récit religieux. Si le parallèle s’avère intéressant, l’image est presque hors-sujet, manquant de sens, faute d’approfondissement – pour le moment.
Légèreté de l’origine, lourdeur du cliché
Le récit suit Clark Kent dans son évolution à Smallville, de ses premiers pas sur Terre, son enfance, et ses premières grandes décisions. Contrairement aux attentes, Superman Year One n’est pas un récit d’action. Ce premier chapitre présente les fondations des valeurs du héros de manière évidentes, mais efficaces. Frank Miller nous passionne pour les relations qu’il noue entre les personnages, malgré un développement rapide des personnages secondaires.
On se laisse facilement perdre par tout l’attachement et la tendresse de personnages comme la famille Kent, ou la relation avec Lana Lang. On se plaît à retrouver des visages connus, et pourtant oubliés dans notre morbide continuité. Néanmoins, Frank Miller tente d’étoffer la vie de lycéen de notre héros en devenir. Pour cela, il créé quelques personnages, répondant à un bon nombre de clichés – à commencer par l’émo-gothique violent.
Faire retentir l’émotion
La crainte commune concernait avant tout l’artiste John Romita Jr. Aux côtés de l’encreur Alex Sinclair, il présente un travail en demi-teinte, au grand potentiel. John Romita quitte son Superman aux traits rigides de Man of Tomorrow (Superman New52) pour un Clark Kent très expressif. Un travail en demi-teinte car son jeune Clark Kent repose presque sur une caricature. Son visage disproportionné accompagné d’un plan rapproché ne fait qu’exagérer l’air insouciant et naïf du personnage. L’approche caricaturale décroît avec l’évolution de Clark. Une fois adolescent, il apparaît comme normé aux coutumes humaines, accepté du lycée où il étudie. Apparaît alors la force de cette origin-story, malgré une colorisation faisant disparaître toute texture : l’expression des sentiments.
Alors que le duo Miller/Romita Jr. brillaient dans les récits sombres et violents (comme y fait référence ce chapitre dans son introduction), Superman : Year One accorde les deux artistes dans une vision plus claire et positive du super-héros. Se trouve peut-être ici le véritable renouveau du super-héros, par ceux qui ont appuyé une vision sombre et violente, quarante ans plus tôt.
Je n’aurais qu’une seule critique à ton article… emo et gothique… ce ne sont pas la même chose… emo c’est pour le style… le goth a une culture qui lui est propre: livres (Poppy Z Brite, Mary Shelley ou encore Baudelaire et Bram Stoker), musique goth (siouxies and the banshees, Nick Cave, The Cure etc…). Mélanger les deux c’est limite une insulte pour les goths (d’ailleurs en ancien goth je me sens un peu insulter). L’émo est au mouvement goth ce que le hipster est au bûcheron canadien… il a juste piqué le style et ça s’arrête la. Pire, je soupçonne les emo d’être des rejetons de twilight.
Merci pour ces éclaircissements !
Le mouvement Emo date de la fin des années 80 donc ton analogie avec Twilight tu peux te la garder (c’est un peu une obesession d’ailleurs, non ?).
De plus les mouvements Goth et Emo tirent tous les deux leurs racines du mouvement Punk, donc bien entendu que c’est complètement valable de relier les deux.
Et pour finir dire que le mouvement emo n’a pas sa propre culture alors qu’il y a littéralement un style de musique nommé la musique emo, c’est… idiot ?
ouai alors la musique emo … mdr… c’est un patchwork qui se réclame de tout et de rien..post punk mais on réclame quand même fugazi (qui est clairement du punk) on y retrouve un amalgame de punk californien, les weezer qui est du pop punk… en gros le « style » à un large panel de musique sans réellement avoir de style qui lui est propre sauf tourner autour du punk américain, le mouvement goth lui est international, et lui prend plus ses sources (même si tu y retrouve le punk) dans l’indus, la new wave, l’opéra, le métal etc… Juste un exemple… prend l’album Vovin de Therion (un morceau au hasard: Wine of Aluquah), c’est une oeuvre d’art de métal opéra goth. Oui les deux ont un style vestimentaire pseudo proche… et encore que l’émo est fidèle à lui même… Le goth peu aller de la simple tenue noire avec veste en cuir, tout en passant par le goth romantique (goth a froufrou) et le goth fétichiste (cuir ou vinyle moulant), c’est un mouvement qui à une scène musicale, littéraire, graphique (peinture, dessin…) Les deux ne sont pas comparables…
L’impacte de la culture goth est même visible dans les films d’action ou pseudo futuriste quand tu vois les héros et les vilains porter des pompes New Rock qui à la base est une marque pour les goths et design par des goths ^^
J’ai du mal à voir comment on peut apprécier ce numéro à partir du moment où c’est un monumental Out of Characters rempli du message « il vient d’ailleurs et n’a rien d’humain ». On a une franche volonté de faire du Marvel bas-de-gamme et non du Superman ici. Sans compter que bon, Superman dans la Navy, bouarf, voilà quoi …
Miller qui ne sait pas écrire un super-héro sans une ambiance dark et Gotham City en dit long sur les capacités restantes… J’étais pourtant optimiste.
Peut-être s’agit-il aussi d’attente. Je n’en attendais absolument rien. J’aime l’idée d’un récit radieux de la part de Miller, et je trouve le rapport à la Navy intéressant, et en accord avec ce l’évolution de ce Clark protecteur et amoureux. Là où tu vois du out of character, je vois une version Ultimate de Superman, avec des apports, des modifications. Elles sont très légères ici, et je ne voulais pas trop m’avancer sur les numéros à venir. Mais je suis intrigué par cette approche. Et j’espère que l’allure de messie prendra son sens par la suite, autrement que par la simple transformation en super-héros.
Je ne sais pas pourquoi, mais quand tu dis « Marvel bas-de-gamme », nombre de récits de Bendis me viennent à l’esprit ^^
Ce ne serait pas pour l’aspect parfois trop verbeux du numéro ?
Je suis totalement d’accord avec Watchful, je suis curieux de voir ce qu’ils vont donner, l’approche est intéressante et ça n’à rien d’un Marvel bas de gamme, mais ça sens le Miller qui prend de l’age, et je dois avouer que… pourquoi pas ^^!