On connait généralement le mythe de Billy Batson l’adolescent qui devient Captain Marvel en criant le nom Shazam. Pourtant, la version plus enfantine de Billy Batson sous la plume de Jeff Smith gagne tout autant à être connue. Retour sur le volume Shazam contre la Société des Monstres paru chez Urban Comics il y a quelques semaines.
Shazam, l’enfant perdu qui devient Captain Marvel
Comme dit en introduction, dans le récit de Jeff Smith, Billy Batson est un enfant. Un enfant qui trouve de l’empathie auprès du lectorat en vivant dans la rue. Il tente de s’en sortir tant bien que mal. Il lutte. Et il a pour seul ami un autre sans abri : Talky Tawny. Ce nom n’est pas anodin bien sûr et résonnera vite chez les fans de cet univers. C’est une version osée, et pourtant très réussie, que propose Jeff Smith qui s’occupe ici du récit et des dessins. Ces derniers sont colorisés par Steve Hamaker.
L’auteur connu pour son oeuvre Bone revient ici sur le thème des monstres, du bien et du mal, et de l’enfance. Son travail chez DC a été salué par divers artistes, dont Alex Ross qui signe un très beau discours en fin de tome. Le traitement des personnages est surprenant mais très agréable. Si le petit Billy est un enfant élu par le sorcier Shazam, il croisera sur sa route la toute jeune Mary qui deviendra une Mary Marvel délicieuse. Enjouée et spontanée, elle apporte de la fraicheur au récit qui semblait assez sombre jusque là. Le duo est très attachant, et si l’on y rajoute le mythique Talky Tawny qui se révèle être un esprit qui se transforme en chat, tigre, humain, le récit se délecte jusqu’à la dernière case.
Ce n’est pas vraiment les seules modifications puisque Mr Mind et Dr Sivana changent aussi de condition. Le premier devient un serpent miniature et le second un politicien qui ne pense qu’à l’argent. Ils livreront tour à tour et conjointement des menaces pour le petit Billy qui devra sauver le monde du haut de ses petites années. La naïveté retrouvée dans le récit de Jeff Smith se retrouve aussi dans ses dessins. Il y a comme un effet cartoon dans ses cases qui donne un côté léger et mignon au récit.
Un récit pour les grands et les petits
Ce récit propose une version qui plaira à la fois aux petits qui pourront s’attacher aux deux enfants, mais aussi aux grands. L’aventure livrée ici est classique et Jeff Smith ne cherche pas à trop en faire. Le récit reste cohérent. L’auteur ne divague pas dans des absurdités comme d’autres auraient pu faire. Il s’en tient à sa menace immobile, livrant des challenges adaptés à Captain Marvel. Un récit qui peut du coup se lire pour les petits sans trop de violence ou d’histoire compliquée, mais aussi pour les grands qui auront une histoire solide. Bien sûr, la menace est forte de par son origine, mais ne démolit pas une ville en deux cases.
De plus, Urban Comics présente des petits apartés avant chaque numéro pour présenter les divers personnages majeurs du récit. Une bonne façon de les découvrir et découvrir leur grands faits en dehors de l’histoire proposée dans le tome.
L’un dans l’autre, le pari est réussi pour Jeff Smith qui séduit le lecteur en revisitant le mythe du Captain Marvel. Shazam contre la société des monstres est un plaisir à ne pas se refuser surtout avec son prix assez attractif.