Nouveau titre du Black Label, le dernier (?) projet de Scott Snyder sur Batman se présente avec son premier numéro. Prenant des allures d’événement estival, avec une couverture médiatique importante pour un comics, qui plus est, hors continuité, l’éditeur semble miser beaucoup sur un énième titre de Scott Snyder, preuve d’une confiance qui n’a fait que se confirmer avec le précédent événement Metal.
A en perdre la tête
Batman est sur le point de résoudre un mystérieuse affaire, un tracé à la craie représentant le corps du chevalier noir, dont les points convergent vers Crime Alley. Une fois sur place, il se fait surprendre et se réveille, patient de l’Asile d’Arkham. La frontière entre le réel et la démence est particulièrement fine. Qualité que possède le titre, troublant les repères du lecteur. La narration devient confuse, et Scott Snyder conserve un développement en deux temps. Le premier est celui des sensations, avec ce jeu entre la folie au sein du réel, et une part de réel au sein de la folie. Le second interrompt le premier pour apporter une valise d’informations, comme un guide d’éléments que le scénariste ne voulait développer, sous peine de perdre le lecteur. Scott Snyder cherche à développer son univers, le rendre crédible.
Le principe de ce voyage intérieur est d’ores et déjà complexe, alourdi par les informations donnant l’illusion d’un univers développé. Ce premier numéro s’en passerait bien. Batman : Last Knight on Earth n’est pas un titre nécessitant une écriture commune, déjà riche d’une situation initiale particulièrement intriguante, et inquiétante. Comme c’en est rarement le cas, Scott Snyder associe au personnage de Batman un thème penchant vers l’horreur, non sans un fan-service forcé.
Une petite touche de ridicule dans votre démence ?
Comme pour ce qui est du développement, l’écriture de Snyder répond à des habitudes prises par le scénariste au fil de ses créations. Parmi elles, les éléments déconnectés du sérieux de son histoire, de son ambiance. Comme pour son All-Star Batman (souvenez-vous de ces oreilles éjectables), Batman : Last Knight on Earth s’offre un générateur à Bruce Wayne et une camisole renforcée Batman. Tout comme pour Metal, Batman se retrouve embarqué par une équipe. Le premier chapitre instaurant une ambiance glauque au possible, affirmant une inquiétude concrète pour le personnage, le second désamorçe tout l’effet initial. La comparaison à Metal est de mise : même équipe créative, concept quasi-similaire. Fort heureusement, le numéro tend à renouer avec la part effrayante de ce Batman perdu, au même titre que le lecteur.
Annoncé comme le dernier projet entre Snyder et Capullo, ce dernier offre des planches surprenantes. Bien au delà de ce qu’il avait pu réaliser lors de sa dernière coopération avec son compère, son design caricatural est accentué par une précision qu’on ne lui connaissait plus depuis Spawn. La colorisation et l’encrage y jouent également pour beaucoup. De nombreux jeux de lumières opèrent, où la lumière s’avère plus effrayante que l’obscurité. L’histoire comme la représentation bouleversent les codes du super-héros dans leurs actes, le regard que porte le public sur eux.
Batman : Last Knight on Earth se situe bien à l’écart des autres créations de Scott Snyder, tout en reprenant ses bonnes et mauvaises habitudes d’écriture. Cette nouvelle série comporte des qualités graphiques et une réflexion intéressante, mêlant ce que nous connaissons du scénariste chez DC et en indépendant.
C’est incroyable de voir la différence entre les critiques sur Snyder en France et les critiques aux US… J’ai vu un gars mettre 9.5/10 à ce numéro
Le nom et l’idée associée peut grandement influencer le regard qu’on porte sur une œuvre (avec certaines limites bien sûr). Je sais très bien que la présence de Doc Shaner sur un titre va m’influencer, et pour ce numéro j’ai essayé d’oublier qu’il s’agissait de Snyder lors de la lecture, alors qu il transpire toute la mécanique que Snyder exerce depuis 2011.
Si pour moi c’est « correct », dans le sens où ce qu’on peut apprécier chez Snyder se retrouve mêlé à ce qui peut lasser, les fans de Snyder (et surtout de Metal), s’y retrouverons et apprécierons. De ce fait, 9.5/10,c’est manquer de recul critique, mais ça peut tout à fait se comprendre.
Critique plutôt positive donc ! Surtout le propos sur Capullo donne envie