Review VF – Batman Detective Comics Tome 6 : La Chute des Batmen

Batman Detective Comics Tome 6 prend au pied de la lettre le dicton « pas de repos pour les braves ». Alors que Tim Drake est enfin de retour à Gotham après s’être débarrassé de son double totalitaire du futur (la routine quoi) c’est une ancienne menace qui resurgit avec le retour du Syndicat des victimes. Ce tome marque de gros changements dans le run de James Tynion IV, mais est-ce que le résultat est toujours aussi bon ?

Des personnages toujours aussi bons…

Une chose qui ne change quasiment jamais avec James Tynion IV c’est sa constance. C’est l’une des qualités principales de Detective Comics et ce sixième tome ne vient pas déroger à la règle. Il connait ses personnages, les maîtrise sur le bout des doigts, et ce tome 6 ne fait pas exception. Et c’est donc encore une fois le point fort de ce tome. Il y a déjà la continuation du développement de Tim. Celui-ci après son enfermement et sa confrontation avec son double venu du futur n’est pas laissé indemne, au contraire il semble même de plus en plus sombrer. Et ici la chose est assez intéressante, car même après avoir vu ce qu’il était supposé devenir dans le futur, Tim continue à faire toutes les erreurs qui pourraient le mener vers ce futur cauchemardesque. Il ne dort quasiment plus, s’enfonce dans ses projets, quitte à négliger sa propre vie et son entourage. Entourage auquel il n’hésite pas à mentir. Tout ces éléments qui le rapprochent de plus en plus de Batman et de tous ses excès. C’est quasiment une notion de fatalité qui est développée ici et, bien que terrible, c’est assez fascinant.

On notera aussi le dernier numéro qui réunit toute la Bat-family et qui est vraiment un gros point fort de ce tome. Déjà revoir tous ces personnages se rassembler le temps d’un numéro  devient assez rare et donc toutes les fois où cela arrive sont bonnes à prendre, mais, qui plus est c’est vraiment très bon. Les personnages sont bien écrits et leurs échanges sont savoureux. Qui plus la qualité graphique est excellente, que ce soit dans les dessins et les couleurs, mais aussi dans les découpages. Le numéro sert aussi de grosse remise en question de tout ce que l’on pensait savoir sur cette nouvelle équipe que Batman a créée. On sait enfin quel était son véritable objectif en la créant et la justification est vraiment bonne. Elle permet de voir d’un œil nouveau l’ensemble de la série.

Cependant la star du tome est bien entendu le personnage présent sur sa couverture : Clayface. Ici le personnage a un peu le droit à l’aboutissement de tout son développement dans la série. Alors de ce fait il y a, à mon avis, plusieurs façons d’aborder cette conséquence majeure. Certains pourront y voir une forme de logique fataliste, qui est un peu un élément récurrent en fin de compte dans ce tome. Ou, alors certains pourront trouver qu’il y a un peu de gâchis dans cette évolution. Il s’agira avant tout d’une question de ressenti, et à ce niveau là nous sommes tous différents.

… mais à côté de vraies faiblesses

Là où réside la plus grande faiblesse de ce tome, c’est dans ses antagonistes. Le syndicat des victimes ne m’a jamais vraiment convaincu et tout ce qui entoure ce syndicat dans ce tome ne me convainc toujours pas. Effectivement, Batman et ses alliés peuvent faire des erreurs et ces erreurs peuvent avoir des conséquences sur Gotham et ses habitants. Cependant quand on voit le maire et les citoyens se retourner contre eux, il y a vraiment une énorme envie de rouler des yeux. Vous ne voulez plus de Batman ? Pensez peut-être à construire des prisons desquelles les criminels ne peuvent pas s’échapper. D’un autre côté ce retournement de l’opinion public n’est pas, complètement, inconcevable. Il est vrai qu’il suffit de bien peu de choses pour que les gens changent totalement d’opinion et dans ce cas-là ce peu de choses c’est le Syndicat. Il en reste que je trouve toujours ça un peu trop facile comme retournement.

Là, où j’ai du mal avec ce Syndicat des victimes c’est qu’à aucun moment ils ne sont réellement autre chose que des vilains. Le flou autour de leurs véritables intentions n’est pas assez tangible. A aucun moment on a l’impression que ce sont des personnages avec un caractère nuancé et une réflexion personnelle. C’est pour moi l’un des plus gros points noirs de ce tome. Cela fait d’eux des vilains lambdas, alors qu’il y avait matière à créer une vraie ambivalence chez eux. Il y a bien Anarky qui est censé représenté cette nuance, mais au final le personnage passe plutôt pour un idiot incapable de se rendre compte que ses nouveaux copains sont des escrocs. Toutes leurs actions sont répréhensibles et c’est bien dommage. On aurait vraiment apprécié que le scénariste joue plus sur ces questions de bien et de mal que peut provoquer Batman et ses alliés.

Pour continuer dans les défauts, la partie graphique dans ce tome est vraiment en dents de scie. Les deux premiers numéros sont vraiment les plus impactés par ce problème. L’ensemble est très grossier. Les visages sont très lisses et sans émotion, tandis  que les postures des personnages sont, dans l’ensemble, assez peu naturelles. Et quant au découpage il est purement fonctionnel. Cependant il en reste que le résultat n’est pas non plus immonde. C’est simplement très lambda et bien peu inspiré. Heureusement pour le reste du tome cela s’améliore.

Même si l’on a des choses à redire quant à certains détails de ce sixième tome (les vilains en particulier) Detective Comics ne déçoit toujours pas. De par le développement de ses personnages et de l’attachement que l’on a maintenant pour eux on en oublie la plupart de ses défauts. Ce qui fait toujours de Detective Comics une des séries les plus régulières et des plus qualitatives de la gamme Rebirth.