Les 80 ans de la chauve-souris approchent, et c’est au beau milieu de sa mini-série The Batman Who Laughs qu’intervient ce One-Shot focalisé sur ce nouveau Batman, surnommé Bat-Punisher depuis son annonce. Tout comme la série dont il est dérivé, ce One-Shot laisse peu d’espoirs concernant un semblant de profondeur pour son personnage, mais force quelque peu la main avec la présence cette fois d’Eduardo Risso.
Grim-Knight & Gritty-Knight : Year One
Depuis Metal, on ne l’arrête plus. Scott Snyder nous sort des dérivés du concept de Batman dans toutes les versions, à en oublier qu’un label elseworld a été créé pour l’occasion il y a environ vingt ans. Quoiqu’il en soit, il fait des heureux dans les bureaux de l’éditeur. Le Grim-Knight est bien parti pour étendre le succès du Batman Who Laughs. Ce One-Shot n’a d’autre prétention que celle de présenter les origines du personnage, cet énième autre Bruce Wayne aux origines variantes.
Scott Snyder en plus de tuer les parents de Bruce une nouvelle fois, le scénariste assassine et la subtilité et l’originalité. Une fois n’est pas coutume, le scénariste nous prouve qu’il connait ses classiques, et nous ressasse les origines de Batman par Frank Miller. A grands coups de Year One, Scott Snyder nous rappelle à quel point qu’aucune oeuvre n’est intouchable. Le numéro repose pour beaucoup sur les scènes marquantes du célèbre récit : l’irruption de la chauve-souris dans le salon ou encore l’entrainement sous le neige.
De cette inspiration profonde découle un avantage mis sur le compte d’Eduardo Risso et de Cameron Stewart. Le dessinateur et le coloriste font preuve d’une adaptation sans tâche, fondant le style de Risso dans une esthétique proche de Year One. Sans se confondre avec le style de David Mazzucchelli, il est surtout question d’une colorisation sous forme d’aquarelle sans cadre, évoquant le passé, à la manière de Jim Lee dans Batman Silence. La délimitation des temporalités fonctionne à merveille, et la référence est respectée dans sa représentation.
Et au delà du concept ?
Grattez un peu et sous une belle enveloppe vous trouverez des thermites. Le Grim Knight n’est qu’un concept sans profondeur. Faut-il s’en étonner ? Le One-Shot a pourtant cette prétention de vouloir apporter une consistance à ce nouveau personnage. Il n’en est rien. Il n’est qu’une mauvaise copie du Batman Flashpoint, la profondeur et le design en moins. Brian Azzarello avait le mérite de présenter une nouvelle relation entre Batman et le Joker au sein de la famille Wayne. Scott Snyder ne présente qu’un Batman ultra-violent par principe.
On pourrait considérer le personnage comme un concept amusant, jouant de l’ultra-violence à la manière de Lobo. Il n’en est toujours rien. Scott Snyder et James Tynion IV cherchent à justifier sa présence dans un récit faussement intelligent. De bonnes idées sont présentes, comme le genre horrifique que les scénaristes maîtrisent et un story-telling classique, mais néanmoins efficace. Mais il faut se contenter de bien peu pour apprécier ce One-Shot.
Comme attendu, Batman Grim Knight n’apporte ni à la mini-série, et bien peu au personnage. Le contenu se résume à son concept, et présente une relation Batman/Gordon vide de sens. Il profite heureusement d’une construction suffisamment solide pour ne pas décrocher de la lecture, mais rien de suffisant pour en retirer un quelconque plaisir. Un numéro tie-in de plus, à réserver aux fanatiques les plus ardus du scénariste, ou aux amateurs les plus tolérants d’Eduardo Risso. Un artiste qu’on apprécierait voir sur des projets bien plus sérieux.
Un spin off d’un spin off, ah il est fort ?