L’événement des années 2000 touche se termine sur ce troisième volume. Les équipes créatives sont identiques sur leurs titres respectifs, à la seule différence que s’ajoute le personnage d’Azrael, démontrant à quel point l’événement touche chaque fragment de l’univers de Batman. Peut-être même de manière exagérée.
Faux départ à mi-parcours ?
Après s’être arrêté sur certains points de la vie de Gotham, et des affaires extérieures dans un second volume particulièrement lent, celui-ci engage une progression rapide et centrée. On se retrouve au cœur du sujet : Bruce Wayne a disparu, et Batman se concentre sur son enquête. Après trois mois, il était temps. Le background du héros passe en second plan, et Batman retrouve son statut de personnage principal, et d’enquêteur. Chacun trouve sa fonction. Les éléments retrouvés dans les séries secondaires sont rapportés par Oracle, pour formuler une déduction ou hypothèse.
Mais alors que l’enquête progresse à bon train, que la chasse à l’homme pouvait commencer, les scénaristes ont opté pour une révélation directe, avec la surenchère d’un climax orienté action bas du front. La trame narrative se complexifiait entre ces divers scénaristes, et se focaliser sur Ed Brubaker et Geoff Johns augurait un bon présage sur cette révélation et ce final. L’identité a effet amoindri, le problème étant que l’enquête ne laissait rien présager de particulier. La surprise est présente, mais avait amplement les moyens de se développer, de la rendre bien plus efficace et laisse penser à une enquête à l’allure complexe, faute d’un remplissage hautement perçu dans le second volet.
Die Hard : Transfert en enfer
L’enquête paraît assez foireuse, à se demander si elle ne tenait pas plutôt un statut de prétexte à la tension, plutôt qu’un réel intérêt scénaristique. D’un climax à l’autre, la seconde moitié du volume présente une flopée d’actions après la révélation, venant dynamiser l’ensemble de l’événement avec une véritable claque visuelle. La bonne idée de l’événement n’est pas sa révélation, mais bien son après. L’implication de Checkmate, d’un réseau de relations effectué entre divers personnages n’ayant que pour rapport Bruce Wayne, et en théorie, Batman, est un concept des plus intéressants et rejoint cette idée qu’aucun proche n’est en sécurité. Il représente les dangers du secret de Batman.
S’ajoute à celui une maîtrise de l’action à un rythme effréné, concrétisant le danger de la menace. Tout un rapport au fugitif qui prend son sens, brillamment illustré par Scott McDaniel. Il est connu de par la division qu’il créé chez les fans de comics, mais possède une manière individuelle de représenter l’action, très focalisé sur l’effet et la perspective. Ce troisième tome parvient à conserver l’univers vivant déjà vu dans le précédent, tout en profitant de la résolution de l’enjeu narratif principal.
Retour sur un tout
On conçoit alors, en plus d’une progression de l’histoire, une évolution de la manière d’aborder le sujet, de représenter l’histoire. Batman : Meurtrier & Fugitif, dans sa globalité, passe d’un meurtre et sa représentation très sombre, à des aléas de couleurs dans les titres secondaires, calme et épuré pour des épisodes d’enquête, dynamique et troublant pour son climax, et s’intéresse sur l’impact émotionnel dans sa conclusion. La recette n’a rien d’un secret. Action, drame et amitié sur fond d’enquête font un cocktail aussi classique qu’original lorsqu’il s’applique au plus grand détective de l’univers DC.
Il aura fallu s’armer de patience pour découvrir l’identité du coupable, et apprécier pleinement une conclusion très divertissante. Les fans des polars de Ed Brubaker ou Greg Rucka risquent d’être quelque peu déçu de la tournure finale qui se veut orientée « grand public », mais possède de grandes qualités dans sa seconde partie, comme si le scénariste accordait son récit à l’artiste l’accompagnant. Un très bon volume, hors des classiques de l’homme chauve-souris.
D’accord avec tous les mots de cette critique. Cette saga inter-titres est très représentative de ce qu’on voyait aussi à la même époque dans les séries TV. Pas mal de remplissage mais une envie de s’investir car les derniers épisodes (en l’occurrence ce dernier tome) appuient sur l’accélérateur. Cette série m’a aussi permis de découvrir l’immense talent de Scott McDaniel qui met en scène l’action comme personne !
Pas encore lu le troisième tome mais j’ai été plutôt déçu par les deux premiers. Le pitch est très intéressant et il y a de très bonnes Idées mais c’est long, beaucoup trop long pour l’avancée du scénario..