Suite et fin pour les films censés adapter la saga de La Mort de Superman. Une saga en trois actes (La Mort de Superman, Un Monde sans Superman, Le Retour de Superman). Concentrés en deux films, le premier s’arrêtait à une présentation d’une vie personnelle très réductrice d’un Superman New 52 aussi charismatique que sa version comics – morte dans d’autres circonstances.
Drôle de deuil
Les objectifs de ce films sont complexes. Après un film qui a perdu un temps fou à vouloir vanter l’existence d’une Justice League dans son univers animé, le scénario se retrouve expédié à une vitesse folle. L’ennui qu’avait su planter le premier volet disparaît au profit d’une exaspération dès l’introduction. Nous retrouvons Lois, désolée et perdue sans Clark. Son caractère la guide vers une sortie de cet état par plusieurs issues.
Elle retrouve son travail qui agit comme un retour à un nouveau quotidien, mais également une quête personnelle : celle d’expliquer le rôle de Superman, et trouver des réponses à un retour spéculé. De l’autre, la famille Kent vient la consoler et la sortir de cet état. Un premier point qui entre en confrontation totale avec le comics. Johnathan Kent est censé être mort. Et si on comprend que le film d’animation écarte le rapport entre Johnathan Kent et son fils adoptif à travers la mort, l’absence de Johnathan Kent aurait également pu être la trace d’une épreuve déjà surmontée pour Martha. Et qui plus est, expliquer son absence totale d’émotion concernant la perte de son fils.
Le troisième et dernier point sur le traitement du deuil est la Justice League. Sans Superman, tous les yeux sont tournés sur la Justice League. Effectivement, elle endosse un rôle important après la disparition de Superman. Mais plutôt que de traiter la question du remord, et avoir l’air un minimum humain, la Justice League reste impassible et se focalise sur sa réputation. Le film présente l’idée intéressante de faire rencontrer Lois et Wonder Woman, mais tire vers le pire traitement imaginable révélant toute la complexité de faire interagir deux versions opposées. Leur rencontre laisse sous entendre que Superman ait bien deux femmes dans sa vie, une pour chaque identité. Si l’idée peut paraître novatrice, elle s’oppose à la vision morale du personnage, et devient d’autant plus gênante lorsque les deux femmes en rient ensemble.
Une adaptation réduite à quatre personnages
L’intérêt de l’adaptation animée état de présenter ces quatre Supermen. Ce passage effacé de la version de Bruce Timm était l’objet essentiel du film, qui a parfaitement su les réduire à leur stricte nécessaire : des remplaçants temporaires. Fort d’une sous-intrigue, le Superboy est celui qui profite au mieux du film. Les intrigues relatives à ses origines sont plus ou moins fidèlement adaptées. On retrouve certains gimmicks du personnage, du design à l’écriture, le personnage est fidèle à lui-même.
L’Eradicator est réduit au strict minimum, pour une fonction purement scénaristique et ne bénéficie d’aucun approfondissement sur la notion de justice, ou de comparaison entre Krypton et la Terre. Les libertés prisent concerne Steel. Exit le forgeron bourru de banlieue, John Henry Irons devient un Iron Man moderne. On conçoit cette lecture plus moderne du personnage, tel qu’il a pu évoluer dans les comics, mais dénote grandement avec les thèmes auxquels il est affilié dans le récit de ses origines.
Le doute d’un Cyborg-Superman pèse bien peu. Les interrogations sont minimes, malgré un duo formé avec Lois qui aurait mérité d’être bien plus développé. Pas la moindre romance, pas le moindre doute, toutes les suppositions émises dans le comics est réduit à une simple question révélant l’étendu des capacités de manipulation d’un Cyborg-Superman sous élixir de vérité. Toujours dans un souci d’adaptation, vous ne verrez pas l’ombre de Mongul, mais bien Apokolyps. Une idée à la fois opportuniste (cf. Justice League : War) et intéressante, qui présente une certaine documentation concernant Doomsday et son origine.
Aussi vite introduit, aussi vite éclipsé, l’attente formée autour d’un affrontement massif retombe sur un final ridicule. Sans trop de secret, un manque de moyen se fait sentir. Les décors vides ne comptent jamais plus de dix personnes dans les rues ou les décombres. L’animation a au moins quinze ans de retard. On ne sait seulement si les moyens font défaut au scénario qui a du s’y accommoder, ou si le scénario est volontairement frustrant. Quoiqu’il en soit, ne vous attendez pas à être époustouflé.
Toujours est-il que le film présente de très nombreuses maladresses, et présente un film d’animation stéréotypé pour enfants. Reign of Supermen pouvait apparaître comme un sursaut chez les quelques amateurs restant de l’univers animé, mais il n’est rien de plus qu’une énième histoire de vengeance aveuglem/ »Je serai le maître du monde« . Il y a prescription depuis 2010.
Je suis d’accord avec toi, au final je lui préfère l’ancienne adaptation…