Review VO – New Talent Showcase 2018

Comme chaque année, à la période de Noël, DC Comics propose un recueil d’histoires courtes présentant de nouveaux jeunes talents. Une chance pour les artistes, et parfois, pour les fans. Un artiste est une personne s’engageant d’une certaine manière à soutenir une vision des personnages et de traiter un univers, en présenter une nouvelle forme. Cette initiative, toujours bien venue, engage chaque année un certain risque pour le lecteur en s’engageant les yeux fermés à une roulette russe.

Variations

En comparaison à l’année précédente, l’éditeur rectifie certains défauts. Cette année, les artistes sont méconnus, mais pas inconnus. Ils proviennent tous de l’écurie DC Comics, et ont fait leurs premiers pas chez l’éditeur cette année. Le numéro expose certains de leurs travaux dans les dernières pages. On retrouve certains des personnages déjà présents l’année dernière, profitant d’une popularité sur laquelle se reposent quelques artistes (Batman, Constantine, Wonder Woman). Néanmoins, on peut être surpris d’y trouver des personnages comme John Stewart ou Zatanna. Un total de cinq histoires au résultat très hétérogène.

Le numéro ne semble pas se cacher de nombreuses inspirations évidentes. Il ouvre sur un récit de Batman. Sa narration emprunte beaucoup à Tom King, et son esthétique à Clay Mann et Mikel Janin. Elle souffre des quelques pages dans lesquelles elle est enfermée, mais présente un potentiel. Les idées exposées ne possèdent rien de bien original, mais la manière d’engager la remise en question de la relation entre Batman et ses ennemis est plaisante. Il en va de même pour l’histoire suivante, concentrée sur John Constantine. L’histoire racontée ressemble étrangement aux derniers épisodes de la série Rebirth. C’est à dire un récit simpliste, qui emprunte plus à la série télé de 2016, qu’au personnage Vertigo. Il ne présente aucun message, seulement un léger dépaysement.

Le faux-pas du recueil est bien Wonder Woman. Magdalene Visaggio et l’artiste Aneke profitent de la popularité du personnage évoquant l’esthétique (marquante) de Liam Sharp. Aucune vision du personnage n’est présentée, seulement une écriture absurde. On comprend aisément la volonté de présenter une Wonder Woman protectrice, presque maternelle. Ce qui n’explique pas le fait de mettre à mal le déroulé du récit, tout bonnement illogique, et ce dès la première page. Et c’est sans parler d’une qualité artistique plus que discutable.

Le plaisir nostalgique

Tout n’est pas noir, bien au contraire. L’ambiance est généralement très colorée, que ce soit avec Constantine, ou avec l’aventure de Catwoman ou John Stewart. Là où Catwoman est agréable pour son esprit décomplexé (mais d’une facilité presque déconcertante), l’histoire de John Stewart évoque bien plus. Le concept est pourtant très simple. John Stewart fait face à une nouvelle organisation louant Karu-Sil, une Yellow Lantern bien connue. Sous un esprit de rébellion, faisant jaillir un sentiment d’héroïsme fort, l’histoire profite d’une concentration sur la nature même d’un Green Lantern : une mission. Le caractère singulier de John Stewart parvient à être évoqué.

La présence d’un Yellow Lantern nous rappelle que l’univers cosmique de DC est suffisamment vaste pour être utilisé (et bien utilisé). En quelques pages, ces jeunes artistes livre une histoire bien mieux conçue que n’a pu le faire Robert Venditti en presque cinq ans. Et malgré une esthétique assez conventionnelle et imparfaite (on y retrouve bien des facilités dans les scènes dynamiques), le résultat est plaisant. Reste alors Zatanna, dont seule la mise en page de Isac Goodheart retient notre attention. La faute à une histoire commune.

Le bilan reste assez positif. Comme toujours, la barrière première est son prix. De plus, il ne faut pas s’attendre à croiser ici le futur Gary Frank, ni le prochain Alan Moore. Mais les relations à faire entre les inspirations des productions actuelles et ces histoires sont particulièrement intéressantes. On remarque que les talents de demain apprennent des comics d’aujourd’hui, mais aussi que les artistes actuels, devraient apprendre de leurs premiers travaux.