Avant de parler de Shazam #1, j’ai un petit avertissement à vous faire. J’aime énormément Captain Marvel et toute la famille qui l’entoure. Lorsque que je fais un test sur internet de type « Quel super-héros êtes-vous ? », je tombe sur lui dès qu’il est dans les résultats. Il y a une énergie excessivement positive chez la famille Marvel, qui me donne envie de danser de hurler de joie et d’avoir 13 ans à nouveau (mais sans l’acné, la voix qui mue ou ces salopards de 5è4). Pourtant, je n’étais pas franchement fan des back-up de Johns dans Justice League, à l’époque des New 52. Je trouvais ça trop sinistre, notamment dans le dessin, et Johns en faisait trop sur l’aspect couillon de Billy Batson. Alors, c’est avec inquiétude que j’ai ouvert ce premier numéro…
Un retour tonitruant
Voilà plusieurs années qu’on attendait un véritable retour de Shazam. Certes, il y a bien eu quelques petites choses à se mettre sous la dent. D’abord, les back-up de Johns, qui semblaient nous teaser quelque chose. Puis la série Shazam : Convergence d’Evan « Doc » Shaner et Jeff Parker, qui était probablement la meilleure de l’événement de 2015. Mais rien ne se sembler se profiler à l’horizon chez DC, et ce malgré les appels répétés du lectorat. C’est maintenant réparé, et autant vous le dire tout de suite : c’est exactement ce que j’en attendais !
Geoff Johns réveille le mythe de manière extraordinairement efficace. Ici, pas de longues présentations, pas de monologues intérieurs pompeux, pas d’exposition lourde pour nous faire un gros récapitulatif de la situation. En trois pages, l’auteur rappelle les origines du personnage pour ceux qui ne le connaîtraient pas. Puis on rentre tout de suite dans le sujet. Le lecteur familier de Shazam et de sa famille d’adoption seront ravis de retrouver directement les personnages qu’ils aiment. Ceux qui les découvrent peuvent les rencontrer en les voyant interagir de manière fluide et organique. Celui qui lit Shazam pour la première fois saura tout aussi bien rentrer dans le numéro que l’amateur de longue date.
Avec beaucoup d’humour, Johns lance plusieurs clins d’oeil méta, comme au début de son run sur Aquaman. Il joue notamment beaucoup avec le nom du héros, de ses acolytes et de la famille. Une référence évidente à l’interdiction que DC a d’utiliser le nom Captain Marvel sur la couverture depuis que les droits sur ce patronyme appartiennent à la concurrence… Sans compter la scène de combat avec une bande de braqueurs portant tous le masque d’un héros DC, nous rappelant qu’à l’origine, leurs univers étaient concurrents…
Positivité, famille et aventure
Ici, l’équipe créative joue clairement la carte de la positivité absolue. Et c’est exactement ce qu’il faut. Comme le montre le back-up centré sur Mary, on a affaire à une bande de teenagers qui viennent tous d’un milieu difficile. Mais plutôt que de se complaire dans une souffrance héritée de leurs origines, ils s’ouvrent à la positivité dans leur nouvelle famille. Grâce à la bienveillance du couple Vasquez qui les accueille, bien sûr… Mais aussi grâce à « l’élection » de Billy par le sorcier, qui les unit par un projet d’aventure commun. Plutôt que de regarder en arrière, ils regardent vers demain, qu’ils voient avec excitation. Et pour le lecteur, c’est très communicatif !
L’aspect positif est encore renforcé par la dynamique entre les membres de la famille Marvel. Ils débattent pour savoir qui a le pouvoir le plus cool ou qui est le chef et se cherchent des surnoms. On y trouve des gamins crédibles et immédiatement attachants, qui s’aiment et se chamaillent. Ensemble, ils nous disent que le coeur de ce numéro, c’est d’abord la famille. Et pour eux, celle qu’ils ont choisie au-delà du sang. Derrière Shazam #1, il n’y a pas juste Captain Marvel (ou peu importe comment on l’appelle), il y a aussi toute sa famille qui l’entoure. Je suis à peu près sûr qu’on a ici un team-up book plutôt qu’une série centrée sur le simple Billy Batson. Et je suis presque sûr aussi que le cliffhanger du numéro ne fait que confirmer cette intuition…
Au niveau artistique, à première vue, j’espérais autre chose. Dale Eaglesham fait du très bon travail, avec un dessin très détaillé qui met bien en valeur les membres de l’équipe. Personnellement, j’aurais aspiré à un dessin peut-être un peu plus cartoony, à la Doc Shaner, pour rajouter au feeling old-school qui se dégage du numéro. Mais plus on avance, plus on se fait aux crayons d’Eaglesham. On parvient même à apprécier sa patte, qui par son détail vient apporter un sentiment de réalisme. Son dessin nous rappelle que l’histoire s’intègre dans un véritable univers. Et puis, ça reste une joie pour le fan de JSA que je suis de voir Johns et Eaglesham réunis !
Shazam #1 est une réussite totale, qui pourrait bien devenir l’une des meilleures séries DC de 2019 si elle continue sur cette lancée. Grâce à son écriture habile, efficace et fougueusement fun, on en sort avec une impression de joie complète. Johns comprend les personnages et les retranscrit avec justice. Il invoque un esprit d’aventure familiale, réminiscent d’oeuvres comme les Chroniques de Narnia ou les Goonies. Un retour franchement réussi.
J’espère vraiment qu’il va avoir le temps et la liberté de reconstruire le perso, d’inventer des éléments à sa sauce, mais aussi de remettre avec bienveillance et amour partagé ceux qu’on aime et auxquels on peut être attaché de la version précédente.
Je veux un Tawky Tawny ! :D
Du coup c’est la suite du SHAZAM de Ceoff Johns et Gary Frank sorti en 2014 ?? ??
On peut voir ça comme une suite, même si elle n’en est pas vraiment une. Le ton est différent, plus léger, mais c’est dans la logique du personnage.