Review VF – Suicide Squad Rebirth Tome 5 : Qui aime bien, châtie bien

Qui aime bien, châtie bien. Voilà un titre qui pourrait convenir à ceux qui persistent à donner un intérêt à cette série de Suicide Squad Rebirth. On nous plonge dans les derniers démêlés de l’équipe suite à la pagaille laissée par le général Zod. Cette fois-ci, il s’agit de taper directement en plein cœur de l’ennemi pour protéger les valeurs de liberté et de sécurité du bon peuple américain, mais à la sauce Amanda Waller bien entendu. Que nous raconte ce tome 5 ? Qu’est ce qui va bouleverser la Suicide Squad cette fois-ci ? Réponse ci-dessous.

COMMANDE QUI PEUT ET OBÉIT QUI VEUT

Autant le dire tout de suite, le scénariste Rob Williams reste fidèle à ce qu’il nous a déjà présenté, et ce n’est pas pour le mieux. Le récit prend place quelques jours après la disparition de Rick Flagg. La Suicide Squad, dont le commandement est revenu à Harley Quinn, se retrouve en mission d’assassinat du Dr. Karla, ennemi qui s’était infiltré et avait fomenté contre l’équipe. Pendant ce temps, cette chère Amanda Waller se rend à Washington pour s’expliquer sur son implication dans l’affaire Rustam. Le premier chapitre nous rappelle les motifs de la politique de cette dernière: protéger le peuple américain grâce à la surveillance et le recours à la force létale sur ses ennemis. Si l’idée de se salir les mains pour que le drapeau américain demeure rouge pouvait être intéressante à aborder, cela n’a absolument aucun sens lorsque Amanda se met à exprimer des doutes après tant de violations de libertés et d’assassinat. Le scénario s’enchaîne ensuite sur une énième compromission de la Suicide Squad, une menace à l’échelle mondiale et une intervention (excessivement) musclée pour endiguer tout cela. Malheureusement cette histoire reprend à nouveau la même formule utilisée dans les tomes Suicide Squad Rebirth précédents. Sans spoiler l’intrigue, le récit invitera également Batman dans la partie, mais ce geste restera anecdotique tant son implication est oubliable.

LA POLITIQUE EST L’ART DE COMMANDER À DES HOMMES LIBRES

Et c’est dommage d’en arriver à ce point où Rob Williams n’arrive pas à proposer une vraie alternative à la Ligue de Justice. Pourquoi n’est-il pas possible de creuser plus loin dans le caractère politique, éthique ou juridique au lieu de juste les survoler ? Pourquoi ne montre-il pas les conséquences lorsque Waller tente de rattraper les écarts de la Suicide Squad? La première scène fait constat de ces conséquences, mais absolument aucune leçon en sera tirée, ni de sanctions, ni de restriction. A croire que Amanda peut intervenir comme bon lui semble, elle ne se fera jamais taper sur les doigts. C’est comme si vous vous faisiez prendre en train de tricher pendant un examen, puis convoquer par les professeurs qui vous demandent de reconnaître les faits qui vous accusent. Vous répondez que non. Et puis c’est tout, voilà merci au-revoir. Qu’est ce qui va vous empêcher de recommencer ? C’est à partir de là que les personnages sont immuables. Ils ne changeront jamais très longtemps. Ses membres « fondateurs » ne mourront pas parce que leurs changements de statut, de psychologie ou de camp s’avèreront éphémères. Killer Croc est un cogneur sans cervelle, Deadshot et Captain Boomerang n’ont plus rien à raconter, Katana est mise au placard, l’Enchanteresse n’est utile que pour sa magie, et Harley Quinn n’est plus que l’ombre d’elle même qui sert de mascotte à la Suicide Squad. Le tout est alimenté par des révélations sans fondements et des deus ex machina qui ne surprennent pas du tout. Le scénario avance mais c’est d’une façon tellement peu crédible, un vrai gâchis. Enfin, ce ne sont pas les scènes d’actions qui vont compenser le contenu. C’est brouillon, ça tire de partout et on aura du mal à sentir le danger pour les personnages.

Du côté des artistes, c’est plutôt simpliste dans la qualité mais reste très inégale dans la caractérisation des émotions ou de la gestuelle lors des scènes qui proposaient un peu d’ intensité psychologique. Gus Vazquez et Giuseppe Cafaro sont ceux qui s’en sortent le mieux. Sans créer l’exploit, leurs traits restent simples même si cela manque de détails quand il y a beaucoup d’action autour des protagonistes. Celui qui déçoit est sans conteste Agustín Padilla, particulièrement sur le rendu d’une Amanda Waller aussi charismatique qu’une statue de cire, et encore plus mono-expressive, voire inexpressive, que d’habitude.

Suicide Squad Rebirth Tome 5 n’est pas une déception, mais un gâchis. La faute à une distribution d’auteur et d’artistes qui n’arrivent pas à imposer de nouvelles idées et qui recyclent des thèmes déjà abordés dans les précédents arcs narratifs. A force d’attendre, on cesse d’espérer.