La légende (ou bien peut-être juste Dan DiDio) raconte qu’il y a quelques temps, Grant Morrison dînait tranquillement avec le grand co-publisher de DC. Entre deux plats, ce dernier mentionne les titres Green Lantern et combien c’est difficile de relancer ce pan de leur univers. C’est là que l’auteur écossais s’est mis à pitcher spontanément ses idées sur les flics verts de l’espace, au point d’avoir un tas d’histoires pouvant tenir pour tout un run. C’est comme ça que Morrison s’est retrouvé propulsé à la tête de The Green Lantern #1. Alors, qu’est-ce ça donne ?
Un vrai rebirth ?
Permettez-moi de faire un petit détour par l’histoire… En 2004, Geoff Johns est arrivé sur le titre, lui offrant à nouveau un semblant de cohérence et une direction éditoriale générale de qualité. Après quelques années d’incertitudes, avec un titre à bout de souffle, il est parvenu à forger quelque chose de plus construit, lancement d’une véritable renaissance pour les lanternes. Certains diraient que les années Vendetti & co ont pu être ressenties aussi comme une navigation incertaine, plus ou moins à vue, avec un manque d’élan. Même Simon Baz et Jessica Cruz, pourtant d’excellents personnages sur le papier, n’ont jamais réussi à véritablement briller (un peu comme Kyle, en son temps). Et il se pourrait (mais restons très prudents, surtout avec l’ami Grant) qu’avec The Green Lantern #1, Morrison cherche à apporter sa version de l’élan nouveau de Johns.
D’un côté, on se sent complètement à la maison. Sur le fond, il reprend la formule des Green Lanterns vus comme des flics de l’espace. C’est d’ailleurs écrit en gros sur la couverture : policier intergalactique. Mais même si les Green Lanterns ont toujours eu cette aura, Morrison l’emmène dans des dimensions fraîches et nouvelles. A ma connaissance, on a rarement poussé la formule procédurale aussi loin avec eux. Du traitement des gangsters à la suffisance des Lanterns, tout crie et respire la petite série policière à la vibe mi/fin-seventies, version cosmique. La remise en avant d’Hal Jordan participe également à cette sensation de retour aux sources sur la série, qui donne un peu l’impression de retrouver un vieux copain perdu en route. À ça, Morrison vient aussi agrémenter le numéro de toutes ses petites touches de créativités habituelles, avec des bizarreries qui viennent offrir une autre dimension plus ludique au récit.
Aux dessins, Liam Sharp est un excellent compagnon de travail pour Morrison. Vraiment. Son dessin est précis et détaillé, et sa composition des planches renforce cet aspect légèrement vintage du numéro, comme souvent chez lui. Il n’échappe malheureusement pas à quelques visages et proportions étranges (surtout sur Hal en costume) et comet fautes de goût dans la compo, qui n’entravent cependant pas la qualité globale (big up notamment à ce petit détail amusant accompagnant Hal et sa copine, d’une subtilité niveau 6ème2). La colorisation de Steve Oliff est elle aussi très efficace, offrant à chaque espèce d’alien sa teinte et sa texture.
Un nouvel espoir
Mais surtout, le tout est réalisé dans un esprit absolument jubilatoire. On sort vraiment de ce numéro avec un sentiment euphorisant de vertige des possibles. Les premières pages (assez bavardes) abritent des arrières-plans extra-terrestres atypiques, portant parfaitement l’imagination du lecteur. Morrison et Sharp remettent pleinement en valeur l’univers cosmique de DC, en nous rappelant qu’il regorge aussi de toutes les possibilités de l’étrange. Ce numéro en forme de prologue donne foncièrement envie de lire la suite. Bien sûr, on se doute qu’au-delà du concept simple de avancé ici (« Space cops! »), l’écossais et le britannique se lâcheront pour faire des choses un peu plus folles, sans doute imbibées de méta. Mais chaque chose en son temps.
Mais à la lecture de ce numéro, il me reste cependant un petit bémol, une petite question lancinante qui revient comme pour dompter mon enthousiasme. J’aime Hal Jordan, sincèrement. C’est avec lui que j’ai découvert Green Lantern, à l’origine. Mais je garde quand même cette petite impression qu’on ne sortira jamais de cette impasse générale qu’il est et sera toujours LE Green Lantern, comme le dit le nouveau titre de la série en rajoutant l’article. Mais ça, ça pourrait presque faire l’objet d’une chronique à part…
Pour la première fois depuis longtemps, j’ai de nouveau hâte de lire la suite, hâte d’en savoir plus, hâte d’avoir mon #2 de The Green Lantern. Il se pourrait bien que la série sorte enfin de son aspect vieux pote un peu gênant que tu aimes malgré tout pour redevenir l’ami avec qui tu es capable de bavarder des heures. L’espoir commence à revenir, et je dois avouer que ça fait longtemps que ça ne m’était pas arrivé sur les titres de cet univers. Rien que pour ça, merci, Grant et Liam, vous me donneriez presque envie de postuler chez le Blue Lantern Corps.
L’année 2018 réussi bien a Green Lantern avec ce run et Green Lantern Earth one. J’espere que ca va continuer comme ca ! Il n’y pas de « e » a la fin de Sharp en revanche, mais cette review m’a donner envie de le lire
Je ne vois pas de quel « e » tu parles ! ^^
Il parait que c’est une sorte de reboot qui ne tient pas compte de tout ce qui a été fait depuis Rebirth ?
Oui et non. Ca prend en compte la continuité, Morrison y fait quelques références. Il accepte certains événements, mais au niveau du personnage de Hal et de son développement, clairement, Morrison s’en tape complètement du taff de Venditti… pour ça que je parle un peu de « retour en arrière », mais j’essaierai de développer ça dans un autre article à l’occasion…
N’étant pas forcément Fan de Morrison (oui ça existe des gens qui ne considère pas Morrison comme un génie u_u ) j’ai plus pris ce comics car j’aime les GL et que j’espérais sur Morrison allait relever le niveau. Et c’est chose faite, j’ai aimé cette lecture qui comporte une atmosphère particulière par rapport aux récits GL de DC Rebirth, avec une fin intriguant qui me donne bien envie d’acheter le numéro 2.
Par contre j’ai du mal avec le retour des Gardiens aux pouvoirs, je trouve que ça fait faux par rapport à la fin du run de GL par Johns. Et aussi j’aurais bien voulu que Morrison écrivent d’autres GL Humaines que Hal Jordan.
Je te rejoins totalement sur le retour des gardiens plus que désagréable au vu du run de Johns mais celui qu’il faut blâmer est ce bougre de Venditti…
très bon
Sur la question de Hal Jordan, je trouve ça très positif de ne parler que de lui et non pas des Lanterns humains qu’on a tendance à toujours mettre tous ensemble. Alors oui j’aurai préféré voir Kyle mais je préfère quand un auteur traite d’un seul et unique auteur.
Pour le côté Space Police, pour le coup le run de Johns et surtout de Tomasi sur GLC était vraiment bon, Morrison donne plus une teinte 80’s à mon goût. Pour le coup je trouve ça agréable mais on n’est pas non plus dans le génie pur malgré quelques compositions de pages magnifiques.