Azzarello et Bermejo s’expriment sur leur Batman : Damned

Le DC Black Label lance son premier titre original en septembre avec le Batman : Damned de Brian Azzarello et Lee Bermejo, l’équipe qui nous a apporté les récits Luthor et Joker il y a maintenant plus de 10 ans. Ils reviennent pour une histoire sombre où Batman fera face à l’aspect occulte de DC avec l’aide de John Constantine, autre personnage que le duo connaît bien. Azzarello et Bermejo ont pu s’exprimer dans les pages du DC Nation de ce mois-ci au sujet de ce Batman : Damned qui s’annonce dantesque.

Batman dans un monde surnaturel

Tout d’abord, les deux créateurs ont pu discuter de leur approche du récit et la façon dont ils amèneront le surnaturel dans une histoire de Batman.

Mon approche est qu’il ne faut pas toucher au cœur. À la fin de la journée, ce doit être une histoire de Batman. Il faut faire un Batman reconnaissable. Ce que nous faisons, c’est de chercher d’un point de vue psychologique à ce que son cœur peut lui faire subir. Je n’ai jamais osé amener ce personnage dans un monde surnaturel, mais avec ce récit on est allé à fond dedans. C’est plus troublant.

À ces propos, Bermejo rajoute que Batman : Damned est très différent de Luthor et Joker, qui prenaient un point de vue très réaliste. Il est très excité à l’idée de jouer avec la magie pour la première fois ensemble, surtout que les lecteurs ne les connaissent pas pour ce genre d’histoires. Selon lui, les gens s’attendent à une histoire sombre et réaliste, et même s’il y a un peu de ça, ils nous surprendront avec leur approche.

Un récit mature et unique

Quand on leur demanda ce qui rendait leur Batman : Damned unique, l’auteur a souligné le fait que grâce au DC Black Label, leur histoire était hors continuité, leur laissant beaucoup de liberté et ils n’auraient pas pu écrire la même chose si ce n’était pas le cas. Cependant, il rassure son public en déclarant «ce n’est pas comme si nous allons faire de l’out of character, nous l’amenons juste sur HBO».

Quant à Bermejo, il déclare qu’il a toujours pu dessiner sa propre version de Batman, qu’il s’approprie toujours les personnages avec son auteur et qu’il a créé un nouveau costume pour le Chevalier Noir le rapprochant d’un vrai chevalier justement. Par ailleurs, il a préféré lui donner une Batcave plus vide que d’habitude, n’aimant pas les trésors que Bruce garde, lui donnant un côté serial killer. Azzarello rajoute, alors qu’on leur demande pourquoi amener Batman vers ce côté adulte, qu’il était préférable de faire quelque chose de nouveau. Si les lecteurs veulent un Batman d’une autre période, il suffit d’aller acheter le récit que vous souhaitez, prenant l’exemple que même le Rainbow Batman est disponible.

Le rôle de Constantine et Deadman

John Constantine est un autre personnage sur lequel Azzarello a écrit durant un run de très bonne qualité et disponible chez Urban. L’auteur a déclaré qu’il avait expressément pris une approche différente des autres auteurs après 150 numéros de Hellblazer simplement en arrêtant de le mettre en narrateur de l’histoire et lui permettant ainsi de devenir la wild card et le fourbe qu’il est censé être et qu’Alan Moore retranscrivait bien dans son Swamp Thing. Avec lui, on ne savait pas à quoi s’attendre et Azzarello fera de même avec la perspective de Batman. Ici, Bruce n’aura pas du tout le contrôle, mais c’est bien John qui l’aura à cause de la nature occulte de la menace. Bermejo déclare juste qu’il s’agit d’un de ses personnages préférés, et qu’il a l’habitude de le dessiner puisqu’il s’occupait des covers au début des années 2000. D’autres personnages qu’il apprécie grandement apparaîtront, comme Etrigan ou encore Deadman.

Et tant qu’on parle de Deadman, le duo a aussi pu expliquer leur prise sur le personnage. Azzarello nous informe qu’ils en ont fait un addict à la possession, même s’il ne peut pas rester longtemps dans le corps d’une même personne. Comme tous les autres personnages qu’ils ont utilisés dans Luthor et Joker, il aura donc une nouvelle tournure tout en restant reconnaissable.

Les limites que se sont imposées les créateurs

Si l’équipe créative a pu laisser leur imagination s’épanouir, ils se sont tout de même poser des limites. Pour Azzarello, la clé de Batman est son origine, le jour où ses parents ont été tués devant lui dans cette fameuse allée. L’auteur dit «qu’il n’a jamais quitté cette allée» et que c’est ce moment qui lui donne toute sa force. Pour Bermejo, c’est évidemment d’un point de vue visuel qu’il s’impose une certaine silhouette à respecter. Tous les personnages ont leurs propres signes distinctifs et leur propre palette de couleur, et l’artiste n’aime pas s’en éloigner. Il peut se permettre de rajouter ou de retirer certains détails, mais le cœur du personnage est sa silhouette, visuellement. Ainsi, ils «ne dérangeront pas son cœur, mais il dérangeront le monde qui l’entoure» en lui montrant qu’il y a des choses qu’il ne comprend pas et ne peuvent pas être comprises, dans un sens «plus Cronenberg que Lovecraft».

Pour le mot de la fin, l’interviewer leur demanda à quel personnage aimeraient-ils s’attaquer plus tard, et si l’auteur a préféré dire de déjà le laisser finir cette histoire, alors Lee Bermejo avoue qu’il aimerait bien faire quelque chose avec Lobo.

Batman : Damned #1 sortira le 19 septembre dans un format prestige exclusif au DC Black Label pour 6.99$.