Earth 2 a connu bien des déboires. Après la création d’une nouvelle Terre qui s’est fait dans le sang, et sa construction plutôt compliquée, c’est au tour de Dan Abnett de tenir le rôle d’architecte de cet univers neuf, après avoir introduit quelques idées disséminées dans le volume précédent.
La Reine et la Chauve-Souris
Le thème principal est celui de responsabilité de ce nouveau monde, dans sa structuration, sa sécurité et son organisation. Dan Abnett fait alors appel à Fury, personnage créé par Roy Thomas rattaché à Terre 2 – sorte de réflexion du personnage de Wonder Woman, à travers un caractère proche de la Wonder Woman de Flashpoint. L’histoire l’introduit, et ce court album nous amène à réfléchir sur les conséquences d’un contrôle des Amazones sur cette nouvelle Terre. L’apport est considérable. Les discussions peuvent paraître longues, mais sont justifiées par la complexité de la situation.
Comme bien souvent, Dan Abnett va élargir les réactions et les pistes de réflexions à travers ses personnages. Leurs réactions sont souvent justifiées, mais par des dialogues faibles – quelle nécessité pour Dick de rappeler, devant un groupe de personnes, qu’il a perdu sa famille alors qu’il s’agit de réfléchir sur la proposition de Fury ? Évidemment, les discussions en cours seront perturbées par un ennemi annoncé à la fin du volume précédent, entraînant des affrontements d’une violence surprenante, nous faisant craindre le pire pour les personnages, à raison.
Face à l’incompréhension
En soi, le scénario est passionnant. L’univers s’étoffe, les personnages interagissent, et l’implication d’Ultra-Humanite, malgré son plan des plus clichés, apporte du sel dans les relations entre certains personnages. Mais surtout, la violence des affrontements met l’équipe dans un danger constant, et procure à la menace un sérieux qu’il aurait été difficile d’atteindre avec ce type d’ennemi. Cependant, ce volume se termine sur une fin, qui n’en est pas une, en plein climax. De grandes questions se posent et de nombreuses réponses sont toujours attendues.
La partie la plus décevante ne concerne pas tant le scénario que la partie graphique. Les dessinateurs se succèdent à une vitesse folle. N’attendez aucune identité graphique pour ce titre qui se perd bien plus qu’il ne se cherche. On s’étonne de la présence de Tony Harris, qu’on aurait voulu un peu plus apprécier au-delà des quelques pages contenues, de même pour Diogenes Nives. Mais ce sont des seconds couteaux qui occuperont la plus grande place, loin de nos attentes et d’un réel plaisir pour l’œil.
Ce troisième volume propose des idées intéressantes à partir de pistes que nous pouvions craindre dans le volume précédent. Le départ de Jorge Jimenez est pour beaucoup dans la perte de qualité de l’album, qui perd son identité, et l’un de ses points forts. Ce volume sera le point de départ d’un nombre des lecteurs. Néanmoins, Earth-2 possédait encore cette grande qualité qui est celle de contenir en elle-même tout un univers dont les héros en seraient les constructeurs.