Review TV – The Death of Superman

Après une première adaptation très libre et très compressée, parue sous le titre de Superman : Doomsday, Death of Superman revient sur nos écrans dans un nouveau long métrage animé, qui semble être beaucoup plus fidèle à sa version papier. Cependant, il fait partie de la continuité des films estampillés DC qui fait suite à Justice League : War, ce qui peut être une mauvaise nouvelle pour ceux qui aiment les productions plus anciennes. Warner Bros Animation a-t-il réussi à nous livrer une version animée acceptable de ce récit iconique des années 90 ?

Une relation amoureuse mal développée

Sortir cette histoire de son contexte, alors que la légende veut qu’elle soit née de l’impossibilité de marier le kryptonien à sa bien aimée avant que cela ne soit fait sur le petit écran (Lois & Clark étant alors une institution du paysage audiovisuel), est clairement une tâche difficile. Et force est de constater que si l’on s’en tient aux onze films sortis dans cette continuité, on ne sait pas grand chose de Superman et on ne s’attache pas vraiment à son personnage. C’est plutôt sur l’ami Bruce Wayne que les projecteurs sont habituellement braqués. De ce fait, le tuer si tôt tombe comme un cheveu sur la soupe. Ajoutez à cela une modification totale de l’intrigue pour y ajouter très artificiellement les autres membres de la Justice League et vous obtenez déjà une idée du ratage qui vous attend. Mais ce n’est pas tout.

Si cet événement tragique avait un véritable impact dans les comics, c’est aussi parce qu’elle venait détruire un couple parfait, or il faut avouer que la relation entre Clark Kent et Lois Lane est extrêmement poussive dans ce film. On ne les avait que très rarement vu ensemble à l’écran dans les « épisodes » précédents, et, de ce fait, l’alchimie est loin d’être acquise. Pour vous donner une idée, sachez que Lois ne connait pas l’identité secrète de notre héros au début du film. On sent que trop d’étapes sont brûlées et rien ne nous semble naturel. C’est franchement regrettable, puisque cela vient annihiler toutes les émotions que l’on devrait ressentir.

Film animé, univers figé

En ce qui concerne l’animation, l’on retrouve les graphismes des films de la nouvelle continuité. C’est un style qui plaira peut-être à ceux qui apprécient cette nouvelle ligne, mais celle-ci manque de caractère et rien ne rappelle véritablement le comic-book d’origine. Les décors sont fades et les designs reprennent tout ce qu’il y a de plus douloureux de cette version New 52, en s’appuyant sur une uniformité nocive. Evidemment, l’ensemble reste regardable au delà de son aspect brouillon. Mais il manque totalement d’identité, contrairement au récit emblématique qu’il est censé adapter.

Un fait plus que regrettable, puisque le récit adapté nécessite un certain caractère, et doit se démarquer du reste. L’objectif du film est donc d’essayer de rendre ce Superman attachant. Les amateurs les plus tolérants apprécieront les niaiseries censées étoffer le personnage à partir de son entourage, mais n’apportent pas de contenu véritable. Les relations établies et les faits présentés ont plus une allure de propagande pour nous convaincre d’apprécier le personnage, plutôt que de chercher véritablement une identification. On se retrouve avec une dose abusive d’action, sans le moindre attachement, où même la démonstration de puissance se limite à Doomsday écrasant la Justice League. Reste un doublage convaincant en VO (et toujours aussi déplorable en VF), qui fait assez bien vivre l’action, ce qui permet le strict minimum d’immersion.

Death of Superman est une déception. C’est une adaptation partielle, relativement mal construite, qui arrive beaucoup trop tôt dans cette continuité animée. Il ne faut pas non plus condamner totalement la chose, mais je ne saurais que vous conseiller de ne le regarder que si vous tombez dessus. Death of Superman fait finalement pâle figure face au Superman : Doomsday de Bruce Timm qui avait le mérite de parvenir à susciter l’émotion – malgré ses nombreux défauts.