Brian Michael Bendis n’est pas arrivé chez DC Comics de la meilleure manière, alors que l’éditeur lui a offert sur un plateau d’argent les deux titres de son plus grand héros, Superman. L’auteur a forcé son ambition et sa volonté d’apporter sa patte à cet univers avec The Man of Steel, qui fut une grosse déception pour notre part. Cependant, il signe son vrai point de départ avec ce Superman #1, accompagné par Ivan Reis, et le scénariste s’est peut-être rattrapé, en tout cas c’est ce que nous allons voir ensemble.
Un héros humain
S’il y a bien un sentiment qui ressort de cette lecture, c’est l’humanité de Superman. Avec Lois, Jon et même Kara en voyage dans l’espace, on retrouve notre héros seul avec sa souffrance, bien mise en scène par quelques cases silencieuses en plan large, suivis par les souvenirs de ses proches ou des mots de son père encore blessants. Si tout le monde ne sera pas heureux de l’absence de sa famille, leur manque se fait au moins bien ressentir, on est touchés et l’humanité de Superman n’en fait que grandir, et la planche où il est avec la Justice League devient alors bien plus réconfortante. Outre sa solitude, Bendis insiste beaucoup sur son travail incessant pour essayer de nous sauver, notamment lors de la scène où il interrompt plusieurs fois Martian Manhunter dans un petit gag de répétition drôle quoique trop exagéré. D’ailleurs, il répond lors de ce moment à une question que beaucoup de néophytes doivent se poser sur l’implication de Superman dans le gouvernement et dans le monde, mais le Man of Steel refuse encore une fois de s’immiscer dans la politique. Enfin, l’auteur propose une petite scène sur Clark au Daily Planet, chose devenue trop rare, et rajoute encore un aspect de Sup important : son absence d’égo, même dans des moments difficiles comme ceux qu’il vit dans ce numéro.
Le jamais vu à tout prix
D’un autre côté, certains choix scénaristiques viennent gâcher le fond. Le récit commence avec Sup parti dans l’espace à la recherche de ses proches, avant qu’une invasion de Dominators bidon lui fasse comprendre que ce n’était pas une bonne idée. Ce choix idiot est sûrement là pour prouver son désemparement, mais on ressent plus une facilité d’écriture qu’autre chose. Pire, Bendis recommence avec ses « idées jamais vues » en reconstruisant une Forteresse de Solitude dans le Triangle des Bermudes (N’est-ce pas un peu dangereux ? A-t-il demandé à Aquaman au moins ? Il est pas censé y avoir Xebel là-bas ?). Le but de son emplacement en Arctique était qu’il était assez éloigné de l’humanité pour reposer son esprit qui entend tous nos problèmes, du coup ce renouveau me semble stupide. De plus, il est clair qu’il faut parfois tout détruire pour recommencer à zéro et rafraîchir un univers, et changer de lieu est un signe important de nouveau départ, mais est-ce que Superman en avait vraiment besoin maintenant ? Alors que le titre Superman reprenait de l’intérêt grâce à Jon Kent et au retour du couple Clark/Lois, je pense que c’est surtout l’auteur qui n’a pas su aborder une telle icône sans ces artifices.
Sur ce titre, Bendis pourra surtout compter sur Ivan Reis pour améliorer son récit, car l’artiste est plus en forme que pour ces derniers travaux (Je pense notamment à son passage sur JLA). Certaines planches sont plus bâclées que d’autres, et on lui reprochera surtout un manque d’inspiration sur les arrière-plans, mais ses dessins restent en général très beaux avec de vraies émotions dans les visages et une utilisation de l’échelle des plans parfaite. Certaines cases sont vraiment dignes de Superman et le petit plus qui me fait vraiment plaisir est qu’on sent une différence morphologique lorsqu’il dessine Clark en civil et en costume.
Finalement, ce numéro est écrit comme un bon résumé du statu quo de Superman et de sa façon d’être. Bendis appuie bien sur ses souffrances et ses valeurs à la limite du forcé pour bien nous faire comprendre qu’il a compris le personnage et aidera les nouveaux arrivants à faire de même. Ça ne l’empêche pas de faire des choix scénaristiques douteux dont un cliffhanger beaucoup trop grandiloquent, mais heureusement il reste pertinent la plupart du temps et respecte vraiment les codes du Man of Steel, son récit étant bien aidé par la qualité des dessins d’Ivan Reis, toujours aussi doué dans la composition, moins dans les backgrounds. Maintenant, il va falloir tenir cette justesse sur la durée et ne pas retomber dans les dialogues lourds et le risible des situations qu’il nous a offert dans la mini-série qui précède ce Superman #1.
Alors mon seul réel problème avec ce numéro serait la discussion entre Sup’ et Martian Manhunter où il conseille à Sup’ de prendre le ….pouvoir ??
J’ai trouvé cela très chelou et out character pour le Martien. Mais si ça se trouve c’était pas lui.
Sinon bonne review le numéro passe crème, la nouvelle forteresse de solitude ne m’a pas posé problème au moins on viendra moins le faire chier dans le triangle des Bermudes ^^
Il avait demandé au Canada, aux États-Unis (avec l’Alaska), le Danemark (par le Groenland), la Russie, la Norvège et l’Islande ainsi que la Suède et la Finlande ? Pour se poser en arctique ^^ ?
Ils ont jamais soulevé la question, les créateurs ont toujours assumé que c’était un terrain neutre, mais ça rend pas le Triangle des Bermudes pertinent, surtout que l’Arctique fait plus de sens pour d’autres raisons à commencer par le fait que la zone de la Forteresse est déserte, que les rayons du soleil y sont moins forts et restait loin de la population dans l’imaginaire collectif. Bendis pose son cul sans savoir que le Triangle abrite déjà le passage vers Xebel, qu’Atlantis est toujours hostile et se justifie juste parce qu’il trouve ce lieu cool.
Ce changement n’apporte rien et n’était pas nécessaire.