Bryan Hill et Miguel Mendonça ont donc pris la relève de Tynion IV et Martinez cette semaine, et on aurait pu s’attendre au pire venant de l’auteur de Michael Cray, mais il faut avouer que c’est finalement une bonne surprise que ce début d’arc. Le côté équipe est toujours là et Batman cherche pour ses jeunes sidekicks un professeur en Black Lightning, ce qui fait très redite du début de Detective Comics Rebirth. Néanmoins, le récit se différencie par ses intentions et l’angle que prend l’auteur pour écrire les jeunes justiciers de Gotham. En effet, Hill se pose les bonnes questions quant à l’implication de ces mineurs combattant le crime, mais également de l’élément marketing plus que symbolique qu’est devenu le logo de Batman, désormais porté par des milliers de gens sans entraînement. J’apprécie que l’ennemi qu’on nous introduit balance ces vérités à Bruce en pleine face alors qu’il se rend compte de ses propres yeux qu’il ne fait effectivement plus peur et qu’il s’est éloigné sans le vouloir de l’objectif de son uniforme, ce qui est d’ailleurs parfois bien vrai dans notre réalité. Black Lightning est pour l’instant assez secondaire, n’apportant qu’un discours sur la difficulté et son dévouement pour son travail de principal d’une école, mais tout porte à croire qu’il gagnera en intérêt dans la suite. On a donc droit à du neuf comme du recyclé dans cette histoire avec d’un côté des thèmes abordés importants et de l’autre le même statu quo qu’avait posé Tynion IV et un ennemi qui s’en prend aux sidekicks pour aider le héros principal, ce qui est un trope trop revu. Ce numéro de Detective Comics est en conclusion une bonne surprise qui a réussi à m’accrocher à son scénario simple mais avec un discours intelligent et Mendonça rend le récit très agréable avec ses dessins très coloré et dynamique, même pour un titre Batman.

– Sledgy7

La série The Terrifics s’élance comme certainement la meilleure de la gamme, après un départ maladroit, ce cinquième numéro confirme l’espoir établit lors du numéro précédent. Pour avoir affirmé une identité graphique en harmonie avec le ton de l’équipe, Doc Shaner officie toujours avec talent, usant d’une palette de couleurs vives et enjouées. Terrifics pourrait être le titre fourre-tout. On y trouve des scènes amusantes, parfois drôles, du drame, très fin, le tout sur fond d’intrigue évoquant les comics du début du Bronze Age. Jeff Lemire ne joue pas l’originalité, mais parvient à réintroduire des éléments perdus de l’univers DC en exploitant au possible les créations passées et perdues d’un personnage en particulier. Un usage certes, loin d’être inédit, mais qui reste intelligent et bienvenu.

L’originalité du titre va résider, en plus du style apporté par Doc Shaner, dans la construction du récit et la manière dont le scénariste approfondit son équipe. Alors que le scénariste lambda et économe, soucieux de remplir ses pages diviserait cet approfondissement par chapitres, Jeff Lemire divise la page en quatre cases, chacune faisant progresser une discussion de chacun des membres de l’équipe. Aucun n’est délaissé, et cette mise en page permet un jeu entre certains personnages qui se rencontrent et mène logiquement à une progression vers l’alerte et l’action. Cette entrée présente une manière dynamique et efficace qui permettra à chaque lecteur de s’attacher à chacun des personnages. Aucun ne tient la tête d’affiche. Celle-ci est partagée par des rôles. De plus, cette approfondissement brise de suite l’image de pseudo-4 Fantastiques qui collait à la peau du titre. Les personnages divergent du rôle qui leur était fixé pour présenter un caractère, une relation, ou une toute autre facette qu’on ne leur connaissait pas jusqu’alors. Si on n’a pas pu avoir Jeff Lemire sur Hawkman, les fans du scénaristes trouveront une consolation, sinon une nouvelle passion, avec les Terrifics.

– Watchful

N’y allons pas par quatre chemins : ce numéro est inférieur aux précédents de cette Flash War. C’est en effet un numéro plutôt brainless, un peu bébête, qui ne fait que répéter des arguments et contre-arguments déjà entendus. Un dialogue de sourd en fait, qui retrouve du sens que dans les dernières pages, sans que ce soit vraiment satisfaisant. Si ça ne l’est que moyennement, c’est parce que Williamson choisit finalement de jouer sur les sentiments, sur la persuasion, plutôt que sur l’argumentation. Mais c’est justement le propos de l’auteur : The Flash, c’est un titre où la famille et les sentiments sont à l’honneur plus que toute autre chose. Mais le but de ce numéro #49, c’est avant tout de se faire un petit kiff en faisant tout péter autour des deux bolides sans qu’aucun membre de la ligue n’arrive à les stopper. Et le pire, c’est que cela fonctionne plutôt bien : il est assez grisant de voir toute l’étendue des pouvoirs de ces bolides, et l’importance de la force véloce au sein de l’univers DC. Bien entendu, cela ne fonctionnerait pas si Williamson était Snyder et qu’il usait de cet artifice à chaque numéro, mais comme ce n’est pas le cas, on accepte. La comparaison entre les deux auteurs est d’ailleurs très juste pour ce numéro, notamment dans sa fin où Joshua fait péter des nouveaux concepts qui ont de quoi faire sourciller. Ceux-ci ne semblent pas apporter quoi que ce soit de vraiment intéressant pour le moment, tout comme l’arrêt du conflit Barry/Wally, mais laissons leur bénéfice du doute.

– Mocassin

Woaw, c’est pas bien. Qui s’y attendait ? Tout le monde. Eh oui, car en général, quand une série est mauvaise pendant onze numéros, le final fait rarement exception. Ainsi, sur vingt pages, vous aurez droit à une dose d’action qui ferait pâlir Rambo, ainsi qu’un match de foot US entre Batman et Bane avec à la place de la balle, un bébé. Après deux cases, où le chevalier noir explique à son adversaire qu’être méchant, c’est pas gentil, être gentil, c’est mieux, le colosse stéroïdé comprend qu’il doit arrêter d’être un débile profond, et les deux combattants deviennent copains. Ensuite, Bane part avec Batman dans sa Batmobile, et ils vont déposer l’enfant dans un orphelinat. Dans le berceau, l’homme au masque de catcheur dépose un ours en peluche, et Bruce Wayne glisse une liasse de bons gros biftons, enroulés sur eux-même et tenus ainsi par un élastique, comme fait le dealer de drogue en bas de chez toi. Yeahhh, le monde est sauvé. Allez, les dessins ne rattrapent même pas le désastre, du coup, c’est grenade automatique, napalm, et ça dégage.

– Blue

C’est non. Sans être fondamentalement mauvais, cet arc de Hellblazer s’enfonce de plus en plus dans le classicisme le plus total, et reste dans sa zone de confort, vue et revue. Huntress se charge de la partie baston, prenant les démons mano a mano, et faisant se demander au lecteur si le monde a vraiment besoin de Constantine, alors qu’une femme armée d’une arbalète se farcie à elle toute seule la moitié de l’armée adverse. Le retournement de situation final réussit à intriguer, mais certains twists sortent vraiment de nulle part, comme cette fameuse intrigue consistant à trouver du sang de vierge, qui se résoudra par la mort d’un prêtre et l’utilisation de son hémoglobine. L’aspect terrifiant de la série, déjà bien loin depuis le passage de Hellblazer dans la gamme DC, est totalement exclu ici, le titre se lisant finalement comme un comics d’action/aventure très lambda et à des années lumière de ce que les fans pourraient attendre. Les dessins, quant à eux, ne payent pas de mine. Dommage.

– Blue

Qu’est-ce que c’est bête. C’est désolant venant de la part d’un homme qui a bâti tant de belles choses il y a à peine 10 ans, mais on atteint un niveau d’écriture vraiment faible. Les dialogues sont affligeants, l’antagoniste prend des mesures qui ne sont absolument pas nécessaires et illogiques (pourquoi a-t-il pris le temps de détruire Kandor si c’est pour faire ça ?), sans oublier le fait que j’aurais souhaité que le retour de Jor-El se fasse oublier à jamais et qui ici prend une tournure encore plus étrange que The Oz Effect, et Lois et Clark semblent à peine réagir. Au moins, le numéro est vraiment joli, Hugues nous offrant quelques pages originales avec de belles couleurs très contrastées, et Jason Fabok nous livrant un travail très réussi, comme à son habitude, mais ça n’excusera pas ce qu’on vient de lire.

– Sledgy7