Lors du passage de Geoff Johns sur le titre Superman pendant les New 52, l’auteur introduit le personne de Mr. Oz, un mystérieux encapuchonné qui influence la vie de l’homme d’acier dans l’ombre. Dans son DC Universe Rebirth, il fait intervenir Oz auprès du Superman pré-New 52 pour lui annoncer que ce dernier et sa famille ne sont pas ce qu’ils pensent être. Le mystère s’épaissit alors dans les pages d’Action Comics, jusqu’à ce que Peter Tomasi et Dan Jurgens lèvent le voile sur ce mystère dans le crossover Superman Reborn.
Un choix éditorial payant ?
Urban Comics choisit alors de regrouper ces quatre numéros, ainsi que les deux numéros épilogues, au sein d’un ouvrage qu’ils inscrivent dans la ligne DC Universe Rebirth, composée du titre éponyme et du crossover Le Badge. Superman Reborn, en VO, s’inscrivait en réalité plus comme un récit majeur pour Superman que pour l’univers DC tout entier, et l’intrigue Rebirth. Urban Comics fait donc un choix bien malin en inscrivant ce récit dans un ensemble plus grand, lui assurant une plus grande visibilité, le marquant comme une étape indispensable du plan Rebirth de Geoff Johns. Ce n’est toutefois pas de la publicité mensongère, puisqu’il existe un réel lien entre Reborn et Rebirth, même s’il est au final assez léger et pas encore développé à l’heure où j’écris ces lignes, c’est à dire au bout de six numéros de Doomsday Clock, le récit qui conclue Rebirth.
Mais ce choix peut aussi s’expliquer par une autre raison : éditer ce récit comme partie du run Superman n’aurait que peu de sens. En effet, Superman Reborn traite surtout du mystère Clark Kent, introduit dans le premier arc d’Action Comics sous la plume de Dan Jurgens. Une intrigue poursuivie dans les pages du même titre sans que l’on n’en parle jamais dans le titre Superman. Or, Action Comics n’est pas édité en librairie par Urban, qui ne le propose que dans le kiosque Justice League Rebirth. Le lecteur qui ne lit uniquement que les tomes librairies se retrouvera alors propulsé dans la résolution d’une intrigue qu’il n’a jamais lue. Fort heureusement, le récit de Tomasi et Jurgens est très facile d’accès et exposera la situation de façon rapide et naturelle, ce qui suffira probablement à comprendre la majorité des enjeux, d’autant plus qu’ils évoluent rapidement.
Un récit hybride plutôt réussi
L’oeuvre que l’on tient entre les mains ici est une hybride : il s’agit d’une véritable histoire où l’on sent une volonté d’auteur, mais qui voit le jour avant tout par une nécessité éditoriale, celle de remettre de l’ordre dans le bazar qu’est la chronologie de Superman. Autant dire que l’exercice est assez périlleux, et dont l’appréciation sera finalement assez subjective. Pour certains, il s’agira d’une opportunité manquée de bouleverser le statu quo sur la durée, pour d’autres, une remise à zéro plus que bienvenue. De plus, l’approche choisie ici est plus directe que ce qu’a pu faire un Greg Rucka sur Wonder Woman, laissant bien davantage entrevoir la réalité éditoriale, notamment dans les dernières pages du crossover et les deux numéros épilogues, qui présentent clairement au lecteur une nouvelle frise chronologie.
Fort heureusement, ce mouvement éditorial présente un bien bel emballage, et ce grâce aux talentueux noms qui s’occupent de l’exécuter. Tomasi et Jurgens nous déroulent ici une histoire de vengeance, celle du faux Clark Kent, dont la révélation de l’identité permet de donner au récit de s’inscrire d’emblée dans un ensemble plus grand en ramenant un personnage oublié, symbole d’une époque perdue. Nous tairons son nom dans un soucis de préservation de la surprise pour ceux n’ayant pas encore lu ce tome, mais son retour amène une certaine saveur à l’histoire racontée ici, qui mise beaucoup sur les spécificités du dit personnage. En échange d’apporter une ambiance unique, un terrain de jeu magnifiquement mis en scène par un Gleason qui s’amuse comme jamais, les auteurs lui donnent également une nouvelle dimension, dont Paul Dini, qui livre un back-up exemplaire en compagnie de Ian Churchill.
Ni produit, ni réelle oeuvre d’auteur, ce Superman Reborn est difficile à classer, et par conséquent, à juger. Chacun se fera son idée sur la valeur éditoriale de l’événement, mais quant à l’histoire, elle est convaincante si l’on ne cherche pas un récit très profond ou d’une ampleur monstrueuse. Superman Reborn, c’est l’art de réparer une chronologie avec panache, et c’est déjà pas mal.
Comme je l’avais dit sur le forum, ça complique plus la cohérence et la chronologie de tout DC. l’histoire des 2 Superman était beaucoup plus clair.
Effectivement la résolution amène plus de confusion que d’éclaircissement. Globalement les personnages sont mal traités. Surtout Loïs. Jon est toujours autant tête à claques. La lecture la plus pénible de l’année, en ce qui me concerne. Mais c’est bien dessinée. C’est toujours ça.