Review VO – Infamous

Si le monde du jeu vidéo s’est inspiré des super-héros, Sony a tenté d’en faire un genre complet. Créer son super-héros exclusif à sa troisième génération de console à travers les studios Sucker Punch. Fort d’un certain succès, un second opus est en préparation. Les studios s’accordent avec DC Comics pour publier une mini-série de six numéros faisant le lien entre le premier et le second volet.

Temps électrique

Si vous n’avez pas joué aux premiers jeux Infamous, et je ne parle pas du plus que moyen Second Son qui n’est qu’une réécriture aux injections hypsteriques élevées, il vous faut savoir que ces jeux sont le résultat d’influences fortes des comics sur les jeux vidéos. Il nous présente le personnage principal, Cole, qui se réveillera au cœur d’un cratère, en pleine ville, après qu’il ait livré un colis. Il se retrouvera en possession de pouvoirs électriques qu’il pourra utiliser à sa guise. Le tout dans un environnement urbain, où la maladie se répand. Zone mise en quarantaine et où Cole devra faire face à la milice et aux autorités décidées à prendre le contrôle de tout méta-humain, ainsi qu’à cacher leur existence au reste du monde. Manipulation médiatique, répression contre les réactionnaires, choix moraux et guerre des gangs sans parler d’un grand nombre d’innocents en danger dans une situation plus que critique, même après avoir fini le premier jeu, la situation reste complexe et propice à des tas de développements. Tout en sachant que le second volet ne tiendra plus compte de ce premier environnement, et qu’il est tout à fait libre d’être exploité par l’auteur.

La première chose flagrante est le style graphique correspondant à l’esthétique donnée aux jeux, et plus particulièrement au premier volet. Déjà très référentiel au monde des comics, ces cinématiques accentuaient les noirs et les contours. Cette série adopte une sorte de compromis entre la bande-dessinée moderne et l’esthétique du jeu. Un style aussi plaisant pour les adeptes du jeu que pour les amateurs de comics en général. On appréciera le choix de l’artiste qu’est Eric Nguyen révélant une certaine implication de l’éditeur à réaliser un travail en lequel il croit. L’artiste reste vu comme un second couteau, mais avait tout de même travaillé sur StormWatch, Sandman Theatre, et avait déjà côtoyé l’adaptation en comics de jeux vidéos avec Halo : Helljumper réalisé aux côtés de Peter David. Ceci dit, cette série a pour but de faire la promotion de son second jeu. Ce qui nous pousse à nous demander quel est réellement le public visé.

Fondations en difficultés

On ne peut que bien accueillir cette recherche d’inédit et de lien entre un jeu et sa suite par l’intermédiaire du comic-book. Le passage vers ce média est tout à fait logique et peut donner quelque chose de très bon. Or, si l’objectif est faire la promotion du second volet, cette mini-série ne ferait-elle pas mieux de présenter le scénario du premier jeu pour ensuite présenter l’élément inédit de l’histoire ? La réponse est que cette série cherche à présenter de l’inédit, ce qui est plus que louable. Cependant, on sent comme un problème de vouloir faire constamment référence au premier jeu. Les premiers épisodes sont très bons. Ils s’appuient sur des bases solides. Il s’agit presque d’une représentation rapide des scènes marquantes du jeu. Seulement, ces bases vont être les seules du récit.

S’il s’agit bel et bien d’une suite, le lecteur perd rapidement ses repères entre les multiples flash-backs, éléments réutilisés, sans parler des scènes quasi-similaires à celles du jeu alors qu’il est censé s’agir de scènes inédites. Ces redites sont difficilement justifiables sans cet argument de l’insertion de personnages du premier jeu. D’autant plus qu’avec le recul, le scénariste n’a pas du réellement avoir accès au scénario du second jeu. Tout d’abord puisque le lien entre la série et le jeu est très mal amené, mais plus encore, l’intrigue n’a que très peu de rapport, et d’impact. On pouvait bien entendu s’y attendre, mais alors que les premiers numéros nourrissent un grand espoir à travers des dessins qui réussissent à retranscrire globalement l’esprit du jeu, et un scénario qui pouvait tenir la route, c’est arrivé à mi-chemin qu’il prend brusquement le détour vers les clichés des mauvais titres de comics.

On apprécie l’approche graphique jouant parfaitement sur cet entre-deux que portait déjà le premier jeu Infamous. Seulement, l’histoire qui pouvait apporter une profondeur et expliquer une caractérisation si différente entre le Cole du premier et second Infamous ne fait qu’amener une histoire sans intérêt, remplie de clichés, et gaspiller ce large potentiel que laissait derrière lui le premier Infamous. Néanmoins, l’histoire n’est pas réellement désagréable. Elle n’apporte seulement rien, alors qu’était là son objectif à travers celui de créer un lien. Il est dommage de se dire qu’il s’agit plus d’un prolongement anecdotique sur lequel se pencher pour ses planches plutôt que pour son histoire.